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Perpignan | Des élèves se muent en journalistes radio au collège Albert Camus

Illustration microphone classe college

Article mis à jour le 18 mai 2023 à 13:43

Cette semaine, l’équipe de Mediaclic est au collège Albert Camus dans le cadre du projet Bonnes Ondes avec la Cité éducative. Le principe ? Partir des thèmes abordés dans la pièce – comme le harcèlement scolaire ou les préjugés hommes/femmes – pour aider les élèves à concevoir et réaliser une émission de radio. Un premier enregistrement a eu lieu vendredi 24 mars avec des élèves de cinquième.

Ce sont en tout six classes, à Albert Camus et Jean-Moulin, qui vont bénéficier de ces ateliers radio. Élèves et familles pourront découvrir le résultat de ces enregistrements en direct à la Casa musicale au cours de deux journées spéciales prévues en mai prochain.

Tout est en place. La table de mixage allumée, les micros branchés.

Nous attendons que la récré sonne. Le calme avant la tempête. L’enregistrement viendra clore six heures d’intervention auprès de cette classe de 5ème du collège Albert Camus de Perpignan. Les élèves de cette classe ont voulu parler des inégalités hommes-femmes dans le sport et des stéréotypes de genre – notamment vestimentaires – avec le harcèlement qui peut en découler.

La conférence de rédaction, réunion durant laquelle les journalistes décident quels sujets d’actualité seront traités dans l’édition du jour, a fait émerger cinq groupes. Deux interviews à préparer, un micro-trottoir (poser des questions à des personnes dans la rue et enregistrer leur réponse pour avoir leur opinion sur un thème) et deux chroniques : l’une sur les inégalités de revenus des sportifs et sportives de haut niveau et l’autre un peu plus libre sur les préjugés quant au style vestimentaire, sous forme de saynète.

Dans cette classe où filles et garçons semblent peu se mélanger, les idées reçues ont fusé lors de notre première rencontre. « Les filles n’ont pas le même niveau que les garçons au foot », « elles n’ont pas les mêmes capacités physiques », « elles sont moins fortes »… Avec Barbara, nous en avons entendu des vertes et des pas fraîches. Mais nous avons accompagné le mouvement, l’important n’étant pas ici d’imposer une vérité, mais d’amener les élèves à se rendre compte d’eux-mêmes de leurs préjugés.

Le travail de fond a commencé lors de la deuxième séquence, par petits groupes.

Déjà, on les sentait moins méfiants à noter égard, plus intéressés aussi. C’est un peu la magie des micros et des enregistreurs ; ils s’en saisissent, se l’approprient, ils racontent d’abord des blagues pour faire rire les copains autour, puis le propos devient de plus en plus sérieux. Il faut leur laisser le temps, et pouvoir les guider vers ce potentiel que beaucoup ignorent avoir. Et puis, ce qui est bien en radio, c’est qu’il y a de la place pour tout le monde. Pour les timides, ou ceux qui n’aiment simplement pas parler, il y a la technique, le casque à poser sur ses oreilles, le micro à maîtriser et à régler, les sons à écouter, la table de mixage à découvrir.

Ce qui est dur quand on arrive six heures dans une classe, c’est de se familiariser le plus vite possible avec l’écosystème dans lequel on pénètre. Il y a les bandes déjà constituées, les ennemis d’un jour, les attentistes, les blagueurs, les agités, les passionnés. Ceux qui sont tétanisés par le regard des autres, ceux qui ne demandent qu’à pratiquer mais sans que les copains s’en rendent compte trop vite, ceux qui comprennent tout rapidement mais se pensent nuls.

Ne pas faire de faux pas dans cette ambiance est parfois difficile quand on vient leur faire découvrir un média pour lequel ils doivent un peu s’ouvrir, déverrouiller en eux les portes qu’ils s’appliquent d’habitude à fermer à double tour dans leur quotidien pas toujours simple d’adolescent. On s’y attelle progressivement, mais parfois le temps manque. J’admire les enseignants pour ça.

En l’occurrence cette classe s’est révélée lors de l’enregistrement final.

L’équipe du micro-trottoir est arrivée à l’heure avec les questions prêtes, impatiente de récupérer le matériel pour aller questionner leurs camarades dans la cour. Puis les élèves en ont redemandé, elles voulaient sortir dans la rue interroger les passants, aller au lycée voisin, bref, rencontrer l’autre, l’enregistrer…faire de la radio. Je les ai un peu suivies, admirant leur façon d’interroger les gens, de savoir ce qu’elles veulent, d’être à fond.

Le principal s’est prêté au jeu des questions sur le sport, lui qui a fait de la boxe par le passé, et les comédiennes de la pièce étaient aussi présentes pour partager leur vécu et parler de leurs personnages. Les garçons qui avaient travaillé sur la chronique ont surmonté leur trac pour aller parler au micro devant tout le monde, et les filles de la saynète se sont entraidées pour calmer le stress d’une d’entre elles.

Tout ça sous le regard de la caméra d’une équipe de France 3 Pays Catalan, présente ce jour-là pour réaliser un reportage dans le cadre de la Semaine de la presse à l’école. La séance s’est terminée par une belle salve d’applaudissements.

Nous leur avons donné rendez-vous à la Casa Musicale en mai prochain pour une grande restitution en présence de leurs familles. Nous animerons une émission de radio en direct durant laquelle nous écouterons tout ce qui aura été enregistré pendant cette journée. En tout, c’est avec plus de six classes que nous aurons travaillé sur ce projet.
Quant aux préjugés et stéréotypes de genre… certains restent tenaces, d’autres se dissipent progressivement. Le travail ne fait que commencer.

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Alice Fabre