Article mis à jour le 11 novembre 2024 à 08:30
À moins de dix jours de la manifestation contre les violences faites aux femmes, le ministère de l’Intérieur publie, ce 16 novembre, les chiffres des violences conjugales enregistrés en 2022. Et les Pyrénées-Orientales figurent tristement dans le top 10 des départements avec le plus grand nombre de victimes.
En 2022, pour 1.000 femmes âgées entre 15 et 64 ans des Pyrénées-Orientales, les services de police et de gendarmerie comptabilisaient 11,8 victimes de violences conjugales. Selon Damien Albanell, représentant le syndicat de police FPIP*, «il ne se passe pas une nuit sans que la police ne soit sollicitée pour un cas de violences conjugales.»
Précarité, dépression, ruralité autant de facteurs qui contribuent à faire des P.-O. un des départements les plus touchés par les violences conjugales
Selon Martine du collectif des droits des femmes 66, la misère, la dépression, l’alcoolémie sont autant de causes qui participent aux violences conjugales. Mais insiste Martine, les violences conjugales touchent tous les milieux, pas seulement les milieux populaires. Même si elle ne revendique aucunes données scientifiques, la militante évoque également un territoire «déshérité» où les dispositifs d’aide et de prévention ne parviennent pas à toucher les victimes.
Martine se dit déçue par l’absence de résultats malgré le Grenelle des violences faites aux femmes lancé en 2019 à grands coups de communication. «Encore aujourd’hui, les travailleurs et travailleuses sociales nous font remonter des problèmes d’accueil au commissariat ou des difficultés à porter plainte.»
Sans oublier le volet d’éducation ou de prévention auprès des plus jeunes. Selon le Collectif des droits des femmes 66, il y a un manque d’écoute. Plus encore, les associations auraient du mal à organiser des temps de sensibilisation auprès des lycéens et collégiens des Pyrénées-Orientales. «Il y a un défi d’éducation auprès de nos ados !»
Martine concède que le Grenelle a permis un certain nombre d’avancées et surtout sur le volet législatif. Mais le compte n’y est pas. «Les associations sont sur le terrain, mais les chiffres sont là, l’Apex des Pyrénées-Orientales a reçu 300 femmes. À l’échelle des Pyrénées-Orientales, je trouve que c’est énorme. Et encore, elles sont 300 à s’être manifestées, combien sontelles à ne pas le faire ?» Pas de réponse pour Martine qui affiche sa déception.
«On y a beaucoup cru. Mais bon, l’investissement n’a pas été à la hauteur de la promesse. Alors pourquoi en France, les hommes continuent à tabasser leurs femmes ? Je ne sais pas, ce que je sais c’est qu’en Espagne, ils ont obtenu des résultats et on ne peut pas dire que, psychologiquement ou culturellement, ils soient moins machos que nous. Non, en Espagne, ils ont des résultats parce qu’il y a eu beaucoup d’argent mis sur la table.»
En France, 244.000 victimes de violences conjugales, un chiffre en hausse de 15% par rapport à 2021
D’après le ministère, la hausse du nombre de victimes serait liée à la libération de la parole et à une «amélioration de l’accueil» des victimes. «Dans un contexte de libération de la parole et d’amélioration des conditions d’accueil des victimes par les services de police et de gendarmerie, le nombre de victimes enregistrées a ainsi doublé depuis 2016.»
Le rapport précise que «dans la grande majorité des cas, il s’agit de violences physiques (66 % des victimes), le plus souvent sans incapacité totale de travail (ITT) (40% des victimes). Les violences avec une ITT ne dépassant pas 8 jours, ou aggravées par une autre circonstance, en plus du caractère conjugal, sont près de deux fois moins nombreuses (23% des victimes). Les violences physiques criminelles (homicides, tortures ou actes de barbarie) restent très rares (moins de 1%).»
En France métropolitaine, c’est le département de la Seine Saint-Denis qui affiche le plus grand nombre de victimes, avec 14 femmes victimes pour 1.000 habitantes. Les départements du Var, des Alpes Maritimes, du Nord et du Pas-de-Calais complètent le triste palmarès du nombre de victimes conjugales. La Vendée, Paris et le Puy-de-Dôme sont les départements ou les victimes de violences conjugales sont les moins nombreuses. La moyenne nationale est de 9,8 victimes pour 1.000 habitants.
Le rapport du ministère de l’intérieur fait apparaître 198.000 mis en cause pour violences conjugales, dont 87% sont des hommes. 83% sont de nationalité de française, 13% ont moins de 25 ans et environ la moitié a entre 30 et 45 ans.
En 2022, près de 150 féminicides en France
Parmi ces femmes décédées sous les coups de leur conjoint, compagnon ou ex, Larisa avait 40 ans. Elle a été retrouvée morte le 29 octobre 2022 à Ille-sur-Têt. Les associations féministes qui publient ces décomptes macabres précisent que Larisa était la 90e victime de 2022.
Le 25 novembre, pour la journée internationale des violences faites aux femmes, la manifestation débutera à 18h au départ de la Place République à Perpignan.
*FPIP, Fédération professionnelle indépendante de la police.
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