Article mis à jour le 18 février 2024 à 20:34
Mercredi 10 janvier 2024, le président national du Medef, Patrick Martin, s’est rendu dans les Pyrénées-Orientales pour le lancement officiel du réseau « Femmes du Medef ». Cette antenne, créée en 2019, a pour objectif d’encourager la féminisation dans le milieu entrepreneurial. Pour le patron des patrons ce fut l’occasion de visiter plusieurs entreprises du département ; « Xot », une brasserie artisanale dirigée par Céline Sabater et l’atelier de céramiques Sant Vicens, géré par Claire Bauby Gasparian.
Dans les Pyrénées-Orientales, le Medef compte 600 adhérents, dont seules 20% sont des femmes cheffes d’entreprise. Elles sont 130 potentiellement visées par « Femmes du Medef ». Ces chiffres témoignent d’une sous-représentation des femmes à la tête des entreprises. « Un énorme gâchis », que dénonce Patrick Martin, qui souhaite valoriser l’entrepreneuriat au féminin.
« Nous avons encore trop souvent une forme d’autocensure »
En 2019, le Medef national ne comptait dans ses instances que 8% de femmes. Un pourcentage dérisoire que le premier réseau d’entrepreneurs de France avait promis de faire évoluer. Cinq ans plus tard, l’écosystème s’est diversifié puisqu’elles représentent 30% du conseil exécutif. D’après le président du Medef, aujourd’hui, 41% des mandats patronaux sont exercés par des femmes.
Un signal fort appuyé par Patrick Martin : « Je m’applique à ce que les femmes à la tête de grandes entreprises aient enfin accès à des responsabilités de direction générale de présidence. Nous avons encore trop souvent une forme de blocage ou d’autocensure qui fait que des personnes très talentueuses et qui ne demandent qu’à prendre des responsabilités, se condamnent elles-mêmes parce que, historiquement, des sociotypes font que chacun reste dans sa case. »
Pour l’heure, 17 pionnières ont rejoint les « Femmes du Medef » dans les Pyrénées-Orientales. « Ce qui est important, ce n’est pas le nombre mais l’effet levier que cela donne », assure Dominique Carlac’h, présidente du réseau. L’objectif pour 2024 est d’ancrer le mouvement dans les territoires, afin d’assurer plus de visibilité aux dirigeantes adhérentes.
« Ce sont 17 femmes avec des envies d’engagements, elles prendront à bras-le-corps des plénières, des commissions de travail sur des thèmes particuliers », assure Nathalie Burillo, membre du Medef Perpignan. « Nous ne sommes pas là que pour apporter de l’aide, nous sommes cheffes d’entreprise, nous avons des trucs et astuces et des bonnes pratiques à échanger et à faire fleurir. »
Céline Sabater est l’une des 17 pionnières du réseau Femmes du Medef des Pyrénées-Orientales
À la tête de la cave-restaurant Xot et de la brasserie artisanale du Roussillon, Céline Sabater représente la deuxième génération d’une société familiale créée par son père en 1989. « Nous sommes négociants en vin, producteur et distributeur de vin. Depuis les années 2016, nous avons souhaité nous diversifier en devenant nous-même producteurs de bières », explique la cheffe d’entreprise, qui prône une production écoresponsable.
Céline Sabater pose fièrement devant sa brasserie artisanale. © Célia Lespinasse / MIP
Au sein de l’entreprise « zéro-papier », tout est recyclé. La production est 100% bio et la brasserie est la première des Pyrénées-Orientales à fonctionner de manière autonome en électricité. « Nous avons des panneaux solaires installés sur le toit qui nous permettent d’être autonomes en énergie, que ce soit pour notre production de bière ou sur la partie restauration. »
Céline a adhéré au Medef il y a déjà de nombreuses années. « À l’époque, cela s’appelait l’UPE 66. Pour moi, ce n’était pas du tout un choix politique mais le moyen de rejoindre un groupe. Cela nous permettait, en tant que cheffes d’entreprise, de nous voir à l’extérieur du travail et d’échanger sur des problématiques de recrutement ou de droit social ! », explique la jeune femme.
Claire Bauby Gasparian des céramiques Sant Vicens a aussi rejoint Femmes du Medef
L’atelier de céramiques Sant Vicens, est aussi une histoire de famille. « Je suis la troisième génération à y faire de la céramiques d’art, avec un savoir-faire qui nous est propre depuis 82 ans », explique Claire Bauby Gasparian, petite-nièce de l’artiste Firmin Bauby. Le Medef, Claire l’a d’abord quitté avant d’y revenir il y a six mois. L’entrepreneuse fait désormais partie du mouvement « Femmes du Medef ». Un réseau qui, elle l’espère, va s’étoffer au fil du temps. « L’idée, c’est de valoriser la complémentarité de chacune dans l’entrepreneuriat. »