fbpx
Aller au contenu

Au soleil de la place République, lieu d’influence et d’enjeux locaux

Au soleil de la place République, lieu d'influence et d'enjeux locaux

Au cœur de Perpignan, la place de la République est une esplanade baignée par le soleil catalan. L’endroit, d’apparence paisible, a pourtant beaucoup évolué au fil des années et concentré nombre d’enjeux locaux comme nationaux. Photo ci-dessus prise en janvier 2020 depuis le Théâtre municipal.

Une place soumise aux bouleversements de l’Histoire de France

À l’inverse de la Loge, la place de la République prend ses racines dans la période contemporaine et est dépositaire de l’héritage français de la ville. Cet apanage transparaît dans l’âpre combat symbolique qu’a représenté la dénomination de ce lieu.

La place a eu divers noms correspondant à autant d’époques historiques. Baptisée place Napoléon sous le règne de l’Empereur, elle sera ensuite nommée place Royale en 1816 après la Restauration monarchique. En 1830, avec l’avènement de la Ière République, l’esplanade s’appelle place de la Liberté.

Preuve que « l’Histoire se répète », selon la formule consacrée par Karl Marx, en 1832, deux ans après le début de la Monarchie de Juillet elle est rebaptisée Place Royale. Puis place de la Liberté de nouveau en 1848 sous la IIe République. Fatalement, la boucle sera bouclée en 1852, après le coup d’État de Louis Napoléon Bonaparte et un retour à sa dénomination originelle. En 1870, la IIIe République rompt avec la tradition en optant pour le nom que nous connaissons à ce jour.

Du couvent au parking, un lieu au centre des enjeux politiques et urbanistiques de la ville

Si elle a maintes fois changé de nom, la place de la République a également maintes fois changé d’apparence. Sur son emplacement actuel se trouvait autrefois le collège et l’église des Jésuites, consacrée à Saint-Laurent en 1682 ainsi qu’une série de bâtiments attenants dont ils avaient fait l’acquisition. En 1763, le bannissement de la Compagnie de Jésus du Royaume de France, dans un contexte de rivalité avec l’ordre janséniste, marquera la fin de leur présence sur les lieux. L’église, ainsi que la plupart de leurs bâtiments sont détruits.

Très vite, la place, née de l’espace laissé vaquant a été investie par des marchés, notamment celui de fruits et légumes. Ainsi, en 1860 on y construit un grand marché couvert métallique de style Baltard, complété par une halle en 1888. Mais cette structure fut détruite en 1974, au profit d’un « marché parking » de 500 places censé correspondre davantage aux besoins de la ville. La coquetterie des arêtes métalliques laissant place à un pragmatique et gigantesque édifice de béton. « Les Perpignanais appelaient ça la verrue, ça cachait le soleil à tout le monde puis ça valait rien du tout » se remémore un sexagénaire habitué des lieux.

Un relooking maladroit dans la forme comme dans le fond. Effectivement, le développement des centres commerciaux dans des zones périphériques rendra très vite l’édifice obsolète. Une trentaine d’années plus tard, les Perpignanais assistent donc une nouvelle fois à la démolition de leur marché.

La place aujourd’hui : entre satisfaction, ambition et nouveaux enjeux

Le parking désormais souterrain donne aujourd’hui au lieu un air de « plaça major » tel que souhaité par le maire de l’époque Jean-Paul Alduy. Son ensoleillement en fait un endroit où il fait bon s’attarder à la terrasse d’un café. Abril, 24 ans et étudiante à Barcelone est installée à l’ombre de l’établissement. Elle venait régulièrement « place Rép’ » lorsqu’elle habitait encore la région : « J’y venais souvent en sortant du lycée pour discuter, être ensemble… Il me semble que c’était le cas de beaucoup de jeunes, comme c’était l’endroit pour se retrouver… ».

La question de la fréquentation n’est pas véritablement une problématique pour le gérant d’un café de la place. « Il y aura toujours du monde sur cette place, la seule chose qui manque c’est un vrai marché » déclare-t-il. Le site de la mairie fait pourtant état d’un marché quotidien sur la place. Or, en semaine ce ne sont que deux maraîchers qui tentent d’alpaguer les quelques clients nous révèle notre interlocuteur. Seul le marché bio du samedi ramène davantage d’étals. « Il faudrait que le marché soit plus important, tout le monde y trouverait son compte » rapporte notre client sexagénaire.

Au-delà du marché l’aspect épuré de la place ne satisfait pas tout le monde. De fait, Alexandre Bolo, candidat aux dernières municipales proposait de réinstaller des halles. Louis Aliot y destinait quant à lui les quatre arbres métalliques disposés ça et là dans la ville. Le poids des structures pouvant s’avérer dangereux, l’élu y avait finalement renoncé.

Ces dernières années c’est surtout le théâtre qui a concentré l’attention politique et médiatique. L’annonce de sa rénovation et de sa reconversion partielle en amphithéâtre pour la faculté de droit avait fait grand bruit. Il faut dire que l’édifice, quasiment aussi vieux que la place, représente un véritable bijou à l’italienne. Pour les amoureux de patrimoine comme de musique, il accueillera dès ce vendredi 30 juin une série d’artistes parmi lesquels Octavi Rumbau, professeur au Conservatori Superior de Música del Liceu de Barcelona. L’entrée est libre et l’évènement débute à 19h.

 

Participez au choix des thèmes sur Made In Perpignan

Envie de lire d'autres articles de ce genre ?

Comme vous avez apprécié cet article ...

Partagez le avec vos connaissances