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Pyrénées-Orientales : La ministre de l’agriculture à l’écoute, mais sans solution

ANNIE GENEVARD MINISTRE AGRICULTURE

Article mis à jour le 18 octobre 2024 à 11:04

Ce 17 octobre 2024, le monde agricole des Pyrénées-Orientales était en effervescence. Annie Genevard, la nouvelle ministre de l’Agriculture venait à la rencontre des professionnels qui souffrent de la sécheresse depuis deux ans.

En plus de déplorer l’immobilisme sur la question de l’eau, les viticulteurs s’inquiètent pour le fonds débloqué pour arracher leurs vignes. Sur l’eau, comme sur l’arrachage des vignes, la ministre a beaucoup écouté, mais peu répondu. Elle n’était d’ailleurs pas là pour faire des annonces, nous indiquaient ce jeudi certaines personnes présentes à la cave coopérative de Terrats, près de Thuir.

Une visite de la cave coopérative et une rencontre avec les agriculteurs à huis clos

À défaut d’annonces ou de mesures concrètes, à l’instar d’un ancien président, la nouvelle ministre de l’Agriculture aura au moins amené la pluie pour les agriculteurs qui l’attendaient. En ce début d’après-midi, élus et professionnels faisaient le pied de grue à la cave coopérative de Terrats. Dehors, un orage aussi soudain que violent provoquait une certaine nervosité parmi les organisateurs.

« De quel côté va-t-on faire arriver la ministre, devant la cave, c’est un torrent ! » Durant la demi-heure qu’aura duré l’orage, l’eau a coulé si fort, qu’un ruisseau s’était presque formé devant l’entrée principale. Et puis, comme le dit l’adage, après la pluie, le beau temps. Et finalement le retard de la ministre aura permis au soleil de sécher la chaussée, et Annie Genevard a posé les pieds sur un sol presque aussi sec que d’habitude dans les Pyrénées-Orientales.

ANNIE GENEVARD MINISTRE AGRICULTURE

Après une visite de la cave coopérative et du camion d’embouteillage pour la pose devant les caméras, les journalistes et autres photographes étaient priés de sortir. Les agriculteurs en ont gros sur le cœur et la ministre est là pour écouter leur parole.

Le préfet des Pyrénées-Orientales prend la main sur le sujet eau « avec détermination »

Sur l’eau, on a pris beaucoup de retard déclare tout de go la sénatrice Laurianne Josende. Pour elle, il faut que le sujet de l’eau passe sous la houlette de l’État, sinon les collectivités ne parviennent pas à travailler ensemble déplore la Sénatrice.

Et Guy qui cultive ses 55 hectares de terre avec ses enfants, le confirme : le problème, c’est le manque d’eau. « On a un projet depuis 15 ans pour essayer de faire de la vigne en sec , mais légèrement irriguée. Cela permet d’avoir une bonne rentabilité économique et qualitative. Si le projet était arrivé dans les temps impartis, actuellement on ne serait pas dans cette situation. »

Le projet évoqué par Guy est porté par les acteurs du secteur depuis 15 ans. Jérôme de Maury, maire de Sainte-Colombe-de-la-Commanderie, semble ne plus y croire. Même s’il tient en main le dossier pour le donner à la ministre. La solution des retenues qui permettrait de stocker l’eau et la diriger sur les 350 hectares de vignes est presque complètement ficelée. Mais voilà, la demande est toujours « en cours d’instruction ». Le projet porté par la communauté de communes des Aspres permettrait d’augmenter la rentabilité des viticulteurs. Questionnée sur ce point, la ministre l’assure, « le préfet a pris la main dessus avec détermination. » Avant de rajouter, si le plan eau commence dans les Pyrénées-Orientales, ce n’est pas un hasard.

Le dilemme de l’arrachage des vignes dans les Pyrénées-Orientales

Selon la sénatrice Lauriane Josende, cette prime de 4 000 euros à l’hectare est à la fois une bonne et une mauvaise chose. « Pour ceux qui n’ont plus aucune issue, cela va leur apporter une petite bouffée d’oxygène, mais c’est aussi un drame. Et surtout, maintenant que faire de ces terres, s’interroge la sénatrice. Selon ce maire d’une commune des Aspres, la réponse à la question est simple, et il lâche avec ironie, « on va passer de 50 à 70% de friches ».

Els últims vuit anys s'han perdut 1.000 hectàrees de vinya a Catalunya

Sur l’arrachage, Guy Jaubert, président des Vignerons indépendants des Pyrénées-Orientales, attend des réponses rapides aux demandes qui sont sur la table de la ministre. Si la campagne d’arrachage des vignes a d’ores et déjà débuté, Guy Jaubert s’inquiète. Qu’adviendra-t-il si le nombre de dossiers dépasse l’enveloppe débloquée ? Car oui, selon l’avis des professionnels, de nombreux viticulteurs vont déposer un dossier pour percevoir la prime à l’arrachage. Arrachage total ou partiel, selon les sources, entre 5 000 et 8 000 hectares de vigne pourraient disparaître dans les Pyrénées-Orientales.

Mais pour Guy Jaubert, la question va bien au-delà de la prime. Il faut débloquer rapidement une aide d’urgence pour les viticulteurs. Après plusieurs années de sécheresse, et des vendanges 2024 aux volumes ridiculement bas, certains sont à l’os. Pour Guy Jaubert, « nos entreprises ont besoin de trésorerie. Il faut restructurer les dettes par une consolidation des encours. »

Que faire après le départ du cortège ?

Ces paroles de la ministre, ou des collectivités, suffiront-elles à rassurer les viticulteurs qui après le départ des cortèges restent seuls face à leurs factures, et des comptes bancaires à sec comme la terre des Pyrénées-Orientales ? Pas certain ! Et dans la voix de Guy, on sent poindre la colère et l’émotion. Il ne faisait pas partie de ceux qui ont enlevé les panneaux récemment, mais il était bien dans les cortèges de janvier 2024. Cette révolte paysanne avait conduit le gouvernement Attal à formuler plusieurs propositions. Mais depuis, l’Assemblée nationale a changé, le gouvernement Attal est tombé, et le ministre de l’agriculture a également été remplacé.

Ce 17 octobre, la ministre a tenu à rassurer, les promesses seront tenues. Preuve en est, malgré un trou de plusieurs milliards d’euros dans le budget de l’État, l’enveloppe budgétaire du ministère de l’Agriculture n’aurait pas été revue à la baisse. Et le sénateur Jean Sol conclut en se disant heureux de la visite de la ministre et de son écoute des problèmes des agriculteurs des Pyrénées-Orientales.

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Maïté Torres