Article mis à jour le 8 septembre 2022 à 14:40
L’idée pourrait paraître insolite et pourtant ce mode de transport, développé dans de nombreuses villes à travers le monde a un succès certain. La possibilité d’implanter un téléphérique à Perpignan est à l’étude dans l’Agence de Développement Économique. Bien que l’objet de nombreuses moqueries depuis qu’il a été révélé au public, ce projet est l’occasion de revenir sur les différentes options de transports en commun qui s’offrent à une ville. Mais aussi de savoir si notre Tramontane serait un obstacle au téléphérique de Perpignan.
♦ Le projet de Pyrénées-Méditerranée-Invest (PMI)
Le projet prévoit une ligne de transport par câble qui relierait l’hôpital de Perpignan à Canet-Plage. Selon le quotidien local, trois stations intermédiaires seraient envisagées, le centre-ville, l’Université, et Technosud. Prenant exemple sur le téléphérique de Brest, qui sera mis en service dès le mois d’octobre 2016, Laurent Gauze, président de PMI, rappelait qu’il fallait répondre à la problématique des transports urbains par une vision nouvelle et résolument tournée vers l’avenir. Et le transport par câble répond à cet enjeu en étant « trois fois moins cher que le tramway ». Actuellement en France plus d’une vingtaine de villes étudient sérieusement cette alternative pour le transport urbain.
♦ Métro, Tramway, Bus, Téléphérique ?
La solution bus collectif actuellement en place à Perpignan ne peut être développée pour cause d’encombrement, chacun aura constaté que l’espace n’est pas extensible et que la route partagée entre ses nombreux usagers actuels devient de moins en moins praticable.
Quelles options pour répondre à la problématique transport collectif urbain ? Certes l’investissement initial est différent si on tient compte de la topologie de la ville, toutefois le métro et le tramway engendre des coûts initiaux importants et peu adaptés à une ville de taille moyenne comme Perpignan. Le tramway, adopté par de nombreuses communes en France de taille similaire à Perpignan, Nice, Strasbourg … ne règle pas le problème de la congestion du trafic routier car il a une emprise au sol certaine.
Le transport par câble apporte une solution qui a déjà été utilisé dans de nombreuses villes à travers le monde et dont la France détient le savoir-faire technologique. Rappelons ainsi que la Société grenobloise Poma, leader mondial du transport par câble présente à travers 80 pays dont le Téléphérique de New York, transporte 6 Millions d’utilisateurs par heure.
♦ La Tramontane, un obstacle ?
Le rapport de 2011 « Transports par câbles aériens en milieu urbain et périurbain : quel domaine de pertinence en France ? » établi par le ministère de l’écologie indiquait :
« Les aléas météorologiques, essentiellement le vent, sont les principales causes d’interruption du service. Leur impact effectif sur l’exploitation reste relatif et les limites que doivent respecter les différents systèmes de transport par câble en la matière sont variables : les vitesses de vent maximales respectées en exploitation varient de 70 à 90 km/h environ suivant les technologies (voire 110 km/h pour certaines installations particulières), les installations bicâbles et tricâbles offrant globalement une meilleure stabilité au vent ».
À Perpignan les relevés de 1981 à 2010 montrent font état de seulement 11 jours de vent accompagné de rafales de plus de 100Km/heure. Et 134 jours par an de vent soufflant à plus de 57Km/Heure. Ce qui fait de notre pays l’un des plus exposé au vent en France.
♦ Obligation d’agir pour les collectivités
Jean Jouzel, en visite à Tautavel pour une conférence rappelait le rôle primordial des collectivités particulièrement au niveau des transports ou de l’amélioration de l’habitat qui, avec l’alimentation, constituent les causes principales d’émission de gaz à effet de serre. Selon le graphique ci-dessous, les transports par câble type téléphériques sont les transports les moins émetteurs en gaz à effet de serre.
♦ Résultat du sondage lancé par l’indépendant
Les résultats du sondage de notre confrère l’indépendant montrent que sur près de 1.000 votants, il y a une presque égalité entre ceux qui sont « pour le projet » (45,5%) et ceux qui sont « contre le projet » (45,6%). 8,9% des votants optent pour ne pas se prononcer.
♦ Réactions de la population au lancement du projet par l’ADE
Les commentaires sont quant à eux bien tranchés et prennent la nouvelle avec un certain humour, imaginant que le pendant de ce téléphérique pourrait être « une piste de bobsleigh le long du Tech ». D’autres plus nombreux se désolent de l’état de la commune et dénoncent le projet en le qualifiant de « mégalo' » ou « d’inutile ». D’autres encore s’inquiètent de la construction de pylônes au milieu d’une « ville médiévale où les maisons sont entassées et les rues très étroites et sinueuses ». Compte tenu du succès des différentes publications sur le sujet, on peut dire que le projet a au moins le mérite d’interpeller.