Article mis à jour le 7 janvier 2023 à 07:05
Judith Manya, professeur d’histoire au lycée Arago a publié ce «Manuel atypique d’histoire» disponible aux éditions Trabucaire.
Un ouvrage dont la manière première a été fournie par Alba, Hugo, Lucille ou Thomas tous élèves en 1ère au lycée Arago entre 2020 et 2021. Les 34 élèves en section bilingue franco-espagnole sont allées à la recherche de leurs mémoires familiales ; celles de leurs grands-parents et arrières grand-parents, ceux qui avaient vécu la décennie 1936-1946.
Des fragments de vie qui rejoignent la grande histoire
Carla, Aurélien, Inès ou Victoria se sont rapidement approprié le projet. Judith Manya se souvient d’avoir récolté pléthore d’informations, carnets militaires, lettres ou photos qui lui permirent d’ouvrir de nouveaux horizons. «Je demandais des éclaircissements, aidais à la contextualisation des bribes d’histoires racontées, des faits bruts livrés, cherchais dans les archives des compléments d’informations. (…) Nous allions (…) croiser ces histoires individuelles afin d’élaborer le récit commun et j’allais par ce biais enseigner l’Histoire de cette fameuse décennie.»
«Quand, fin novembre 2020, alors que naissaient les premières lignes de ce manuel atypique, deux élèves vinrent me voir pour me dire que ce projet était «génial», qu’elles avaient appris et apprenaient tant de choses sur leurs histoires familiales, que leurs grands-parents étaient «à fond» et que, en ces temps de distanciation physique et confinement, ces recherches leur permettaient de maintenir un lien avec leurs proches, j’ai pensé que, quelque soit le devenir du projet, du manuel, du film les principaux objectifs que je m’étais fixés étaient atteints et là résidait l’essentiel.»
Comment avez-vous construit ce «Manuel atypique d’histoire» ?
«J’ai essayé d’articuler les thèmes du programme officiel et les trajectoires individuelles des arrière-grands-parents de mes élèves. Aussi, avant d’aborder les grands événements de la décennie 1936-1946, il m’est apparu nécessaire de débuter le récit par une mise au point sur la diversité du travail dans les années 1930 afin de tenter, modestement, d’appréhender le quotidien des familles avant que les guerres ne viennent bouleverser les équilibres.» (…)
En raison du nombre conséquent d’arrière-grands-parents ayant vécu la Guerre civile espagnole, l’exil, l’internement dans les camps français, Judith Manya y a consacré plusieurs chapitres.
«Au final, l’histoire de notre micro-société classe est avant tout une histoire européenne, mais l’histoire enseignée l’est également. À la différence du programme officiel, elle passe sous silence certains thèmes en tant que tels comme les totalitarismes et le génocide des Juifs et des Tziganes. En revanche, elle en complète amplement d’autres (les camps d’internement en France (…), la Guerre civile espagnole, les stalags, les camps de concentration) et en aborde de nouveaux (la Roumanie en guerre, l’évacuation des enfants d’Espagne). Surtout, elle nous a tant appris à tous.»
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