Article mis à jour le 21 juillet 2023 à 20:08
L’interpellation de deux hommes, dont un lourdement armé, devant une école de Perpignan fait bien mauvaise presse dans la plus grande ville remportée par le Rassemblement National. Après avoir fait campagne sur le retour de la sécurité à Perpignan, Louis Aliot s’est vu contraint d’annoncer un train de mesures ce mardi 15 septembre.
Retour de la police municipale dans les « quartiers » ; 7j/7 et 24h/24 à partir du 1er octobre. Pour tenter d’endiguer le trafic, Louis Aliot a signé un arrêté municipal rendant obligatoire la fermeture des épiceries de nuit entre 22h et 6h du matin ; sous peine d’une amende de 38€… Selon le maire, les échanges de coup de feu à 8h ce lundi seraient liés à « une querelle entre commerçants ».
Louis Aliot a également tenu à pointer la responsabilité du gouvernement de Jean Castex et de son nouveau ministre de l’Intérieur, Gérald Darmain dans le maintien de l’ordre. Il convie le Premier ministre et le Ministre de l’Intérieur à tenir à Perpignan les assises de la sécurité.
Pour le moment, pas de plainte contre l’État
Durant toute la campagne municipale, le candidat Louis Aliot déclarait :
« Moi, je ne veux pas d’une “Marseillisation” de Perpignan. Je peux vous dire que si le maire prenait le micro dans les médias nationaux, en disant que la population est en danger parce que l’État ne fait pas son boulot, l’État ferait son boulot ! Il faut prendre la presse nationale à témoin. Et puis, je me retournerai juridiquement contre l’État. Ce que ne fait pas aujourd’hui le maire. L’État sait bien comment ça se passe. Quand il est mis en accusation dans une affaire gravissime dans une ville, il essaye de faire quelque chose en mettant des effectifs supplémentaires !«
Interrogé sur l’opportunité de porter plainte contre l’État, le maire Louis Aliot pondère ses propos. « D’abord, l’arsenal juridique demande d’être bordé ». Louis Aliot avertit tout de même en pointant du doigt des « cités à problèmes comme celles de Saint-Mathieu ». Le maire a déjà reçu plus de 10 fois les habitants de ces quartiers ou des pétitions ; des démarches alertant systématiquement les services de l’État via la préfecture.
« Si la police nationale n’y est pas, la police municipale tentera d’y être le plus souvent possible ». Mais, prévient Louis Aliot, « face à des gangs organisés, faisons bien attention à ce que les habitants ne se fassent pas justice eux-mêmes ». Si cela arrivait, le maire insiste : « il faudra bien pointer les responsabilités, ça ne sera pas le maire ! Ce sera l’État qui est légalement responsable de la sécurité sur le territoire de la ville« .
Pour le moment, et malgré plusieurs passages dans les médias, Louis Aliot n’a pas encore été entendu pour des moyens supplémentaires à Perpignan.
Les mesures de sécurité annoncées pour Perpignan ce mardi 15 septembre
- Le retour de la police municipale dans les quartiers.
- Une police municipale 7J/7 et 24h/24 (à partir du 1er octobre).
- Des épiceries de nuit fermées de 22 heures à 6 heures du matin, sous peine d’une amende de 38€. Louis Aliot indique que 38€, c’est bien trop peu. « Si vous mettiez une amende de 1.500€ pour trafic de cigarettes, ils réfléchiraient à deux fois ».
- La mise en place d’un bouton d’appel d’urgence chez les commerçants.
- Pour pouvoir élargir la présence policière, le maire annonce le recrutement d’une vingtaine d’agents.
- L’élargissement du dispositif « voisins vigilants » à tous les quartiers de la ville.
- La mise en place d’un comité d’expertise sécurité à partir du mois d’octobre. « Il sera chargé d’évaluer les dispositifs mis en place et aussi d’élaborer des questionnaires pour aller vers des publics spécifiques ; dont les commerçants ».
- Poursuite de l’équipement de la ville en vidéoprotection.
- Le maire a également fait contrôler les 35 épiceries de nuit de Perpignan au lendemain des faits devant l’école Sainte-Thérèse.
Des mesures qui étaient pour certaines des promesses ; d’autres qui sont déjà en place aujourd’hui (voisins vigilants) et qui demandent à être mieux connues.
« Le sujet de la criminalité aujourd’hui est plus grave que ce que j’imaginais »
Élu depuis le 28 juin, Louis Aliot réclame à cor et à cri des moyens humains supplémentaires. « Ce sont des hommes de terrain qu’il nous faut ; du renseignement ». Interrogé sur le nombre d’hommes nécessaires pour pacifier Perpignan, Louis Aliot s’insurge. « Je ne sais pas, c’est l’État, je ne suis pas un spécialiste. Le sujet de la criminalité aujourd’hui est plus grave que ce que j’imaginais. Parce qu’il y a, sous couvert de légalité d’ouverture d’établissements, un certain nombre de réseaux qui viennent d’ailleurs et qui sont sur le terrain ».
Pour Louis Aliot, « c’est à l’Etat de faire appliquer la loi, même de façon brutale ». Reformulant à la demande d’une journaliste, Louis Aliot précise : « Quand les voyous ne veulent pas partir, il faut les faire partir. Quand vous avez des points de deal installés à demeure, il faut dégager les rues ».
Pour ce qui est de la police municipale, « elle est un soutien, elle aura les moyens. Nous, on sera bordé en matière de surveillance, en matière d’alerte pour que les forces de police soient informées. Maintenant, c’est à l’État et à la municipalité de mettre tout en œuvre pour qu’il ait un mieux ; pour que les citoyens se sentent tout simplement en sécurité ».
Rappel des faits du lundi 14 septembre
Pour Louis Aliot, « nous avons un problème qui a pour origine l’ouverture de commerces plus ou moins louches qui pratiquent des commerces illicites ». Parmi les infractions citées par le maire de Perpignan, présence de clandestins, trafic de cigarettes, de stupéfiant, travail dissimulé. Des commerces liés aux réseaux de clandestins, de prostitutions… Des pratiques qui engendrent de nombreuses nuisances, tapages nocturnes, ivresse de rue, règlements de compte. « Dans certains quartiers, ce sont les caïds qui font la loi, et pas la police ».
Les faits se sont produits aux abords des écoles primaires et maternelles Sainte-Thérèse et Jordi Barre. Ce lundi matin, à l’heure de déposer les enfants à l’école, un important dispositif policier a été mis en place afin d’interpeller deux hommes ; dont un lourdement armé. Alors que des coups de feu retentissaient au rond-point des Baléares, la police a pris en chasse les individus.
La course-poursuite a pris fin près du Palais des Rois de Majorque à l’heure de l’accueil des élèves en classe. Les forces de l’ordre ont dû sécuriser les deux écoles créant une panique parmi les parents ; comme cette maman déclarant au micro de France Bleu Roussillon avoir immédiatement pensé à un attentat.
À la sortie de l’école Sainte-Thérèse le lundi soir, le sujet était sur toutes les lèvres ; des enseignants aux parents, en passant par les enfants qui déclaraient avoir vu ce matin « un voleur arrêté par les policiers ».
> A lire l Grève | La brigade de nuit de la police municipale exige la prime promise par Louis Aliot
- Rétrospective Made in Perpignan : l’année 2024 au cœur des Pyrénées-Orientales en douze articles - 25 décembre 2024
- « D’une rive à l’autre », Hélène Legrais raconte l’arrivée des pieds-noirs à Port-Vendres - 22 décembre 2024
- Revue de presse du 22 décembre : Ils ont parlé de Perpignan et des Pyrénées-Orientales - 22 décembre 2024