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Visa pour l’Image édition 2023 : « L’envie de voir le monde. Le vrai »

Pour sa 35e éditions, Visa Pour l'image montre toujours la réalité d'un monde en souffrance

Article mis à jour le 8 septembre 2023 à 09:24

À Perpignan, la 35e édition du festival Visa Pour l’image se tiendra du 2 au 17 septembre 2023. Ce 17 mai, son fondateur et directeur artistique, Jean-François Leroy dévoilait une partie des 25 expositions.

Si Visa pour l’Image 2023 réserve une place importante à la guerre en Ukraine, les conséquences des dérèglements climatiques, les révoltes en Iran, la situation des femmes afghanes ou encore les migrations s’exposeront à Perpignan. Sans oublier, les enjeux liés à l’émergence de l’intelligence artificielle dans la création et la diffusion d’images et donc dans l’information. Retour sur la présentation du préprogramme du festival international de photojournalisme.

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L’ingérence de l’homme sur la nature s’affiche sur les murs de Visa pour l’Image 2023

Il a 89 ans et considère Visa comme «le Graal pour la profession». Le photojournaliste anglais de l’agence Magnum Ian Berry ne cache pas son enthousiasme à l’occasion de sa troisième participation au festival avec «Water», un reportage de plusieurs années sur l’ingérence de l’homme dans la nature. «La construction de barrages, l’irrigation et la pollution, les effets sur le cours et le débit des fleuves, et les conséquences pour les populations locales». À l’heure où les Pyrénées-Orientales vivent une sécheresse historique, où certains craignent de ne pouvoir remplir leur piscine cet été, ce travail journalistique pourrait élargir et nuancer les perspectives.

Jean-François Leroy a également confirmé l’exposition de James Balog qui a étudié l’Anthropocène, cette nouvelle époque géologique caractérisée par l’avènement des hommes comme principale force de changement sur Terre.

Déplacés de Louisiane, sans-abri californiens et montée de l’extrême droite, un certain portrait de l’Amérique

Pour son édition 2023, Visa pour l’Image mettra en lumière des facettes des États-Unis bien éloignées du rêve américain vanté par la première puissance mondiale. «Louisiane : les premiers réfugiés climatiques des États-Unis», de la photojournaliste française Sandra Mehl, dépeint le destin des habitants de cette île à 130km au sud de la Nouvelle Orléans qui sombre peu à peu et a perdu 98% de sa surface depuis 1998. Contraints de tout abandonner, ces relogés sont officiellement les premiers réfugiés climatiques des États-Unis.

Darca Padilla, lauréate de la bourse Canon en 2013, dévoile son projet au long cours et en noir et blanc sur le sort des sans-abri en Californie. Selon les estimations, 115.000 personnes sont sans domicile en Californie. «Depuis plus d’une décennie, l’État de Californie détient le triste record du nombre de sans-abri aux États-Unis».

Jean-François Leroy a également évoqué le travail de Mark Peterson. Ce photographe de Redux Pictures documente depuis neuf ans la montée de l’extrême droit aux Etats-Unis ; des groupements néonazis des Proud Boys à la tentative d’envahissement du Capitole en 2021. «Un travail très singulier que nous trouvons très important» souligne Jean-Francois Leroy.

Une rétrospective sur les «années Visa» de Paolo Pellegrin

«Paolo Pellegrin est un de nos compagnons les plus fidèles, on a grandi ensemble», s’émeut Jean-François Leroy. Le photojournaliste italien, qui a exposé pour la première fois au festival en 1990, aura le droit à une rétrospective de ses «années Visa». Le directeur du festival ne compte plus tous les «sujets réalisés avec lui, que ce soit en exposition ou en projection».

Le directeur du festival a également annoncé la présence de Giles Clarke pour son reportage au Soudan, Emily Garthwaite et ses clichés le long du Tigre, Ebrahim Noroozi pour son immersion dans l’Afghanistan des Talibans, ainsi que Natalya Saprunova, lauréate de la bourse Canon de la femme photojournaliste en 2022, et ses photos dans le nord de la Russie avec le peuple yakoute.

Expositions, projections, mais aussi 150.000€ de bourses et prix aux photojournalistes

C’est désormais un rituel du festival, les Visa d’or récompenseront les meilleurs reportages. Parmi les mécènes, la Ville de Perpignan, le département des Pyrénées-Orientales ou la Région Occitanie décernent respectivement 8.000€ aux lauréats du Prix Rémi Ochlik, des Visa d’Or news ou magazine. Le directeur du festival a fait le calcul. Chaque année, bourses et prix permettent aux partenaires de contribuer à la création de photoreportages informatifs à hauteur de 150.000€. En 2023, le festival a conclu un partenariat avec Le Figaro Magazine, dont Jean-François Leroy se réjouit, «Le Figaro Magazine est le plus gros journal de reportage». Et pour la 34e année, Canon sera une nouvelle fois partenaire du festival, un soutien que Jean-François Leroy qualifie d’«historique».

L’Intelligence Artificielle, nouvel ennemi du photojournalisme ?

Alors que, depuis de nombreuses années, les fakes news et autres manipulations de l’image sont légion, l’année 2023 a vu l’émergence pour le grand public de l’intelligence artificielle. Des outils tels que ChatGPT ou Midjourney permettent en quelques clics de créer texte ou image. Les conférences dans le cadre du festival feront un focus sur l’Intelligence Artificielle. «L’IA pose d’énormes problèmes dans le photojournalisme», regrette le directeur du festival. Pour sensibiliser aux enjeux de l’IA, le festival a aussi fait le choix de recréer des affiches historiques de Visa. Quant à Jean-François Leroy, il entend peser pour que les pouvoirs publics légifèrent pour contraindre à la transparence quant à l’usage de ces outils.

Dans son édito de 2023, Jean-François Leroy revenait sur le photojournalisme, l’IA et l’importance de poursuivre le travail du festival. «La photographie n’a pas attendu Midjourney et consorts pour être menacée, bouleversée, et surtout trafiquée. Émergence de la photo numérique et des outils de retouche, mort des agences d’archives au profit de celles de stock par abonnement (elles-mêmes désormais fragilisées par lesdites IA génératives), multiplication des diffuseurs et dilution de la valeur d’une image avec les smartphones… Et pourtant, le photojournalisme est toujours là. Pourquoi ? Parce que ce qui nous rassemble à Perpignan, c’est l’envie de voir le monde. Le vrai.»

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Hugo Hancewicz