Alors que les vacances d’été s’achèvent, la Dares a publié quatre rapports concernant la santé mentale et les conditions de travail des personnes occupant un emploi, le chômage et la précarité professionnelle.
Ces rapports ont été réalisés dans le cadre d’un appel à projets de recherches qualitatives et quantitatives, lancé en 2019 et financé par la Dares et la Drees.
L’intensification du travail joue sur la santé mentale…
Dans leur rapport, les auteurs mettent en avant les effets néfastes d’une forte intensité de travail. En effet, les conditions de travail ont un rôle à la fois significatif et important sur l’état de santé des travailleurs. Ceux qui sont exposés à une forte pression et qui n’ont qu’une faible latitude décisionnelle ont une santé mentale plus dégradée. À l’inverse, les travailleurs peu soumis à un travail intense et profitant d’une grande autonomie ont une meilleure santé mentale.
Des différences apparaissent selon le sexe et le statut social : les femmes sont plus nombreuses à avoir une santé mentale dégradée et les plus diplômées ont un risque de dépression moins élevé que les autres. En revanche, l’âge ne semble pas avoir d’incidence sur la survenue d’un épisode dépressif.
… tout comme l’automatisation
Les travailleurs qui ont un travail automatisable sont plus nombreux à déclarer une santé mentale dégradée que les autres. Une raison peut expliquer cela : ils se sentent davantage en danger et ont peur de perdre leur emploi, de devoir changer de qualification ou de profession au cours des trois prochaines années. Ils sont aussi plus exposés à une surcharge de travail.
Le télétravail s’est fortement développé durant la crise sanitaire et peut également avoir des conséquences négatives sur la santé, notamment pour les seniors. La vigilance est de mise face à une dégradation du sommeil et une perte d’énergie. Il faut tout de même noter une différence entre le télétravail subi et le télétravail choisi. La probabilité de déclarer une santé mentale dégradée est plus élevée dans le premier cas.
Le chômage : une expérience traumatisante pour la santé mentale
Être au chômage peut représenter un soulagement momentané puisque cette situation survient parfois après une expérience de travail difficile. Le début de la période de chômage peut donc être associé à une amélioration de la santé mentale. Cependant, si cette période s’inscrit dans le temps, des difficultés peuvent apparaître. Elles se caractérisent par l’apparition de troubles qui avaient été compensés par le travail.
Selon les auteurs du rapport, le travail agit comme un médiateur entre l’individu et l’organisation sociale. Il est même central dans la construction de la santé mentale des individus. Mais le chômage ne signifie pas obligatoirement une cessation de l’activité des demandeurs d’emploi. En effet, s’il s’agit d’une perte d’emploi involontaire, ces derniers peuvent s’investir dans diverses activités (associatives, artistiques…). Toutefois, quelle que soit l’activité exercée, elle ne peut jamais remplacer le travail car elle n’induit pas les mêmes dimensions de reconnaissance que l’activité professionnelle.
Le rôle de France Travail
Les agents de France Travail ont pour mission d’accompagner les demandeurs d’emploi en les encourageant à rechercher un travail et à construire un projet professionnel. Ils doivent également être à l’écoute des chômeurs afin de mieux comprendre leurs difficultés.
Si le premier rôle peut avoir des effets négatifs sur la santé mentale, le second est beaucoup plus positif car il peut aider les demandeurs d’emploi à préserver leur dignité. Les agents de France Travail interrogés pour l’étude ont affirmé favoriser l’écoute.