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Violences conjugales – Quand discours et communication ne suffisent plus

Violences conjugales

Article mis à jour le 20 novembre 2020 à 01:22

Le 3 septembre 2019 débutait le Grenelle des violences conjugales. Celui-ci se tiendra jusqu’au 25 novembre afin d’établir un plan stratégique quinquennal. C’est dans ce cadre qu’est organisée une concertation locale dans les Pyrénées-Orientales. Dès la première année de son mandat, le président de la République Emmanuel Macron a fait de l’égalité entre les femmes et les hommes l’une de ses priorités. Épaulé par Marlène Schiappa, il s’est engagé à lutter contre les violences conjugales.

Malgré les annonces et les déclarations, les associations réunies dans le Collectif Droits Des Femmes 66 (CDDF66*) dénoncent « des dispositifs de prévention toujours déficients !« . Le collectif en appelle à une marche blanche le samedi 7 septembre, départ à 17 heures place de Catalogne.

♦ En 2018, 13 femmes décédées en Occitanie dont une dans les Pyrénées-Orientales

Sur les 121 femmes décédées sous les coups de leur partenaire ou ex partenaire en 2018, 13** habitaient la région Occitanie dont une dans les Pyrénées-Orientales. Toujours en 2018, ce sont 3.893 faits de violence au sein du couple qui ont été enregistrés par les services de la gendarmerie. En date du 3 septembre 2019, les violences conjugales auraient provoqué le décès de 101 femmes. 14 d’entre elles étaient originaires d’Occitanie, 3 des Pyrénées-Orientales. Et ce sont presque 11 000 femmes qui ont été prises en charge par les associations.

Philippe Chopin, préfet du département ainsi que Jean-Jacques Fagni, procureur de la République, se sont engagés dans cette mobilisation nationale en organisant une consultation conjointe des acteurs investis auprès des femmes victimes de violences. Le but est de proposer des actions concrètes pour lutter contre les violences conjugales et d’établir des recommandations de politiques publiques. Le jeudi 19 septembre, deux réunions seront organisées dans le département des Pyrénées-Orientales.

La première rassemblera les services de l’État et des structures institutionnelles tandis que la seconde donnera la parole aux associations d’aide aux victimes. Le mercredi 9 octobre, les acteurs institutionnels et les élus se retrouveront afin de valider la synthèse des propositions départementales. Elles seront ensuite transmises aux différents ministères. À l’issue de ce comité de pilotage de clôture, une conférence de presse présidée par Philippe Chopin est prévue.

♦ Emmanuel Macron témoin impuissant d’un grave dysfonctionnement du système via le 3919

Ce numéro, mis en place dès 2014, gratuit, anonyme et ouvert 7/7, permet d’aiguiller, de conseiller, voire d’alerter les victimes, leur entourage ou les professionnels.

Emmanuel Macron a souhaité rendre visite à un des centres d’appels du 3919. Équipé d’un double casque, il a pu être le témoin silencieux de l’appel d’une victime. Cette victime contactait le 3919 en direct d’une gendarmerie. La victime venait de porter plainte contre son mari après 40 ans de mariage. De ce fait, elle souhaitait être accompagnée par un gendarme afin de pouvoir récupérer ses effets personnels en toute sécurité. Or le gendarme refusait, sous prétexte que cela n’était pas inscrit sur le code pénal. Malgré l’insistance de l’opératrice, et le danger imminent, aucune solution n’a pu être trouvée.

Ce n’est malheureusement pas le seul exemple de « non-assistance à personne en danger ». On ne compte plus les refus de dépôt de plainte au profit d’une simple main courante. Ou encore le manque de places disponibles pour mettre à l’abri les victimes, ou encore les besoins en prévention.

Le 5 juillet dernier, le CDDF66 rappelait que Christelle de Gaillande mourait tuée par les coups de couteau de son compagnon, avenue de Prades. « Et la liste macabre des féminicides ne cesse de s’allonger : plus de 101 meurtres de femmes en 2019 ! ».

♦ Violences conjugales – Grande cause nationale et petits moyens ?

La lutte contre les violences conjugales a été consacrée « Grande cause nationale » par le chef de l’Etat pour la durée du quinquennat. Malgré des mesures concrètes mises en place par le gouvernement depuis deux ans, les violences sexistes et sexuelles persistent. Les chiffres sont alarmants. En 2018, tous les trois jours, une femme est morte sous les coups de son conjoint ou ex-conjoint. En septembre 2019, le nombre de féminicides dépassait la barre des 100. Plus de 200 000 femmes*** sont victimes de violences conjugales chaque année.

Ce Grenelle a pour ambition de trouver des solutions encore plus efficaces pour mettre fin à ces violences et protéger les victimes. Il réunira des ministres, des familles de victimes, des associations, des services publics et des acteurs de terrain. Des réunions locales seront organisées par les préfectures à l’initiative du gouvernement et de Marlène Schiappa. Des groupes de travail seront mis en place. Ils réuniront des acteurs compétents en matière de lutte contre les violences ainsi que les grands réseaux associatifs.

Malgré le qualificatif de grande cause nationale, les associations mais aussi le Haut Conseil à l’Egalité (HCE) entre les hommes et les femmes, dénoncent le manque d’ambition budgétaire contre le fléau des violences faites aux femmes.

Le rapport intitulé « Où est l’argent contre les violences faites aux femmes ? » pointe un budget qui « reste restreint et insuffisant au regard des besoins identifiés« . L’instance consultative et indépendante indique qu’il faudrait multiplier par 6 le montant consacré à cette cause. L’augmentation significative de cette enveloppe permettrait d’assurer aux femmes victimes de violences conjugales un réel accès à leurs droits.

♦ Les besoins en financement préconisés par le HCE

Il faut selon le HCE renforcer les moyens afin :

  • d’adapter certains dispositifs de droit commun. Tel que l’hébergement spécialisé par exemple (40% du besoin total estimé, soit 193,6 millions d’euros contre 40,7 aujourd’hui),
  • de permettre le renforcement des associations spécialisées (40% du besoin total estimé, soit 193,2 millions d’euros contre 15 aujourd’hui). Véritables pierres angulaires dans le parcours de sortie des femmes victimes de violences, les associations œuvrant pour les droits des femmes en France disposent aujourd’hui de ressources financières trop limitées pour pouvoir mener à bien leurs activités.

♦ Une campagne d’envergure nationale

Sur le plan national, les médias se sont impliqués en diffusant des témoignages de victimes et de familles de victimes. De nombreuses personnalités dont Sylvie Tellier, Louane, Tatiana de Rosnay, Christophe Beaugrand, Harry Roselmack ont accepté de participer à une vidéo réalisée par l’agence BETC pour dénoncer les violences conjugales. D’autres personnalités soutiennent cette cause. Caroline Laguerre, Les Histoires Courtes, Gomargu ou encore Lucy Macaroni ont réalisé des illustrations sur le thème des violences sexuelles et sexistes qu’ils ont ensuite partagées sur les réseaux sociaux. L’influenceuse sportive Mathilde DRG a réalisé le 3 septembre un GPS drawing avec son club sportif.

Enfin, les citoyens sont également invités à afficher leur soutien via les réseaux sociaux : Facebook, Instagram, Snapchat. Le but est de mobiliser le plus de monde possible au niveau national pour stopper ces violences conjugales. 

Un seul numéro à retenir pour agir et réagir : le 3919. Anonyme et gratuit, il accompagne et oriente les victimes mais aussi les témoins. Une plate-forme de signalement en ligne est accessible 24h/24h à l’adresse www.signalement-violences-sexuelles-sexistes.gouv.fr. Enfin, depuis le 30 août, un site web www.arretonslesviolences.gouv.fr apporte des informations aux victimes. Il est important que ces outils soient connus de tous pour en finir avec les violences sexuelles et sexistes et ainsi sauver des vies.

*CDDF66 : APEX, LGBT+66, LDH, Planning Familial, Femmes Solidaires, Idem Genre, MRAP 66, Jove movement feminista, EELV, NPA, PCF, CNT, FSU66, Solidaires, SUD, CGT, ATTAC.
** Données issues de l’étude nationale sur les morts violentes au sein du couple du ministère de l’Intérieur.
***Données issues de l’enquête « Cadre de vie et sécurité » réalisée entre 2012 et 2018 par l’INSEE-ONDRP.

♦ Que sais-je sur le Collectif #NousToutes et les violences sexistes et sexuelles faites aux femmes?

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Pauline Garnier