Article mis à jour le 28 octobre 2025 à 15:51
Ce 28 octobre 2025, un communiqué de presse est tombé, la mairie de Perpignan annonce la démolition en urgence de neuf immeubles dans le quartier de Saint-Jacques. Photo, image d’illustration « Marche des habitants » janvier 2023.
Les murs continuent de tomber. Le quartier du centre-ville de Perpignan n’en est pas à sa première démolition, loin s’en faut. Malgré les années, et les maires qui se sont succédés, ce quartier populaire du cœur de ville a vu les immeubles se dégrader nécessitant l’installation d’étais. Finalement, ils devront être démolis et laisser place, souvent à des espaces nus, bétonnés servant de stationnement. Si Louis Aliot s’est attaqué à la rue Llucia, avec la démolition de six immeubles en 2023, Jean-Marc Pujol avait déjà créé plusieurs espaces dégagés de leurs immeubles, ilot Paradis, Carola…
Ce 30 octobre débute le chantier de démolition qui va faire disparaître neuf immeubles laissant un grand vide juste en face du campus Mailly de l’université de Perpignan. Mais contrairement à Jean-Marc Pujol qui voulait un parvis face au bâtiment historique de l’université, Louis Aliot envisage de construire plusieurs logements sociaux. Une opération qui, compte tenu des délais, ne sera pas achevée avant la prochaine élection municipale de mars 2026.
« Il y aura des reconstructions à la clé » assure le directeur général des services de la mairie de Perpignan
En 2023, les associations et les habitants marchaient entre Saint-Jacques et la préfecture. Ils dénonçaient ces démolitions sans projet concret de reconstruction. En 2025, même si le chantier de l’îlot Puig est sur les rails, aucun nouveau logement n’a encore été livré. Mais le directeur général des services de Perpignan tente de rassurer. « Ces démolitions s’inscrivent dans le cadre d’un programme de l’Agence nationale de rénovation urbaine (ANRU). Il y aura des reconstructions à la clé. Tout cela est lancé pour faire du mieux », insiste Philippe Mocellin.
À la tête de la direction hygiène et salubrité publique, Jean Borrat précise qu’il s’agit d’une attente forte de la population du quartier. « Ils aspirent à avoir des logements neufs et propres. » Selon le directeur, les habitants sont inquiets de voir les démolitions laisser des places nues. Des propos confirmés par Nick Gimenez, pilier de Saint-Jacques, qui déplore ces démolitions sans concertation. En attendant la fin des travaux de l’ilôt Puig, les habitants devront se contenter d’une réunion d’information, et les riverains du nouveau chantier, d’un logement transitoire.
La mairie précise que les habitants seront relogés durant toute la durée des travaux de démolition. Au total, une quinzaine de familles sont concernées. Une réunion d’information est prévue ce jeudi 30 octobre.


« Insalubrité remédiable » : quand le temps rend la destruction irrémédiable
Contacté par téléphone, Jean Borrat décrit une situation « assez catastrophique ». « On a deux immeubles extrêmement fragiles et deux autres en très mauvais état, avec des murs en terre crue qui sont eux aussi en train de s’ouvrir. » Les bâtiments les plus endommagés seraient ceux qui sont déjà étayés. Selon le responsable, il serait impossible de sécuriser les lieux sans mettre en péril les équipes techniques. « La façade n’est plus solidaire du bâtiment, une partie des planchers et des murs sont effondrés. »
L’enquête préalable réalisée en 2023 faisait état de 9 immeubles à risque dont 4 en « état de dégradation est particulièrement avancé ». Au 3 bis rue fontaine neuve, le bâtiment est frappé d’un arrêté de péril depuis 2013 et a nécessité d’être étayé en 2018. Au 4bis rue du Moulin Pares, le préfet a décrété un arrêté de « salubrité remédiable » en 2020 interdisant toute occupation sans travaux. Idem au 6 et au 8 bis de la même rue.
Et c’est là que la bât blesse, selon les opposant et notamment l’Association pour la sauvegarde du patrimoine roussillonnais, les travaux de réhabilitation ne sont pas entrepris et les bâtiments sont laissés à l’abandon jusqu’à ce que la seule option soit la destruction.
À l’annonce de cette énième démolition, Jean-Bernard Mathon, ancien président de l’association, se désolait de tout ce gâchis d’argent public. « De l’argent jeté par les fenêtres. On ferait mieux de réhabiliter avec cet argent. Mais Louis Aliot poursuit l’oeuvre de son prédécesseur. Il faut arrêter le massacre patrimonial à Saint-Jacques. Que l’on nous produise les expertises réalisées par des bureaux d’études compétents dans le bâti ancien. » Jean Borrat estime à 600 000 euros HT pour démolir et sécuriser l’immeuble maintenu. Une enveloppe prise en charge à hauteur de 65% par l’État dans le cadre du Nouveau Programme National de Rénovation Urbaine.
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