Article mis à jour le 6 octobre 2023 à 15:59
La Compagnie Port-Vendraise, détenue en majorité par la Compagnie fruitière, principale cliente du port, a été choisie par les élus du conseil Départemental comme nouveau gestionnaire pour les quinze prochaines années. Un pas de plus vers la modernisation du port voulu par le Département, mais qui suscite toujours certaines oppositions.
C’est une petite révolution dans l’unique port en eaux profondes des Pyrénées-Orientales
À partir de janvier 2024, c’est la Compagnie Port-Vendraise qui assurera la gestion des différentes activités (plaisance, pêche, commerce) du port de Port-Vendres. Le conseil départemental a acté les détails de cette concession en séance plénière hier.
Derrière cette Compagnie Port-vendraise se trouve un conglomérat composé de la Chambre de Commerce et d’Industrie des Pyrénées-Orientales, d’une filiale d’EDF, et surtout en majorité de la Compagnie fruitière via sa filiale Transit Fruit. Ce mastodonte mondial des fruits et légumes est actuellement le principal client du port, c’est lui qui gère le transport des denrées depuis et vers l’Europe et le continent africain.
Ce conglomérat aura donc la mission de développer le commerce, qui représente 75% des emplois directs et indirects du port, mais aussi la plaisance et la pêche. Le nouveau gestionnaire s’engage à la construction d’ouvrages et la réalisation de travaux pour répondre aux ambitions du Département, qui aspire de faire de Port-Vendres un port « résilient » et à « haute valeur environnementale intégré dans la ville ».
L’entreprise va puiser dix millions d’euros dans ses fonds propres, et recourir à quatorze millions d’euros de subventions pour divers chantiers comme la construction d’un entrepôt de 10.000 m2, la production d’énergie renouvelable, ou encore la création d’un port à sec de 150 places et d’une zone de carénage dans l’Anse Gerbal, et l’aménagement d’un village des pêcheurs.
La Compagnie Port-Vendraise versera une redevance annuelle au Département pour la gestion du port : une part fixe de 90.000 à 140.000 € selon l’avancée des travaux, mais aussi une part variable incitant à la croissance. Plus l’activité augmentera, plus le gestionnaire bénéficiera de réduction.
Le 3e quai de Port-Vendres, objet de vives critiques et oppositions de la part d’associations locales
De son côté le Département investit quarante millions d’euros pour moderniser les infrastructures du port, et aménager le fameux troisième quai, objet de vives critiques et oppositions de la part d’associations locales. L’association Frene66 dénonce une double destruction «patrimoniale et de la biodiversité. On conteste l’intérêt majeur invoqué par le Département pour faire ces travaux» . En mai dernier, le tribunal administratif a déjà débouté le collectif d’un premier recours qui réclamait la suspension du chantier. Mais la justice doit encore se prononcer sur le fond du dossier. L’association défend le fait que de nouvelles lois de protection de l’environnement, comme le texte Climat et Résilience, rendent désormais caduque l’enquête publique de 2017, après laquelle le préfet avait rendu un avis favorable. La décision est attendue pour début 2024.
D’autres critiques s’élèvent à propos de la présence supposée de vestiges archéologiques dans la zone du chantier. Contactée par Made in Perpignan, la DRASSM, le département des recherches archéologiques subaquatiques et sous-marines, assure « qu’aucune découverte fortuite ni élément nouveau n’est venu apporter quelque élément sérieusement étayé motivant une nouvelle étude. » Des recherches ont été réalisées en amont par des archéologues professionnels.