Article mis à jour le 2 février 2023 à 19:02
Ce 22 novembre, sur les marches du tribunal de Perpignan, magistrats et avocats se sont recueillis au son de « La quête » de Jacques Brel. Un rassemblement pour rendre hommage à Marie Truchet, magistrate de 44 ans décédée le 18 octobre dernier au cours d’une audience au tribunal judiciaire de Nanterre. Selon les magistrats de Perpignan, malgré des avancés des Etats généraux, la justice est loin d’être « réparée et prête à être modernisée ».
Un an après la tribune dénonçant la paupérisation des tribunaux, où en est la justice ?
Les manifestants rappelaient la tribune 2021 parue dans le journal le Monde et signée finalement par 8.000 magistrats français. Les signataires dénonçaient une justice « qui n’écoute pas et qui chronomètre tout« . Ce matin, les magistrats ont diffusé un document qui rappelle aussi le rapport Sauvé à l’issue des États généraux de la justice qui confirmait un « état de délabrement avancé de l’institution« . En septembre 2021, le Ministre de la justice Éric Dupont-Moretti avait eu à faire à une fronde des magistrats du tribunal de Perpignan.
Le garde des sceaux avait dû écouter durant plus de 2 heures les acteurs de la justice dénoncer « la clochardisation » du tribunal de Perpignan, le manque chronique de moyens, la surpopulation carcérale ou encore la lenteur de la justice. Un an après, les magistrats évoquent encore « un dilemme intenable : juger vite mais juger mal, ou juger bien mais dans des délais inacceptables« . Les magistrats se félicitent de la libération de la parole, et de la prise de conscience générale de l’état de la justice en France.
La justice serait-elle « réparée et prête à être modernisée » ?
Les magistrats se « félicitent des recrutements massifs annoncés, (…) du budget de la justice à la hausse, (…) ou d’une réforme des rémunérations » ; mais rappellent, qu’à Perpignan, il manque toujours un juge pour enfants, et un juge d’instruction supplémentaires. Les moyens annoncés demeurent insuffisants. « Un poste de juge de juge d’instruction sur les 4 existants actuellement sera vacant le 1er janvier prochain. Aucun poste n’a été créé pour le Parquet de Perpignan, et un poste de substitut est actuellement vacant. Et aucune création de poste n’est annoncée pour le Greffe« .
Les magistrats dénoncent la communication diffusée indiquant que « la justice serait réparée, prête à être modernisée« . Selon les magistrats de Perpignan, « la charge de travail demeure colossale et contrait les magistrats à dégrader la qualité de leurs décisions, au pénal comme au civil ». Les magistrats et fonctionnaires de justice du tribunal de Perpignan dénoncent l’état de délabrement de l’institution, la souffrance au travail, ou le manque de moyens humains et matériels. Le bâtonnier de Perpignan concluait la prise de parole en rappelant que « la justice est un pilier de démocratie et participe de la paix sociale.