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Démocratie participative | De nouveaux outils nourris par l’avis des habitants

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Article mis à jour le 21 juillet 2023 à 11:09

Comment faire participer les citoyens et citoyennes à la vie de leur territoire ? C’est une des questions que se poseront élus, urbanistes et citoyens ce vendredi matin à l’Université de Perpignan, au sein du Cube, bâtiment des porteurs de projets. Une matinée spéciale autour de la démocratie participative y est organisée, à l’heure où la défiance envers le personnel politique grandit. Dans les Pyrénées-Orientales, plusieurs urbanistes proposent des outils innovants pour dynamiser les réunions publiques.

La démocratie participative, Benjamin Aragoncillo l’a concrètement vue à l’oeuvre à Toulouges, quand il collaborait avec la mairie en 2021.

Le jeune urbaniste a organisé la consultation des habitants pour le projet de réaménagement de l’avenue Saisset et du chemin de Las Palabas. Lors de plusieurs ateliers, les interrogations et avis des personnes concernées ont été prises en compte, afin que les travaux soient acceptés par la population. Une expérience qui l’a marqué : «les élus étaient très contents et les habitants ravis qu’on les intègrent dès le début au projet.»

Benjamin a depuis fondé Build’n co, une agence de participation sur le territoire qui aide les élus à organiser des consultations publiques sur divers projets locaux. C’est lui et son collègue Guillaume Bellaton, également urbaniste et ayant longtemps travaillé en bureau d’études, qui animeront la matinée de vendredi consacrée à la démocratie participative à l’université de Perpignan.

Concrètement, la démocratie participative est une forme de partage et d’exercice du pouvoir qui vise à ce que la population prennent davantage part à la politique locale. L’objectif est de mieux l’intégrer à des décisions qui la concerne. Avec son agence, Benjamin veut redynamiser cette démocratie participative locale, et donner aux élus de nouveaux outils pour dit-il «en finir avec la sempiternelle réunion publique qui met en opposition élus et habitants». Il existe pour cela des moyens concrets comme «des maquettes en bois qui permettent de modéliser en 2D ou en 3D l’espace publique». Les ateliers de travail se font par groupe de huit personnes maximum, ce qui favorise la circulation des idées. Ces modes d’animation sont utilisables pour tous types de projets locaux. Le prix de la prestation varie selon la formule de 4000 à 5000€ pour des consultations, jusqu’à 15.000€ pour des projets de longs termes comme des conseils citoyens mensuels.

Dans le département, les initiatives visant à faire contribuer les habitants à la vie locale se développent

Il y a quelques mois, Canet-en-Roussillon a lancé pour la première fois un budget participatif. Les Canétois ont pu proposer des projets et voter pour leurs favoris. «Le budget participatif est motivant, il permet aux habitants de donner leurs idées. Mais ils ne les impliquent pas dans la politique du territoire», remarque Benjamin. Lui veut aller plus loin, et intégrer les citoyens sur le long terme aux prises de décision.

«C’est une culture à mettre en place sur le territoire, pour que petit à petit les gens puissent s’investir». Il peut compter sur l’aide de son collègue Guillaume : «en bureau d’études, j’étais très attaché à ne pas avoir une démarche trop « techno ». Le projet doit être au service des habitants». Avec son entreprise La Boussole, lui aussi conseille les élus sur leur stratégie de gouvernance.

Alors la démocratie participative est-elle la solution à la crise de la citoyenneté que connait le pays depuis quelques années ?

«C’est intéressant de constater que ces outils de participation se développent au moment où l’abstention bat des records en France», note Edmond Jorda, maire de Sainte-Marie-la-mer et président de l’Association des maires des Pyrénées-Orientales. «La participation citoyenne peut aussi servir à montrer qu’on peut agir au niveau local.»

Pour le maire, ce genre d’ateliers est une bonne alternative aux réunions publiques «où souvent une personne parle pendant que tout le monde l’écoute». Mais il appose une nuance : «il y a un grand défi à relever, c’est qu’il ne faut pas mentir aux gens et leur faire croire qu’ils ont le pouvoir de décision. À la fin, c’est l’élu qui prend la responsabilité juridique et financière. Il faut avoir un discours de vérité.» Le maire ajoute que ces nouveau outils doivent compléter les anciennes méthodes : «avec les réunions régulières de quartiers par exemple, on arrive aussi à réguler plein de problèmes dans les communes.»

Enfin, le prix de l’intervention peut parfois rafraichir certains élus «pour les communes de moins de 2000 habitants, 5000€ ça pèse». Benjamin Aragoncillo précise «c’est un investissement qui peut être bénéfique.» L’urbaniste ajoute que lorsque les habitants sont associés dès le début à un projet d’aménagement, les risques de recours en justice diminuent, et avec eux les frais qui vont avec.

Il cite en exemple la ville de Grenoble, qui a su faire entrer la démocratie participative dans les mœurs de sa population. La ville de l’Isère a d’ailleurs accueilli en décembre dernier la conférence de l’Observatoire International de la Démocratie Participative.

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Alice Fabre