Article mis à jour le 1 décembre 2023 à 10:32
Le 17 décembre prochain, l’Archipel Perpignan accueille André Manoukian. Derrière le pygmalion et l’artiste de talent se cache un petit-fils marqué par l’histoire familiale et particulièrement celle de sa grand-mère Anouch. Photo d’André Manoukian © Antoine Jaussaud.
«La soirée sera solaire (…), on va avoir des frissons, c’est certain, des larmes aux yeux, mais surtout plein de sourires aux lèvres». Jackie Surjus, directrice du théâtre de l’Archipel, nous révèle pourquoi il faut se laisser tenter par le conte musical d’André Manoukian trio et Balkanes.
Mais qui se cache derrière l’œil qui frise et le sourire enjôleur d’André Manoukian ?
Selon Jackie Surjus, ce spectacle où l’artiste monte sur scène avec deux musiciens et quatre chanteuses est celui qui révèle le plus l’homme derrière le compositeur de talent. «Qui se cache derrière ce personnage attachant, à l’humour si particulier et à l’oreille musicale exceptionnelle ? Je pense que dans cette tournée nous allons vivre de grands moments de vérité. André Manoukian a grandi avec sa grand-mère survivante du génocide arménien. L’envie de raconter l’histoire d’Anouch dit beaucoup de lui-même. Les musiques orientales, arméniennes, les sonorités bulgares, indiennes et le jazz racontent cet homme au passé familial grave. Cette grand-mère qui échappe à de terribles souffrances. Je connais un peu la musique et le travail d’André Manoukian, et je crois que ce projet est une réelle mise à nu.»
Sur France Info, André Manoukian confiait : «C’est le boulot de la musique de rassembler […] Je ne prétends à rien si ce n’est jouer avec ce que m’ont laissé mes grands-parents, vu qu’ils ne m’ont laissé que ça, étant partis de là-bas sans rien.» En 1915, Anouch a parcouru à pied 1000 kms d’Amasya à Deir es-Zor. Si elle a survécu au génocide arménien, c’est parce qu’elle avait une «grande gueule» et qu’elle a su émouvoir le commandant turc du convoi qui la déportait.
Ces récits de migrations transmettent-ils un sentiment de tristesse ?
«Bien au contraire, je pense que nous allons être très heureux après ce concert. Durant le spectacle nous allons chalouper au son des musiques du monde, et je prédis que tout le monde va sortir de la salle avec un sourire lumineux sur son visage. Les chanteuses bulgares, et grecque nous racontent des voyages, des migrations, cela peut donner un concert très particulier, mais pas triste du tout !
Par contre on va avoir des frissons, c’est certain, des larmes aux yeux, mais surtout plein de sourires aux lèvres.
Ces personnes qui survivent parviennent – comme c’est le cas avec Anouch – à se reconstruire pour l’avenir, pour leurs enfants, leurs petits-enfants. Malgré l’histoire d’Anouch, André Manoukian raconte la beauté de la vie. Nous venons tous de quelques part, la question est de savoir ce que nous faisons du levant de nos ancêtres ? Et bien quand on a la chance d’avoir du talent, on en fait un projet artistique dans une volonté de partage. C’est le cas avec ce spectacle.»
Synopsis du concert à Perpignan d’André Manoukian trio et Balkanes
Lorsqu’on trébuche, pour se rattraper, on fait des petits pas. L’accident crée la danse. Les rythmes impairs « Alaturka », les notes frottées, les timbres d’Orient, les maqams dans un chatoiement festif de polyphonies bulgares, de chamane latine, de tablas indiens, de polyrythmies flamencos sur lesquels planent un duduk arménien, un sax lyrique et un violoncelle rêveur nous emmènent vers la seule folie qui vaille, entre la transe et la tranquillité.
Depuis 10 ans, fidèle à la même équipe de musiciens, André Manoukian se réoriente sur une carte du tendre vers l’Arménie de ses ancêtres. Anouch a inspiré la chanson qui donne son titre à l’album. C’est une marche. Et ça tombe bien, Anouch était une randonneuse. Anouch était sa grand-mère. En 1915, elle a parcouru à pied 1000 km d’Amasya à Deir es-Zor. Si elle a survécu, c’est qu’elle avait une grande gueule et qu’elle a su émouvoir le commandant turc du convoi qui la déportait. Anouch, en arménien, ça veut dire doux, sucré. Ça tombe bien, la musique c’est du sacré et … du sucré.
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