Article mis à jour le 28 décembre 2022 à 19:51
Véronique Ozanne, autrice locale, nous dévoile son premier roman, Permafrost aux Éditions Baudelaire. Une fiction écologique où deux « héros humanistes », Clément et Sophie, évoluent sur deux époques différentes. Le premier traverse les guerres, tandis que la seconde lutte contre les effets du réchauffement climatique.
Alors que s’achève la Cop27, que les rapports alarmistes du Giec se succèdent et que la planète compte désormais 8 milliards d’habitants, cet ouvrage éclaire sur le devenir de ces sols gelés.
Véronique Ozanne donne vie à Clément et Sophie
Naturaliste de formation, Véronique Ozanne est passionnée par l’Histoire et aime voyager à travers les continents. Ces voyages sont aussi pour elle l’occasion de découvrir la nature et de rencontrer une biodiversité insoupçonnée, mais aussi de constater les dégâts de l’Homme sur l’environnement. Pour Véronique Ozanne, « il est temps d’agir, l’Homme doit reprendre une place modeste dans l’écosystème terrestre ». Clément vit à l’époque de la Grande Guerre. Soldat, il est blessé en Afrique où il lutte contre l’extermination des éléphants. Il est envoyé en Russie durant la tourmente révolutionnaire.
Mais il déserte pour rejoindre la Sibérie pour trouver un trésor des glaces. Quant à Sophie, chercheuse en phytogénétique à l’INRA, elle vit en 2050. Elle est obsédée par la recherche d’une solution qui permettrait de lutter contre la faim dans le monde. Sophie parcourt la planète et accumule les expériences pour trouver la plante miracle qui mettra fin à la famine. Malgré la centaine d’années qui les sépare, tous deux vont voir leurs destins liés grâce à un trésor découvert dans le permafrost.
Quand la fiction devient réalité
L’écologie, le réchauffement climatique et la biodiversité sont au centre de Permafrost. Ce terme désigne un phénomène géologique naturel, les sols restent sous le seuil des 0° C pendant au moins deux ans consécutifs. Si ces couches représentent aujourd’hui 25% de la surface terrestre notamment au Canada, en Russie et en Alaska, elles pourraient être amenées à perdre 30% de leur surface d’ici 2100. En cause, le réchauffement climatique qui augmente la température des sols.
Véronique Ozanne donne une large place au réchauffement climatique dans son livre. « Il me suffit de lire le journal du jour pour trouver à chaque page un exemple criant de ce changement climatique expliqué par les chercheurs : « Le Monde 31/07/2050 : la vague de chaleur qui sévit sur l’hémisphère nord provoque de grands incendies en Californie, dans la forêt canadienne au sud de Toronto, mais aussi en Europe méridionale où les pinèdes sont la proie des flammes. Des millions d’hectares partis en fumée sous les yeux des pompiers dépassés par l’ampleur du phénomène ».
À l’époque de Sophie, en 2050, « chaque région du globe est impactée par le réchauffement climatique et chaque gouvernement est désormais convaincu de la nécessité de la mise en place d’un développement durable, pour assurer la prospérité tout en limitant les atteintes à l’environnement et les coûts de production ». Des propos qui, en 2022, semblent être de science-fiction. Dernier exemple en date de l’absence d’investissement des décideurs, les deux plus gros émetteurs de CO2 dans le monde n’ont pas daigné se montrer à la Cop27.
Malgré l’espace-temps qui les sépare, Clément et Sophie dialoguent sur les solutions
Éducation, prise de conscience, interpellation, autant de propositions des personnages créés par Véronique Ozanne. « – Tu as raison, d’où l’importance de l’éducation des populations à cette écoute de la nature dont il fait partie. […] ». « – Durant ces deux mois à herboriser sur la toundra j’ai réfléchi et je pense vraiment intéressant d’approfondir le dossier plantes médicinales. Si on lançait la production à grande échelle de ces plantes aux vertus multiples et reconnues, on pourrait concurrence sérieusement la chimie pharmaceutique et les dérives commerciales qui en découlent. ». « – Je croyais que tu avais un projet du parc du Pléistocène ? Pour contrer les effets désastreux du réchauffement climatique. ».
Permafrost cherche aussi à interpeller le lecteur. « Notre plante est maintenant cultivable sur toute la planète, à peu de frais, résolvant les problèmes de famine récurrente en Afrique et en Asie et de dépendance des pays du Sud sur ceux du Nord.
Le problème majeur de surpopulation est en passe d’être contenu, avec un meilleur accès à l’éducation et à la santé. L’Homme va devoir à présent faire un effort pour redevenir modeste face à la nature qui le nourrit, le réchauffe, sous peine de disparaître. »
Permafrost prédit un recul des conditions de vie pour l’humain
En 2022, les crises de l’hôpital français se succèdent, l’accès à un médecin généraliste se complexifie et une majorité de Français considère que le système de santé est fragilisé. Mais Véronique Ozanne va plus loin ; pour l’auteure, en 2053, la plupart des États ne pourront plus financer le système de soins tel que nous le connaissons.
« En France, comme partout dans le monde, les femmes accouchent désormais chez elles, comme autrefois. Les hôpitaux ne sont réservés qu’aux urgences, accidents, ou opérations programmées. Le coût des soins médicaux ne peut plus être assuré par les organismes sociaux, alors que les États ne financent que les urgences, les individus payant le reste avec les mutuelles ».
Les solutions de Permafrost sont-elles imaginables ?
Les découvertes de deux personnages permettent de mettre fin à la famine dans le monde. « Dès le 15 mars, la culture de la plante nourricière est lancée, sur tous les continents, grâce aux dizaines de milliers de graines fournies gratuitement par le laboratoire. » Des années de travail qui ont payé. À ce jour, l’ensète, une plante d’Éthiopie, également nommée « fausse banane » est à l’étude. D’après une étude, publiée dans la revue Environnemental Research Letters, cette plante pourrait nourrir 100 millions de personnes dans un monde touché par le réchauffement climatique.
« Dans certaines conditions optimales, l’arbre croît d’un mètre par mois et la récolte des feuilles, très nutritives, est possible toutes les six semaines. Cent grammes de feuilles fournissant l’équivalent protéinique d’un œuf, et la quantité en fer d’un steak. […] Des recherches se poursuivent sur les propriétés pharmacologiques de Moringa qui, outre les effets antibactériens, serait utilisé comme hypotenseur, cicatrisant, anti-inflammatoire. »
Ce livre est terriblement d’actualité. Bien qu’il s’agisse d’une fiction, il donne à réfléchir. Difficile de constater que ce qui devrait se passer en 2050 s’est déjà produit cette année 2022. Véronique Ozanne dédie ce livre « aux Amoureux et Défenseurs de la Nature » et à « notre belle planète bleue ».
- Quel point commun entre une brebis et une chauve-souris ? La forteresse de Salses ! - 20 novembre 2024
- Film sur l’Homme de Tautavel : Quel jour et sur quelle chaîne sera diffusé le documentaire ? - 19 novembre 2024
- Début d’un blocage reconductible à la frontière entre la France et l’Espagne - 18 novembre 2024