Article mis à jour le 28 août 2022 à 17:52
Lors du conseil communautaire du 17 décembre, Robert Vila*, Président de Perpignan-Méditerranée-Métropole avait lancé une pétition à l’encontre du quotidien des Pyrénées-Orientales. La raison officielle ? « L’Indépendant plébiscite les consommateurs à aller consommer en Andorre » ; en cause, une publicité pleine plage pour la Principauté Andorrane.
Après le succès très relatif de cette pétition (171 votants) qui invite L’Indépendant « à respecter tous les acteurs économiques de ce territoire », Robert Vila se félicite que le journal ne diffuse plus les publicités andorranes.
♦ Un contre-feu politique lié à la vente d’un terrain destiné à l’installation d’Amazon ?
En tout état de cause, l’annonce de cette pétition et l’emportement du président Vila font suite à l’échange tendu entre certains élus en début de Conseil Communautaire. Une polémique à propos de l’article paru dans ce même journal qui a soulevé des interrogations parmi les acteurs économiques locaux.
Suite de la pétition lancée par le président de PMM, le billet du directeur de L’Indépendant, Alain Baute, laisse sous-entendre des relations complexes entre les deux protagonistes. Le directeur met également en lumière le lien entre les deux faits : l’article au sujet de l’arrivée présumée d’Amazon et la pétition.
« Le caillou Amazon est-il douloureux dans la chaussure du président ? Ou a-t-il eu en tête de déplacer le front de l’info ? ». Le directeur du journal l’Indépendant goûte assez peu l’initiative. « En lançant cette pétition contre notre journal accusé « de plébisciter le commerce Andorran », [Robert Vila] manie dangereusement la diffamation »« .
♦ Quand les acteurs et élus locaux mesurent qui aura la plus grande … réclame dans L’Indépendant
Le journal L’Indépendant semble au centre de toutes les attentions en ces temps de crise sanitaire et économique. Entre promotions des producteurs locaux, publicités des grandes surfaces des Pyrénées-Orientales, espagnoles ou andorranes, les élus du département ont sorti le double décimètre.
Les pages publicitaires du journal des Catalans sont mesurées et jaugées. Tailles des encarts, photos d’élus en bonne place ; le développement économique du territoire se mesure désormais à l’ego. Une communication à outrance qui affiche pleine page l’évidente fragilité de la majorité obtenue par Robert Vila ; ainsi que les dissensions au sein du Conseil Communautaire.
♦ L’art barcarésien de manier le « publi-rédactionnel »
Outre les publicités affichées comme telles, le quotidien pullule de pleines pages de contenu pudiquement appelé « publi-rédactionnel** ». Une annonce de presse qui emprunte tous les codes d’un article journalistique ; sans en avoir la déontologie.
Dans le même numéro que la publicité incriminée par Jean Vila, figuraient 2 « publi-rédactionnels » ; l’un faisant la promotion du journal de Noël du Barcarès, et l’autre celle des produits locaux via l’agence de développement économique. À la tête de ces deux institutions, Alain Ferrand*, Maire du Barcarès et 1er vice-président de la Métropole ; à défaut d’avoir pu en être le président. (Relire notre article sur le vote de PMM).
Autre signe des velléités d’Alain Ferrand, le magnifique supplément publi-rédactionnel de 16 pages de l’édition du 23 décembre. Ce supplément s’ouvre par une photo « quart de page » du Premier vice-président de la communauté urbaine sous son plus beau profil ; quand Robert Vila, pourtant président de l’institution, est relégué à la page 9. Cette page s’intitule ironiquement « Le mot des 36 maires de la Communauté Urbaine » ; signe du désir affiché qu’il redevienne « simple » maire de Saint-Estève ?
♦ Tentative de pression sur la presse ?
Ce n’est pas un fait nouveau, les acteurs économiques et politiques tentent d’exercer des pressions financières sur la presse locale. Et la loi est particulièrement claire sur le sujet ; les journaux doivent avoir des entités différentes : vendeurs d’encarts publicitaires, actionnaires du journal et rédacteurs de l’information. La paupérisation du secteur et les difficultés des journaux à s’adapter à l’arrivée du web et des nouveaux acteurs ne fait qu’accentuer les tentatives de pression.
Quelque soit l’époque et la manière, ces tentatives de faire pression sur la plume d’un journaliste sont de très mauvais aloi.
*Ni Mr Vila, ni Mr Ferrand n’ont répondu à nos sollicitations téléphoniques.
**Annonce presse conçue comme un article de journaliste. Le publi–rédactionnel peut simplement emprunter les codes formels du journalisme ou proposer un véritable contenu éditorial, sur la culture de la consommation par exemple.
// À lire sur ce sujet :
- Pyrénées-Orientales | Amazon avec un A comme Antéchrist ?
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