Article mis à jour le 18 novembre 2020 à 13:56
Menée du 10 avril au 25 mai sur la plateforme Make.org, la consultation citoyenne « Comment inventer tous ensemble le monde d’après ? » a réuni 165.000 participants. 20.000 propositions ont été faites et ont recueilli 1,7 million de votes. Cette participation massive a montré que de nombreux citoyens souhaitaient s’exprimer sur ce « monde d’après » ; et qu’ils voulaient être intégrés aux différents débats.
♦ Une participation massive des Français à cette consultation sur le « monde d’après »
60% des participants à cette consultation étaient des femmes. Toutes les tranches d’âges ont ressenti le besoin de s’exprimer sur ce monde d’après Covid-19 ; 32% des moins de 35 ans et 18% des plus de 65 ans. Axel Dauchez, président de Make.org, a réagi à cette forte mobilisation.
« Dans cette période de crise et d’incertitudes, nous avons été particulièrement heureux de voir cette grande soif de participation des citoyens qui s’est exprimée avec plus de 20.000 propositions et 1,7 million de votes ! Les citoyens ont des idées pour le « monde d’après » et ont envie de se faire entendre. À nous maintenant, avec tous les partenaires de cette consultation et avec toute la société, d’aller de l’avant en s’appuyant sur les idées des Français. »
♦ 14 idées prioritaires définissent le monde d’après des citoyens
Les citoyens qui ont participé à cette étude ont plébiscité 14 idées prioritaires. Une proposition est dite « plébiscitée » lorsqu’elle réunit au moins 80% de votes « pour » et au moins 37% de surqualifications positives ; les mentions « coup de cœur » et « réaliste ».
- Favoriser la consommation locale et les circuits de proximité
- Se diriger vers une agriculture alternative
- Limiter la production de déchets, notamment les emballages et le plastique, et favoriser le recyclage
- Relocaliser certains secteurs économiques stratégiques en France et en Europe
- Repenser l’éducation en faveur et de l’humain et de l’environnement
- Mettre l’environnement et le social au cœur des politiques publiques et de la fiscalité
- Progresser vers la ville durable
- Favoriser les mobilités écologiques et limiter les transports polluants
- Mieux considérer les métiers essentiels
- Augmenter la durée de vie des produits
- Rendre plus attractifs les métiers de la santé et donner plus de moyens aux hôpitaux
- Modifier en profondeur notre modèle économique pour un système plus soutenable
- Protéger la biodiversité, les espèces et leur milieu
- Améliorer notre fonctionnement démocratique en donnant plus de pouvoir d’actions et de décisions au citoyen
♦ Des points de convergence aux points de clivage entre les Français
Parmi les propositions celle de Stéphanie « Il faut arrêter de penser la santé comme une entreprise rentable et repenser la balance entre le financier et la qualité de soin. » qui espère un changement du système hospitalier ou celle de Jérémy « Il faut réduire les emballages à usage unique et favoriser les consignes, subventionner les commerces en vrac. » qui souhaite des solutions alternatives pour lutter contre la production de déchets.
En revanche, si l’ensemble des citoyens s’entendent sur ces propositions, d’autres sont source de clivage entre les Français. Ce sont les idées dites « controversées » ; elles ont suscité autant d’adhésion que de désaccord lors des votes.
- Instaurer un revenu universel
- Interdire le déploiement de la 5G
- Modifier les règles de l’impôt sur les revenus et le patrimoine ; notamment en ciblant les plus riches
- Nationaliser certains secteurs (comme la santé, l’énergie, les transports, toutes les écoles)
- Réduire le temps de travail hebdomadaire
- Sortir du nucléaire
Cette consultation avait été réalisée à l’initiative de différents partenaires : la Croix-Rouge française, WWF, Unis-Cité, Make.org, Groupe SOS et le Mouvement UP.
♦ Des avis multiples sur cet avenir commun
Ancien rédacteur en chef, Marc Tournaire avait déjà évoqué ce déploiement de la 5G. Il estimait qu’il était indispensable de revoir nos priorités dans ce monde où il faut toujours aller plus vite. En revanche, il était grandement favorable au développement de l’agriculture de proximité.
Selon Jean-Christophe Combe, directeur général de la Croix-Rouge française, « le succès de cette consultation montre l’ampleur des attentes, qui sont aussi des inquiétudes. Il ne faut pas tout attendre des autres, le monde d’après sera ce que nous en ferons : la refondation sociale et environnementale dépend de chacun d’entre nous. Les solutions se trouvent dans les dynamiques de territoires et la confiance retrouvée dans les acteurs associatifs, économiques, sociaux et politiques de proximité. »
Carole Delga, ancienne ministre et présidente de la région Occitanie, a exposé dans une tribune sa vision politique pour le monde d’après. Elle confie : « Cette crise ouvre de fait une perspective nouvelle : elle oblige à sortir de nos cadres de pensée, et surtout, reprendre avec courage le chemin de l’essentiel, à sortir la tête des statistiques, des analyses strictement comptables, pour voir comment réagit, interagit l’humain. Elle doit nous permettre de retrouver de l’audace, indispensable, pour penser le progrès. Et recréer le lien entre les citoyens ».
♦ Les six chantiers que souhaite initier la présidente Occitanie
La présidente de région a également mis en avant six « chantiers » sur lesquels travailler collectivement :
- Le monde et nous : un rassemblement mondial pour réfléchir sur les questions de santé, des mobilités, de recherche et de lutte en faveur du climat.
- L’Europe et la nation : se recentrer sur le Green New Deal ; un plan d’investissements massifs pour « relancer l’économie mais aussi réduire les inégalités et redistribuer les richesses ».
- L’État et les territoires : redonner du pouvoir aux collectivités locales pour apporter des solutions « à échelle humaine et locale ».
- Le progrès et l’environnement : Carole Delga propose « d’inventer une nouvelle frontière industrielle, non plus dans un but productiviste, mais dans un objectif humaniste » ; avec pour objectif de parvenir à une économie génératrice d’emplois.
- Le producteur et le consommateur : rapprocher le lieu de production du lieu de consommation ; notamment en matière alimentaire. Elle rejoint l’une des idées grandement approuvées par les citoyens qui souhaitent privilégier les circuits courts.
- L’individu et le citoyen : conserver cet élan de fraternité qui a vu le jour durant cette crise sanitaire et faire participer le citoyen aux débats sur le monde de demain.
Cette crise sanitaire aura donc permis d’instaurer une prise de conscience sur notre mode de consommation ainsi qu’une envie de changement. La grande question est de savoir si tout cela est éphémère où si le désir de changement sera toujours d’actualité d’ici quelques semaines.
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