Chaque année, 3 % des couples en Occitanie mettent un terme à leur union, selon une récente étude de l’Insee Occitanie. Ces ruptures, bien que fréquentes, s’accompagnent de conséquences économiques importantes, touchant particulièrement les femmes.
Entre diminution du niveau de vie, augmentation des risques de pauvreté et défis liés à la garde des enfants, ce phénomène révèle des disparités persistantes entre les sexes.
Un niveau de vie en chute libre après la séparation
La séparation engendre une réorganisation complète des dépenses, souvent difficile à gérer pour les deux ex-conjoints. L’étude de l’Insee met en lumière une baisse du niveau de vie médian de 13 % dès la première année suivant une séparation, soit une perte de 220 € par mois. Cependant, cette baisse n’est pas équitablement répartie : les femmes subissent une diminution de 17 % (300 € par mois), contre 7 % (120 € par mois) pour les hommes. Cette différence reflète des inégalités préexistantes au sein du couple.
En effet, avant la séparation, les femmes contribuent en moyenne à seulement 36 % des revenus du ménage, principalement en raison d’écarts salariaux persistants et d’un temps de travail souvent réduit pour prendre en charge les tâches domestiques ou familiales.
De plus, les femmes qui obtiennent la garde des enfants voient leurs charges financières augmenter de manière significative. Malgré les mécanismes redistributifs comme les prestations sociales et les pensions alimentaires, ces aides demeurent insuffisantes pour compenser la perte de revenus. La situation est encore plus critique pour les mères isolées, dont le niveau de vie baisse en moyenne de 21 % après une séparation.
Des taux de pauvreté alarmants pour les femmes séparées avec enfants
La séparation conjugale agit comme un déclencheur d’une précarité accrue. Avant la rupture, 13 % des individus étaient déjà considérés comme pauvres, un chiffre qui grimpe à 22 % l’année de la séparation. Cependant, ce sont les femmes qui en pâtissent le plus : 26 % d’entre elles vivent sous le seuil de pauvreté après la rupture, contre 18 % des hommes. Cette tendance s’explique par plusieurs facteurs, notamment leur niveau de vie déjà plus bas avant la séparation et une prise en charge plus fréquente des enfants.
Les mères, particulièrement celles issues de ménages modestes, sont surreprésentées parmi les personnes touchées par la pauvreté. Leur situation économique les contraint souvent à des choix difficiles, comme réduire leurs dépenses de base ou recourir à des dispositifs d’aide alimentaire. Malgré les allocations familiales et d’autres aides, ces soutiens restent insuffisants face à l’ampleur des besoins. Par ailleurs, les pensions alimentaires, lorsqu’elles sont versées, ne représentent qu’une part modeste des ressources des femmes avec enfants, ce qui contribue à maintenir des disparités importantes entre les sexes.
Retour à l’emploi : un défi majeur pour les femmes modestes
Face à la chute de leurs revenus, nombreuses sont les femmes qui tentent de se réinsérer sur le marché du travail après une séparation. Néanmoins, pour celles issues des ménages les plus modestes, ces démarches s’avèrent particulièrement ardues. Avant la séparation, près de 29 % de ces femmes n’avaient aucun revenu d’activité, contre 12 % pour celles des ménages plus aisés. Cette différence reflète des inégalités structurelles qui perdurent bien après la rupture.
Le retour à l’emploi, lorsqu’il est possible, s’effectue souvent dans des conditions précaires : temps partiels, contrats à durée déterminée ou emplois faiblement rémunérés. Deux ans après la séparation, bien que leurs revenus d’activité aient augmenté de 610 à 710 € en moyenne, ces montants restent très en deçà du seuil de pauvreté. De plus, la garde des enfants constitue un obstacle majeur. Le coût des crèches et des assistantes maternelles, combiné à des horaires de travail souvent incompatibles avec les besoins familiaux, freine les perspectives professionnelles des mères célibataires.
Logement : une perte de stabilité pour les femmes
La question du logement se pose rapidement après une séparation, bouleversant souvent la vie des femmes et de leurs enfants. L’étude révèle qu’une majorité des personnes séparées déménagent dans l’année qui suit, avec un taux plus élevé pour les femmes (54 %) que pour les hommes (48 %). Cette instabilité est souvent liée à des difficultés financières. L’étude note, par exemple, que la part des femmes propriétaires de leur logement chute de 16 points, contre 8 points pour les hommes.
Cette perte de propriété conduit de nombreuses femmes à se tourner vers le parc locatif privé, qui représente une charge financière significative. Par ailleurs, le logement social joue un rôle essentiel d’amortisseur économique. Deux ans après la séparation, 13 % des femmes vivent dans un logement social, contre seulement 7 % des hommes. Cependant, les délais d’accès à ces logements peuvent aggraver temporairement les conditions de vie des mères isolées et de leurs enfants.
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