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Mort de Jean-Marie Le Pen : Retour sur sa stratégie pour amener Perpignan à l’extrême droite

Jean-Marie LE PEN et Louis Aliot. ARCHIVES : 1er Mai 2012, Le Front National (FN) celebre Jeanne d Arc a Paris. Le cortege est parti de la Place du palais Royal, puis s'est dirige vers la statue de Jeanne d'Arc, pour terminer sur les marches de l'Opera.

Article mis à jour le 8 janvier 2025 à 12:47

Le 7 janvier 2025, Jean-Marie Le Pen décède, à 96 ans. Dans les Pyrénées-Orientales, les hommages au « Menhir » étaient rares, la majorité des élus du Rassemblement national gardant le silence en se rangeant derrière la parole de Jordan Bardella, président du RN (ancien Front national). Photo : Jean-Marie Le Pen et Louis Aliot, cérémonie du 1er mai du Front National à Paris © Nicolas Messyasz / Hans Lucas.

Nicolas Lebourg, chercheur spécialiste des extrême-droites avait publié en 2020, « Perpignan, ville promise à l’extrême droite ». Il revient sur l’influence et les liens du co-fondateur du Front National avec Perpignan.

Paul Alduy a contribué à la normalisation de Jean-Marie Le Pen et du Front National 

Si en 1983, Paul Alduy, sénateur, député et maire de Perpignan durant 34 ans, n’avait pas de rival du côté du Front National créé en 1972, le scrutin européen de 1984 montre que l’électorat local est bien plus sensible aux idées de Jean-Marie Le Pen à Perpignan qu’ailleurs. Nicolas Lebourg rappelle qu’en 1984, 21,52 % des électeurs de Perpignan votent en faveur du FN, contre 10,95 % au niveau national. Un signe pour Paul Alduy qu’il faut prêter attention à ce nouveau phénomène.

« Paul décide d’adresser un signe à l’électorat frontiste perpignanais : en 1985, il reçoit Jean-Marie Le Pen dans sa mairie, et argue que lui, Kaouah* et le président du FN ont tous siégé en même temps à l’Assemblée nationale ». À cette époque, le député Alduy était un élu socialiste.

Jean-Marie Le Pen avait théorisé que Perpignan ne pouvait basculer que dans les mains d’un pied-noir

Paul Alduy, comme Jean-Marie Le Pen, avait bien analysé le poids électoral des 17 000 rapatriés d’Algérie installés à Perpignan. En 1986, Bruno Megret demande la ville, mais ne l’obtient pas, le parti préférant rester ici sur une sensibilité pied-noire, précise Nicolas Lebourg. Pour séduire cet électorat et conquérir la ville, Jean-Marie Le Pen a misé sur une figure emblématique de l’Algérie française : l’ex-capitaine Pierre Sergent, qui fut l’un des principaux chefs de l’Organisation de l’armée secrète (OAS). Il devient le premier député frontiste des Pyrénées-Orientales.

Le chercheur rappelle que Pierre Sergent combat régulièrement dans le parti les éléments antisémites du FN et épouse des positions pro-israéliennes. Dans le bulletin interne de la section roussillonnaise du FN, il expose comment, lycéen durant Vichy, il s’était cousu une étoile jaune au revers par solidarité. Il prend d’ailleurs un peu de distance avec son parti au moment des propos de Jean-Marie Le Pen sur « le point de détail ».

En 1989, Pierre Sergent se présente aux élections municipales avec pour promesse centrale : « Je me donnerai un an pour faire de Perpignan la ville la plus sûre de France ». Depuis cette date, chaque élection, Perpignan est une ville étape obligée pour le parti. Trente ans, et plusieurs élections municipales plus tard, c’est Louis Aliot qui deviendra le premier maire du parti d’extrême droite de Perpignan. Jean-Marie Le Pen se félicitera officiellement d’avoir réussi à remporter la première ville de plus de 100 000 habitants sous l’étiquette du parti dont il a longtemps été le président.

Quand Louis Aliot évoquait son parcours aux côtés de Jean-Marie Le Pen

Dans le livre intitulé « Impossible n’est pas Français », Louis Aliot revient sur sa première rencontre avec Jean-Marie Le Pen.

Le jeune Louis Aliot qui avait déjà été candidat sous la bannière FN aux élections régionales et cantonales de 1992 se remémore sa première rencontre avec Jean-Marie Le Pen. Il participe pour la première fois à une université d’été du FN. « La première fois où, venu de ma province, j’allais découvrir le FN de l’intérieur ». Un rassemblement studieux pour cadres et militants ; où le point d’orgue sera la rencontre avec Jean-Marie Le Pen, le dernier jour.

Alors que Louis Aliot se décrit lui-même comme un « élève trop dissipé » et « pas particulièrement brillant » à l’école, il finit « major » de l’exercice. Ce qui lui vaut sa première interview dans la presse nationale ; une interview réalisée par celui qui en 1997 était encore journaliste pour le Figaro, Éric Zemmour. Sa position de « major » lui vaut aussi un déjeuner à côté de Jean-Marie Le Pen. « Lui que je vais côtoyer durant près de quinze ans, m’est apparu dès le départ pour ce qu’il est vraiment : un personnage complètement atypique. Un anar de droite. Attachant et désolant ». 

En 1999, quand éclate la guerre entre Bruno Mégret (numéro 2 du FN) et Jean-Marie Le Pen, Louis Aliot déclare ne pas avoir « une once d’hésitation ». Considérant que Bruno Mégret, qualifié de « brillant polytechnicien », n’avait pas le charisme d’être numéro 1. C’est à la faveur de cette guerre fratricide que Louis Aliot devient directeur de cabinet de Jean-Marie Le Pen.

Aujourd’hui, au lendemain du décès du patriarche du FN, « le dernier grand s’éteint, la politique n’a plus la même saveur », déclarera Louis Aliot sur Ici Roussillon.

*Le Perpignanais Mourad Kaouah était sur la liste du Front national aux européennes. Il fut député de l’Algérie française entre 1958 et 1962.

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