Ce 24 septembre, la Drees* publiait un rapport sur le recours à l’intervention volontaire de grossesse en France. En 2023, 243.600 interruptions volontaires de grossesse ont été enregistrées. Une hausse déjà observée en 2022 aussi bien en métropole qu’en outre-mer.
Si le nombre d’IVG réalisées en établissement de santé reste stable, les IVG dites médicamenteuses effectuées en cabinet augmentent. Quels professionnels de santé pratiquent le plus d’IVG ? Quelles sont les méthodes les plus utilisées ?
Les Pyrénées-Orientales affichent un taux de recours à l’IVG parmi les plus hauts de France métropolitaine
En 2023, le taux de recours à l’avortement des femmes de 15 à 49 ans résidant dans le département des Pyrénées-Orientales est de 22 pour 1.000. Un chiffre qui classe les Pyrénées-Orientales parmi les plus élevés de France métropolitaine. Selon Marie-France Taurinya, secrétaire de la Fédération du planning familial d’Occitanie, « cette hausse est positive puisque cela veut dire que les femmes ont davantage accès à l’IVG médicamenteuse ». Pourtant, il ne faut pas oublier les difficultés d’accès qui perdurent malgré des actions mises en place.
Dans les Pyrénées-Orientales, 32,2% des IVG ont eu lieu hors d’un établissement de santé. Une proportion en deçà de la moyenne nationale où 41% des avortements sont réalisés en médecine de ville.
Si le nombre de praticiens pratiquant des IVG dans les Pyrénées-Orientales avait déjà été pointé du doigt en début d’année, les données de la Drees confirment ce manque. En 2023, le département comptabilisait 24,7 praticiens ayant réalisé au moins une IVG en cabinet libéral pour 100.000 femmes. Dans d’autres départements français, ce nombre est parfois supérieur à 40. Les Hautes-Alpes, les Alpes-Maritimes, l’Ariège ou le Gers figurent parmi les départements les mieux dotés.
Les Pyrénées-Orientales : un accès à l’IVG majoritairement local
En France métropolitaine, 82 % des IVG sont réalisées dans le département de résidence de la patiente. Dans les Pyrénées-Orientales, ce chiffre s’élève à 94,3 %, un des taux les plus importants à l’échelle nationale. Ce taux élevé ne doit cependant pas masquer les difficultés d’accès à l’avortement instrumental, qui ne peut être pratiqué qu’à Perpignan.
Monique Hernandez, l’une des coordinatrices du collectif Droits des Femmes 66 précise que l’éloignement constitue un frein pour les habitantes de la Cerdagne, du Conflent ou du Capcir, en particulier pour les mineures.
Une prédominance des femmes majeures parmi les recours à l’IVG
Les taux les plus élevés de recours à l’IVG concernent les femmes âgées de 20 à 34 ans : 28 pour 1 000 chez les 20-24 ans, 29,7 pour les 25-29 ans, et 25,5 pour les 30-34 ans. Ces chiffres dépassent nettement ceux des plus jeunes, 16,5 pour 1 000 chez les 18-19 ans, ou des 35-39 ans, à 18,6 pour 1 000. Bien que la fréquence d’avortement ait augmenté parmi les femmes de plus de 20 ans, elle demeure inférieure à celle observée en 2014 chez les moins de 25 ans.
La pratique de l’IVG en cabinet libéral s’intensifie, en particulier chez les sages-femmes
En 2023, 41 % des IVG se déroulent hors des établissements de santé, principalement en cabinet libéral. Depuis l’autorisation des IVG médicamenteuses en ville en 2005 et dans les centres de santé en 2009, cette méthode représente 52 % de l’ensemble des IVG de ce type.
Depuis 2016, les sages-femmes libérales ont joué un rôle croissant dans la pratique de l’IVG. Elles en ont effectué 47 % en ville en 2023, une proportion bien supérieure à celle des médecins généralistes (26 %) et des gynécologues (27 %). Le nombre de sages-femmes pratiquant au moins une IVG a plus que doublé entre 2020 et 2023, tandis que celui des médecins généralistes a progressé de 24 %, et que le chiffre pour les gynécologues est resté inchangé.
Concernant les IVG en établissement de santé, la qualification du professionnel réalisant l’acte demeure inconnue en raison du manque de données précises.
La durée de grossesse influe sur le lieu de pratique de l’IVG
La majorité des IVG en établissement de santé (77 %) sont pratiquées avant 10 semaines d’aménorrhée. Celles effectuées à partir de 12 semaines d’aménorrhée représentent près de 10 % des IVG hospitalières en 2023, avec un taux deux fois plus élevé dans les DROM (18,2 %) par rapport à la métropole (9,1 %).
L’anesthésie est utilisée dans 93 % des IVG instrumentales tardives, contre 82 % pour l’ensemble des IVG de ce type. À partir de 12 semaines d’aménorrhée, 87 % des avortements sont réalisés de manière chirurgicale et 8 % par voie médicamenteuse, tandis que la méthode reste inconnue pour 4 % d’entre eux.
Enfin, toutes les structures de santé n’ont pas pratiqué d’IVG tardives en 2023. Sur 555 entités géographiques ayant procédé à au moins une IVG, 356 ont effectué des interventions entre 12 et 16 semaines d’aménorrhée, et 229 à un terme de 15 à 16 semaines.
*La Drees : La Direction de la Recherche, des Études, de l’Évaluation et des Statistiques est une direction de l’administration publique centrale française produisant des travaux de statistiques et d’études socio-économiques. Elle dépend des ministères dits « sanitaires et sociaux » et du ministère de l’Économie et des Finances.
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