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Perpignan | Le retour du soudaqui, la monnaie locale des Pyrénées-Orientales

Perpignan | Le retour du soudaqui, la monnaie locale des Pyrénées-Orientales

Article mis à jour le 5 mai 2024 à 08:58

Mis en sommeil, le soudaqui renaît. Une nouvelle équipe s’attelle depuis peu à développer cette monnaie locale complémentaire à l’euro avec le souhait de créer un large réseau de commerçants-utilisateurs sur tout le département des Pyrénées-Orientales. Deux comptoirs de change existent déjà à Perpignan. Et dans le contexte actuel de crise économique et sociale, certains sont attirés par ces coupons colorés qui redonnent du sens à l’usage de la monnaie.

Le soudaqui, une monnaie pour compléter l’euro

Alain a le discours bien rodé, à la fois pédagogique et éclairant, sur la raison d’être d’une monnaie locale. Il faut dire que ce bénévole de la première heure a vu les premiers soudaquis s’échanger à Prades il y a près de sept ans. Il se souvient de l’enthousiasme vif que cette nouvelle monnaie locale a provoqué à l’époque, avant de retomber un peu brutalement. Puis le covid est passé par là, et la pandémie a eu raison de l’engagement de l’équipe initiale. Mais, depuis l’année dernière, de nouvelles personnes redonnent de l’énergie, et le soudaqui reprend peu à peu vie. Jusqu’au point de débarquer à Perpignan.

Alors quand nous avons poussé la porte de la première réunion d’information organisée en ville, nous avons eu droit à un vrai cours d’économie simplifié sur la monnaie. Petite mise en contexte : le soudaqui est donc une monnaie locale comme il en existe plus de 80 en France. Des devises qui circulent librement, sur un territoire bien défini (ici les Pyrénées-Orientales). Il est indexé sur l’euro (1€ = 1 soudaqui), ce qui évite aux prestataires qui l’utilisent (les commerçants, ou ceux qui rendent des services) de tenir une double comptabilité. Le soudaqui n’a pas pour vocation de remplacer l’euro mais bien de le compléter.

Petit cours d'économie simplifié par Alain à Raynald nouvel utilisateur du soudaqui. Photo © Alice Fabre
Petit cours d’économie simplifié par Alain à Raynald nouvel utilisateur du soudaqui. Photo © Alice Fabre

« Ce n’est pas comme si on jouait au Monopoly avec nos coupons »

Voilà pour la base. Mais le projet est bien plus global : « Ce n’est pas comme si on jouait au Monopoly avec nos coupons, les prestataires et les utilisateurs doivent s’engager à promouvoir la monnaie locale ».
Et puis le marqueur du soudaqui, c’est la mise en valeur du bio et des réseaux qui vont avec. Il faut donc respecter certaines conditions pour pouvoir être admis comme prestataires. L’idée est de créer une chaîne vertueuse de fournisseurs – commerçants que l’utilisateur pourrait soutenir en payant ses achats avec la monnaie catalane.

Conséquence pour Alain : « Ça booste l’économie locale ». En effet, quand les échanges sont fluides, une monnaie locale circule davantage que l’euro. Pourquoi ? Car elle ne passe pas par la case « banque ». En effet, chaque soudaqui dépensé reste dans le circuit, il ne peut pas entre-temps être placé sur un compte bancaire. « Le prestataire peut aussi redistribuer les soudaquis gagnés sous forme de complément de salaires aux employés qui en font la demande », complète Alain. En revanche, personne n’améliore son pouvoir d’achat, ni n’échappe à l’inflation, puisque le soudaqui est indexé sur la monnaie européenne.

Raynald adhère a l'association et vient récupérer ses soudaquis. Photo © Alice Fabre
Raynald adhère à l’association et vient récupérer ses soudaquis. Photo © Alice Fabre

Deux comptoirs de change pour le Soudaqui à Perpignan

Les euros échangés par l’utilisateur contre la monnaie locale sont quant à eux déposés sur un fonds de garanti, lui-même placé à la banque (le Crédit Municipal pour le soudaqui). Ce fonds génère des intérêts qui peuvent être à terme réinvestis pour aider les prestataires membres à financer des travaux ou des nouveaux outils. Plus le fonds de garanti est approvisionné, plus les intérêts générés sont élevés et plus les investissements peuvent être importants.

Un idéal à atteindre pour l’association. Pour l’instant le fonds du soudaqui compte près de 10.000€, pas de quoi encore financer de potentiels projets. Mais Alain a bon espoir que le nombre d’utilisateurs grossisse dans un effet boule de neige. L’objectif immédiat « c’est de bien s’implanter à Perpignan ».

Pendant cette leçon d’économie simplifiée, Raynald a tendu l’oreille. Ce Perpignanais a eu vent du projet et est venu prendre sa carte d’adhérent, et récupérer ses premiers soudaquis : « La démarche locale est intéressante. Chaque fois qu’un client paye en carte chez un commerçant, ce dernier se fait ponctionner par la banque. Avec cette monnaie, il n’y a plus ce problème. Ça peut permettre de dynamiser les réseaux locaux ».

Pour l’heure, deux comptoirs de change existent à Perpignan : la Librairie catalane et l’herboristerie de la rue Foch. Son propriétaire, Olivier, a tenu à entrer dans le circuit : « Je propose des produits locaux donc ça a du sens ».

Alain trouve du sens au développement des monnaies alternatives : « C’est une autre façon de voir l’économie. Quand je vois la société qu’on nous propose, je pense qu’il y a autre chose à faire. Et puis les monnaies locales créent du lien, et pour moi, c’est important. » Le bénévole rêve que le Soudaqui prenne la même voie que l’Eusko, la monnaie basque. Plus de 4000 personnes et 1300 entreprises l’utilisent au quotidien.

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Alice Fabre