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Déjà portées à nouveau aimées, la seconde vie des robes de mariée

Article mis à jour le 2 août 2024 à 22:06

L’industrie du textile est l’une des plus polluantes au monde et le mariage n’échappe pas à cette réalité. Petits prix, conscience écologique ou effet de mode, comment la seconde main s’est invitée à cette cérémonie ? À Perpignan, rencontre avec trois femmes qui façonnent le marché local. Photo © Cate Bligh / Unsplash

Souvent dépeint comme le plus beau jour de sa vie, le mariage est une célébration riche en symboles. La robe de mariée, pièce maîtresse de cette journée inoubliable, incarne à elle seule rêves et promesses. Pourtant, à l’heure où la conscience écologique influence de plus en plus nos choix de consommation, l’idée de porter une robe de mariée d’occasion semble séduire certaines.

En quelques clics sur Vinted, des centaines de robes de mariée sont proposées à la vente. Pour les plus petits budgets, la précieuse se fait aussi solidaire via des acteurs caritatifs tels qu’Emmaüs ou la Croix-Rouge. Tendance lourde ou éphémère, que pensent les acteurs du mariage dans les Pyrénées-Orientales ?

Des robes de mariée comme premier amour

En explorant le site internet, Le Miroir de la Mariée, les visiteurs peuvent faire une découverte inattendue : « Le dépôt-vente / déposer sa robe ». Derrière cette entreprise, Laure Morel et son pari audacieux, celui de la seconde main. Après une période difficile dans sa vie professionnelle, sa carrière prend une tout autre tournure. « J’étais au bord du burn-out, j’ai pris du recul et réfléchi à ce que je voulais vraiment. Comme si je n’avais jamais oublié mon premier amour, je me suis lancée dans les robes de mariée. »

Discussion, études et enthousiasme, l’ont finalement poussé à ouvrir son salon près de Perpignan. Sélective, l’entrepreneuse ne choisit que des robes de créateurs et de qualité. Laure décide de proposer deux offres. Les robes neuves « comme dans n’importe quelle boutique », mais également un système de dépôt-vente.

« Je propose aux mariées de pouvoir vendre leur robe et de pouvoir se créer de nouveaux projets avec le fruit de la vente d’un vêtement qui n’est mis qu’une seule journée ou parfois même que quelques heures. C’est à la fois écologique, économique et selon ce qu’on prend comme robe, c’est souvent un gros gain de place. » Le concept est lancé à Perpignan. Il repose sur la revente de robes de mariée déjà portées ou jamais utilisées, souvent à des prix réduits.

D’où viennent ces robes de mariée réutilisées ?

Les chiffres parlent d’eux-mêmes. 40 % des contrats de Laure concernent la seconde main et la location. N’en déplaise aux sceptiques, pour Laure ce modèle dans l’industrie nuptiale marche.

Les robes de mariée réutilisées ont des histoires aussi variées que celles qui les choisissent. Certaines robes proviennent d’événements imprévus, comme l’annulation d’un mariage ou des changements de plan en raison du COVID-19, qui ont entraîné des reports et des révisions de projets. Parfois, les goûts évoluent et la mariée ne souhaite plus porter la robe initialement choisie. Il arrive aussi que des robes, bien que considérées comme d’occasion, n’aient jamais été portées. Dans ces cas-là, elles sont véritablement neuves, mais vendues avec une légère nuance puisque techniquement, elles ont appartenu à quelqu’un d’autre.

À Perpignan, une boutique dédiée au neuf face à la montée de l’occasion

Non loin de la place Arago, Virginie nous accueille dans sa boutique colorée, Le Temps des Noces, où le neuf règne en maître. Pourtant, la conseillère ne cache pas son admiration pour le courage de Laure à s’être lancée dans la seconde main. « C’est difficile de trouver la robe parfaite d’occasion. En fait, aujourd’hui, que veulent les gens ? Ils veulent le prix, quelque chose de sur-mesure mais il y a toujours quelque chose qui ne va pas. C’est pour ça que moi j’ai choisi de ne pas le faire », explique Virginie.

Pour la conseillère, le “Made in France” est non négociable même si elle admet sans détour que « dans ce modèle, il est difficile de dégager une marge et d’en vivre aisément. » Passer à la seconde main pourrait encore la réduire. « L’idée est bonne, mais je ne sais pas si c’est viable. Moi, je pense que c’est plus haut, au niveau de la Chambre des Commerces et même politique, je pense qu’il faut peut-être qu’ils développent ce côté-là. » Mais que signifie l’essor de la seconde main pour l’avenir des créateurs ?

Quid des créateurs ? « Il en faut pour tous les goûts »

Si Sara n’est pas en déplacement professionnel, elle s’affaire dans son atelier basé à Perpignan. À la tête de Suzanne Ceremony, la créatrice est spécialisée dans la confection d’accessoires de mariage. Face à l’essor du marché de la seconde main, elle ne se sent pas menacée. Bien au contraire : « Il en faut pour tous les goûts », affirme-t-elle. Si l’occasion n’est pas son fort, Sara excelle dans l’« upcycling ».  Ce concept consiste à réutiliser des matériaux pour créer de nouvelles pièces. Récupérant des chutes de tissus provenant de robes de mariée, elle transforme ces restes en de vrais accessoires. Un processus économique, mais aussi écologique, qui minimise le gaspillage.

Questionnée sur l’avenir des mariages, Sara se montre enthousiaste. « Même en période de crise économique, les gens continuent de se marier. Cela les aide à se concentrer sur la famille et les événements rassurants. » Une chose est sûre, elle constate aussi une ouverture d’esprit grandissante chez les mariées d’aujourd’hui, qui n’hésitent pas à faire des choix audacieux. Robes de mariée rouges éclatantes, ou des ensembles avec des accessoires léopard, la diversification ne fait plus peur. Comme quoi, tradition et innovation peuvent, elles aussi, se dire « oui ! »

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Alix Wilkie