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Saturation des déchets à Espira-de-l’Agly : la surélévation en solution ?

Gestion des déchets à Espira-de-l'Agly : un projet d'extension d'ici 2034

Article mis à jour le 8 juin 2023 à 15:49

Mardi 23 mai 2023, la Société de Valorisation du Languedoc-Roussillon présentait son projet à Espira-de-l’Agly pour répondre à la saturation, prévue en 2027, du site d’enfouissement des déchets ultimes. Pour ce site unique dans les Pyrénées-Orientales, l’enjeu est de poursuivre le traitement des déchets sans «grignoter» de nouvelles surfaces agricoles.

Dans le détail, la filiale de Veolia entend limiter progressivement le tonnage des déchets acceptés chaque année. Si la capacité actuelle d’enfouissement est de 130.000 tonnes par an, le site n’acceptera plus que 85.000 tonnes par an en 2028 selon Christophe Mateu, Directeur Développement Valorisation Innovation pour Veolia. Afin de permettre l’exploitation du site jusqu’en 2034, la solution envisagée est de surélever la hauteur des déchets de 12 mètres.

Comment aller au-delà de la saturation ?

Dans la salle Juan Cayrol du petit bourg, des panneaux explicatifs disposés en arc de cercle accompagnent la déambulation des participants. L’idée étant de présenter le rôle du site d’enfouissement, son activité quotidienne et la gestion du flux des déchets sur un espace qui arrive à saturation. Les agents de Veolia présents se désolent ; malgré l’ouverture du site en 2004, «trop peu de personnes le connaissent et savent ce que nous y faisons».

En 2027, le site d’enfouissement des déchets d’Espira-de-l’Agly aura atteint sa capacité maximale alors même que notre mode de vie continuera de générer des déchets. Pour résoudre l’équation, Veolia a trouvé la solution. L’entreprise spécialisée dans le traitement des déchets a décidé non pas de pousser les murs, mais de surélever les montagnes !

La question résonne dans toutes les bouches des riverains, «vous allez monter jusqu’à la cime du Canigou ?» La société de valorisation du Languedoc Roussillon rassure, «à l’issue de cette période d’autorisation de poursuite d’enfouissement, la surélévation sera de 12 mètres.» Une manière de reconstituer l’état originel de la colline, devenue carrière depuis l’exploitation par Lafarge. «Nous remettons en forme la colline initiale», estiment les membres du site.

Mais qu’est-ce qui est enfoui à Espira-de-l’Agly ?

Aujourd’hui, le site d’Espira-de-l’Agly reçoit les déchets ultimes non dangereux de l’ancienne région Languedoc-Roussillon. «Il s’agit de déchets qu’on ne peut pas réutiliser, recycler ou incinérer, ce sont des parties ultimes qu’il convient d’enfouir», précise Christophe Mateu. En clair, la décharge reçoit 84% du contenu des bennes «tout-venant» des déchetteries. Mais aussi les déchets produits par des entreprises privées ainsi que les résidus des incinérateurs de déchets ménagers, appelés mâchefers.

Le site d’Espira-de-l’Agly. Photo © Veolia.

En 2023, l’heure est au dialogue et à l’écoute des remarques

Venus se renseigner sur le projet, Jean-François et Bernard, tous deux riverains, sont inquiets quant à la multiplication des déchets volants. Malgré la grande cage qui s’apparente à une volière où les déchets transitent avant d’être enfouis, Jean-François l’assure, «il y a des déchets volatils dans les arbres». En discussion avec Christophe Mateu, ils en profitent pour confier leurs observations. «Quand on passe à côté [du site] ça sent le gaz», confie Bernard, au responsable du site de répondre, «oui, mais ça reste marginal.» Ce mardi-là, une soixantaine de personnes s’est déplacée à titre personnel ou professionnel pour s’approprier le sujet et connaître l’avenir des déchets ultimes.

L’année 2023 n’est encore qu’une phase de dialogue avec les parties prenantes institutionnelles, à savoir, les services de l’État, les élus, le Sydetom66*, les associations environnementales et l’ensemble des citoyens. Les portes ouvertes du site le 23 juin clôtureront cette première phase de participation citoyenne. La phase administrative du projet devrait s’étaler de février 2024 à décembre 2025.

«Écouter pour s’améliorer» était la directive de l’entreprise ce mardi soir. Plusieurs aspects du projet ont été abordés lors de la soirée, les thématiques étant différentes selon la proximité des citoyens touchés par le futur projet d’élévation de la colline de déchets. Pour certains, l’aspect visuel depuis la départementale est à rediscuter, pour d’autres comme Jean-François ou Bernard, c’est la multiplication des déchets volatils. Cette présentation était nécessaire pour la filiale de Veolia, abordée comme une «phase volontaire pour ne pas avoir d’opposition et montrer l’évolution du projet».

Que faire de nos déchets après 2034 ?

Après 2034, les déchets ne seront plus admissibles, mais ce n’est pas pour autant que le site sera laissé à l’abandon. Pendant plus d’une trentaine d’années, le site sera sujet à divers prélèvements et analyses. Philippe Fourcade, maire d’Espira-de-l’Agly, prévoit même une deuxième vie du site après 2034, «je pense que ça sera un vivier naturel dans 30 ans où on y trouvera des énergies.» Christophe Mateu confirme, «après 2034 techniquement c’est très compliqué, on ne pourra pas aller au-delà», le site arrivant à l’échéance ultime de son exploitation.

*Le Sydetom66 est un syndicat mixte dont la compétence principale est le traitement des déchets ménagers et assimilés.

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Maëlle Beaucourt