fbpx
Aller au contenu

«Bonnes Ondes», un spectacle qui aborde de front le sujet du harcèlement scolaire

Spectacle Bonnes Ondes par Compagnie Alma

Article mis à jour le 21 février 2023 à 07:15

La Compagnie Alma a déjà joué sa pièce de théâtre devant plus de 1000 élèves de la Cité éducative de Perpignan (les collèges Jean Moulin, Albert Camus et La Garrigole, mais aussi quelques écoles primaires). Bonnes Ondes aborde l’entrée dans l’adolescence à travers le harcèlement scolaire, mais aussi de l’amitié. Reportage lors d’une représentation soutenue à la Casa Musicale .

Sur le plateau, trois comédiennes aux allures d’adolescentes.

Pour l’un des personnages, Chris, l’entrée en sixième est douloureuse. Le garçon se fait harceler par Jade et ses copines, dont la présence invisible pèse tout le long de la pièce. De Jade, on entend juste la voix, qui anime avec une gentillesse un peu trop hypocrite la webradio du collège Pierre Curie. Chris trouve du soutien auprès de sa copine Ludi, élève modèle aux airs d’Hermione Granger le jour, youtubeuse à succès le soir venue dans l’intimité de sa chambre, et Mona, nouvelle arrivée qui a du mal à trouver sa place. Ensemble, elles vont tenter d’arrêter les méfaits de Jade et sa bande.

Pour la comédienne Cécile Guérin, interprète de Ludi : « Le projet est né d’une envie de travailler avec des publics de jeune. On voulait parler de ce passage pas évident entre la primaire et le collège, et puis du corps qui grandit et aussi les rapports entre les enfants qui se complexifient parfois… Est arrivée cette notion de harcèlement qu’on avait envie d’évoquer. Parfois, on ne sait pas comment se positionner, donc on avait envie de prendre à bras-le-corps ce sujet ».

Bonnes Ondes traite donc du sujet oh combien primordial, et actuel, du harcèlement scolaire mais pas que.

Y sont abordés aussi des thèmes qu’on a peu l’habitude de voir dans une pièce jeune public : les règles, la puberté, mais aussi l’amitié fille-garçon et le faux-semblant des réseaux sociaux.

Cécile, dont le personnage est aussi une youtubeuse engagée contre les stéréotypes, poursuit : « On se questionnait sur la place d’internet et des réseaux sociaux dans notre vie aujourd’hui, et de comment ça peut être utilisé. C’est un peu ça dans le spectacle : à la fois c’est un instrument d’humiliation pour le personnage principal, mais ça peut aussi être un élément d’émancipation. On avait envie de montrer ces deux aspects et de questionner les jeunes : comment avez-vous envie d’utiliser ces réseaux ? »

Pour concevoir ce spectacle, écrit par Auriane Abecassis, Claire Olivier et Cécile Guérin ont passé du temps au collège d’Arles-sur-Tech. Les voix de Jade et d’autres enfants de la webradio ont d’ailleurs été enregistrées par des élèves, au cours de la résidence de création. « On était en immersion complète, regarder tous ces collégiens, comment ils se comportent, comment ils marchent, ça nous a permis de plonger au cœur de leurs émotions, de nous les approprier », explique la comédienne Claire Olivier.


Le jour de ce reportage à la Casa musicale, ce sont des élèves de sixième qui ont assisté à la pièce.

Les applaudissements sont nourris. Les comédiennes s’installent tout de suite sur scène pour engager la discussion avec le public. Les premières questions portent surtout sur les décors et les astuces de théâtre. Puis, petit à petit, viennent les interrogations sur le fond et les thèmes abordés. Adeline joue le rôle de Chris, le garçon harcelé, et selon elle ces bords de scène ont un impact sur les adolescents.

« On sent que ça questionne, qu’il y a un moment où les langues se délient, où ça connecte à leur réalité et là on se dit qu’il y a du juste dans ce qu’on propose. Ça les rejoint, ça les dérange, ça les met en colère parfois, ça les amuse aussi mais ça ne les laisse pas indifférent ».

Lors des débats, Adeline informe sur les deux numéros nationaux : le 3018 pour le cyberharcèlement, et le 3020 pour le harcèlement scolaire.

Le spectacle tourne depuis deux ans, et les actrices sentent déjà une évolution des mentalités chez certains publics de jeunes, notamment sur la question du genre.

En effet, Chris, le garçon harcelé de la pièce, ne coche pas les cases du stéréotype masculin de l’ado de sixième. Il a les cheveux longs, traîne avec des filles, et en connaît un rayon sur les règles, sans jamais trouver ça « sale ». Une façon pour les comédiennes de déconstruire les préjugés de la virilité. Depuis les toutes premières représentations, elles sentent déjà quelques avancées sur la question: « On a beaucoup de questions sur le genre. Mais aussi des jeunes qui nous demandent pourquoi Chris se fait embêter parce qu’il a les cheveux longs. Ils ne voient pas le problème ».

Claire et Cécile appuient sur l’importance du féminisme dans les choix artistiques de la compagnie Alma. À travers ces spectacles joués dans le cadre scolaire, elles espèrent montrer ainsi une autre facette du métier de comédien, plus engagée et politique.

Pour les élèves, l’expérience va même plus loin puisque huit classes réparties sur les trois collèges de la Cité éducative suivront des ateliers radio avec l’association Mediaclic (co-fondée par la personne qui écrit ces lignes). Une façon de les faire réfléchir et parler sur les thèmes du spectacle, tout en les formant à la méthode journalistique. Plusieurs moments de restitutions seront organisés en mai prochain, sous la forme d’émissions de radio enregistrées en direct, à destination aussi des familles.

Participez au choix des thèmes sur Made In Perpignan

Envie de lire d'autres articles de ce genre ?

Comme vous avez apprécié cet article ...

Partagez le avec vos connaissances

Alice Fabre