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Santé mentale chez les jeunes : un sentiment de bien-être de plus en plus rare

Santé mentale chez les jeunes : un sentiment de bien-être de plus en plus rare

Article mis à jour le 24 novembre 2024 à 08:57

Alors que Michel Barnier a érigé la santé mentale en grande cause nationale pour 2025, et à l’approche de la journée mondiale de la santé mentale du 10 octobre 2024, plusieurs études soulignent une dégradation alarmante du bien-être chez les jeunes. Comment se sentent-ils réellement ? Quel est le rôle des écrans dans cette situation ? Photo © Eric Ward / Unsplash.

Les garçons se sentent mieux que les filles

Selon une enquête nationale publiée le 9 avril 2024*, un adolescent sur sept présente un risque élevé de dépression, un phénomène particulièrement marqué chez les jeunes filles.

En 2022, 86 % des collégiens et 83 % des lycéens se déclaraient « en bonne ou excellente santé ». Toutefois, à tous les niveaux de scolarité, les garçons se jugent en meilleure santé que les filles. Ainsi, au collège, 90 % des garçons estiment leur santé bonne ou excellente, contre 82 % des filles. Au lycée, cette différence perdure, avec 90 % des garçons contre 77 % des filles.

De manière générale, les garçons ont une perception plus positive de leur vie que les filles. En classe de 6e, 87,6 % des garçons jugent leur vie positivement, contre 80,9 % des filles. En 3e, cette perception baisse chez les filles, avec seulement 69,7 % d’entre elles exprimant un sentiment positif, contre 85,2 % des garçons. Toutefois, cette chute ne se poursuit pas au lycée pour les jeunes filles.

Une hausse inquiétante du taux de suicide

Ces observations se retrouvent dans les données relatives aux tentatives de suicide et autres comportements auto-infligés. Le taux d’hospitalisation pour les gestes auto-infligés chez les jeunes femmes de 10 à 24 ans a connu une hausse significative. Entre 2021 et 2022, le nombre d’hospitalisations en médecine et chirurgie a augmenté de 71 % chez les filles de 10 à 14 ans, de 44 % chez les 15-19 ans, et de 21 % chez les 20-24 ans.

En psychiatrie, la progression est encore plus marquée : les hospitalisations pour gestes auto-infligés ont bondi de 246 % pour les 10-14 ans, de 163 % pour les 15-19 ans, et de 106 % pour les 20-24 ans. Entre 2012 et 2020, le taux d’hospitalisation des jeunes filles en psychiatrie a doublé, puis a doublé de nouveau entre 2020 et 2022.

En 2021, 9,4 % des femmes de 18 à 24 ans ont déclaré avoir eu des pensées suicidaires au cours des douze mois précédents, contre 5 % des hommes du même âge. De plus, 12,8 % des jeunes femmes de cette tranche d’âge ont rapporté avoir tenté de se suicider au moins une fois, contre 5,8 % des jeunes hommes.

L’impact des écrans sur la santé mentale des jeunes

Le Bureau régional de l’OMS pour l’Europe révèle une hausse significative de l’usage problématique des réseaux sociaux chez les adolescents, avec 11 % d’entre eux présentant des comportements préoccupants. Les jeunes concernés par cette utilisation excessive rapportent un bien-être mental et social nettement inférieur à ceux n’ayant pas de problème avec les réseaux sociaux.

Outre le risque de dépendance, l’usage excessif des écrans est souvent corrélé à un manque de sommeil et à des heures de coucher tardives. Des comportements affectant la santé globale et les résultats scolaires chez les adolescents.

Pandémie, conflits armés, attentats, crise climatique, pression scolaire et risques liés à l’usage d’Internet et des réseaux sociaux sont autant de facteurs aggravants qui contribuent à la détérioration de la santé mentale des jeunes.

Quid des jeunes pris en charge par l’Aide Sociale à l’Enfance (ASE)

Selon un rapport de l’association Terra Nova, un enfant sur deux pris en charge par l’ASE présente au moins un trouble psychique, le plus souvent en lien avec des traumatismes subis : maltraitance, stress post-traumatique, violences physiques, verbales ou sexuelles, abandon…

L’accueil en famille ou en établissement est en lui-même difficile puisqu’il perturbe l’attachement, limite le contrôle des enfants sur leur propre vie et entraîne des déplacements fréquents. L’accès à un soutien psychologique reste rare et complexe. Pourtant, les soins psychiques représentent un besoin fondamental pour ces jeunes pris en charge par l’ASE. Ils peuvent les aider à surmonter des traumatismes et les soutenir dans leur construction.

Les enfants placés ont significativement plus de troubles mentaux que les enfants en population générale car ils ont souvent été victimes de négligence et de maltraitance. Leur souffrance se manifeste par des conduites agressives, des dégradations, des injures, des scarifications ou encore par la consommation de psychotropes.

* Enquête nationale en collèges et en lycées chez les adolescents sur la santé et les substances (EnCLASS 2022) effectuée par questionnaire auto-administré et anonyme qui a recueilli les réponses de 9 337 élèves du secondaire en 2022

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Pauline Garnier