Article mis à jour le 19 novembre 2024 à 12:29
Avec des prévisions qui annoncent une intensification des épisodes caniculaires d’ici 2050, les Pyrénées-Orientales, riches de leur double attractivité balnéaire et montagnarde, se retrouvent au cœur d’une problématique qui redéfinit l’avenir du tourisme local.
Publiée ce 19 novembre 2024, une analyse de l’Insee alerte sur l’exposition croissante des infrastructures touristiques de l’Occitanie aux fortes chaleurs.
Une région sous pression climatique
L’étude révèle que, dès 2030, le littoral méditerranéen et l’arrière-pays des Pyrénées-Orientales seront particulièrement concernés par des températures dépassant régulièrement les 30 °C. À l’horizon 2050, cette tendance s’étendra à une large partie de la région, avec plus de 35 journées annuelles très chaudes et plus de 50 nuits tropicales (où la température ne descend pas sous les 20 °C) prévues dans de nombreuses zones touristiques. Selon le rapport, 72 % des lits touristiques des hébergements collectifs de la région seront alors situés dans des zones fréquemment exposées aux fortes chaleurs.
Dans les Pyrénées-Orientales, les campings, largement présents sur le littoral, sont en première ligne. Les campings concentrent 76 % de leurs capacités dans des zones à risque dès 2030, particulièrement les emplacements suréquipés comme les mobile-homes et bungalows. Ces derniers, souvent climatisés, peuvent mieux répondre aux attentes des touristes lors des périodes caniculaires, précise l’étude de l’Insee.
Une fréquentation touristique menacée
Si les touristes étrangers et français continuent de plébisciter l’Occitanie, notamment pour ses plages et ses paysages variés, les comportements évoluent déjà. Les épisodes caniculaires des étés 2018 et 2019 ont marqué un tournant, incitant certains voyageurs à se détourner des destinations méditerranéennes pour privilégier les côtes plus fraîches de la Bretagne ou de la Normandie. Cette tendance, accentuée par les étés récents où le mercure a fréquemment dépassé les 35 °C dans les Pyrénées-Orientales, pourrait fragiliser le modèle économique local.
Des impacts en montagne et dans l’arrière-pays
Les Pyrénées, pourtant moins exposées aux fortes chaleurs, subissent d’autres effets du réchauffement. La hausse des températures dans le massif pyrénéen (+2,6 °C à l’horizon 2050 par rapport à 1976-2005) menace directement les stations de ski, déjà fragilisées par des saisons plus courtes et une réduction de l’enneigement. À terme, certaines stations pourraient perdre jusqu’à 40 % de leur manteau neigeux, indique l’Insee, rendant la viabilité économique de ces infrastructures incertaine.
En été, l’arrière-pays des Pyrénées-Orientales, avec ses rivières et ses activités liées à l’eau, fait face à une autre problématique : la baisse du niveau des cours d’eau, observée lors des sécheresses récentes, pourrait compromettre des secteurs comme le canyoning ou le rafting.
Des hébergements inégalement préparés
L’étude souligne de fortes disparités entre les différents types d’hébergements touristiques. Les campings haut de gamme, avec piscine et climatisation, se montrent plus résilients face aux canicules. En revanche, les hôtels de catégories économiques, particulièrement présents en milieu urbain, pourraient souffrir davantage. Selon l’Insee, 62 % des lits hôteliers dans la région seront situés en zones fortement exposées d’ici 2050.
Les résidences secondaires, qui jouent un rôle clé dans l’économie touristique de la région, verront également leur situation évoluer. En 2022, seulement 2 % de ces logements étaient situés dans des zones fréquemment soumises aux fortes chaleurs. Ce chiffre atteindra 61 % à l’horizon 2050, entraînant des défis d’adaptation pour leurs propriétaires.
Une nécessaire adaptation du modèle touristique
Les acteurs locaux du tourisme sont confrontés à un dilemme : comment maintenir l’attractivité de la destination tout en répondant aux défis climatiques ? Pour le littoral, cela passe par des infrastructures adaptées aux conditions caniculaires, mais aussi par une diversification des activités, notamment hors-saison.
En montagne, les pistes d’adaptation incluent la reconversion des stations de ski vers des activités estivales (randonnée, VTT, bien-être), mais aussi une gestion plus durable des ressources naturelles.
Enjeux pour les Pyrénées-Orientales
Dans les Pyrénées-Orientales, le tourisme représente un pilier économique. À lui seul, il génère une part importante de l’emploi marchand, notamment dans les zones rurales et montagneuses. Les collectivités et professionnels du secteur sont appelés à s’organiser dès à présent pour anticiper ces bouleversements. Une adaptation rapide est indispensable pour maintenir une fréquentation touristique durable tout en préservant les ressources et les paysages qui font la richesse de la région, conclut l’étude.
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