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Journée Européenne de la Mer – « Quoi qu’il arrive le littoral va continuer de s’éroder »

Article mis à jour le 28 décembre 2022 à 20:03

Retour sur le séminaire « Quel littoral pour demain ? » au lendemain de la journée européenne de la mer instaurée depuis 2008, dans le prolongement de la journée mondiale du 30 septembre. Un séminaire organisé par le Parc naturel marin du golfe du Lion et l’Observatoire de la cote sableuse qui a permis de réunir autour d’un même thème plus de 150 personnes, dont de nombreux spécialistes, acteurs privés et institutionnels. Un séminaire qui avait pour objectif d’imaginer et d’anticiper les adaptations de l’activité humaine face à « l’érosion irrémédiable » du littoral.

La mer prend le dessus sur le littoral 

Nicolas Robin enseignant chercheur au Centre de Formation et de Recherche sur les Environnements Méditerranéens (CEFREM), confirmait l’érosion irrémédiable des côtes sableuses, alors même que les effets du changement climatique ne sont pas mesurables sur ce phénomène. Avec plus de 30 millions de m3 de sable perdu entre 1984 et 2009, le littoral sableux du golfe du Lion connaît une érosion généralisée.

Entre 1895 et 1984, une étude menée par le CEFREM a constaté une augmentation de 4,1 millions de M³ de sable. Or depuis 1984, ce sont 30,3 millions de M³ de sables qui ont disparu du littoral sableux du golfe du Lion. En moins de 20 ans, les volumes perdus sont sept plus importants que ceux gagnés durant tout le siècle précédent.

Henri Got, grand témoin du séminaire

Le président du Conseil de Développement Durable de la Perpignan Méditerranée Métropole était le grand témoin du séminaire. L’enseignant en biologie marine revenait sur un chiffre alarmant souvent avancé par les scientifiques, une hausse du niveau de la mer qui varie selon les études entre 65 cm et 1 mètre ! Parmi les maires présents au séminaire, Pierre Roig, premier magistrat de Sainte Marie la Mer, qui est la commune où le phénomène du « recul du trait de côte » se fait le plus sentir dans le département. Nombreux sont les élus à avoir pris conscience du danger de l’érosion sur « Les biens humains mais aussi sur la biodiversité particulièrement celle du système lagunaire. L’érosion des zones sableuses entraîne l’encaissement de l’eau de mer sur la lagune très sensible ». Les spécialistes de la biodiversité invités au séminaire évoquent la disparition du gravelot, cet oiseau qui niche sur la lagune entre Canet en Roussillon et Leucate.

Les conséquences de l’érosion sont évidentes pour la sécurité des habitants, les élus rappelant le drame de la tempête Xynthia, qui durant l’hiver 2010 a fait 59 victimes et 2 milliards d’euros de dégâts matériels. Malgré cet épisode, Pierre Roig revient sur la difficulté de préemption par l’état de biens menacés à moyen ou long terme par la montée de la mer. « On aurait pu préempter ces biens, mais la situation du marché immobilier nous en empêche ». Dans le département, trois zones sont particulièrement touchées par les assauts de la mer lors des tempêtes hivernales : Sainte Marie la Mer, Le Racou, et Le Barcarès.

♦ « Le schéma du mythe du développement sûr »

Marie Rajkowski-Roirand, étudiante en Master Gestion des Patrimoines et des Territoires Touristiques, aujourd’hui doctorante, évoquait les conséquences de la tempête Xynthia et les impacts sociaux de l’érosion du littoral sur les populations. Elle revenait sur le mythe qui conduit à « une impression de maîtrise de l’aléa naturel » proportionnel au développement des techniques de protections (digues…). Ce sentiment et l’occupation croissante des zones à fort risque d’inondation conduisent à « une perte de vigilance face aux risques naturels, puis à un affaiblissement des systèmes de prévention et d’anticipation ».

♦ Des solutions existent-elles ?

L’ensemble des participants au séminaire est unanime « pas de retour en arrière possible ». Tout au plus, les actions et les réflexions d’aujourd’hui ne pourront que « freiner l’inéluctable ». Michel Moly, Président du Parc Naturel Marin et Vice-Président en charge des de la mer et du littoral au conseil département, déclarait : « Il faudra accompagner, informer les gens par rapport à ce qui va arriver. Aujourd’hui, personne ne conteste l’érosion alors que les effets du changement climatique ne se sont pas fait sentir dans ce domaine, mais des décisions devront être prises, et elles ne pourront l’être que si la population y adhère ». Pour obtenir cette adhésion populaire, tous les participants du séminaire s’accordent sur la nécessaire sensibilisation à ce problème et aux contraintes engendrées par l’érosion des côtes. Des conséquences partiellement lourdes dans un territoire dont l’économie touristique du bord de mer pèse fortement dans l’économie générale.

Les phénomènes d’érosion et de submersion marine résultent de la diminution des apports sédimentaires et des aménagements et implantations d’ouvrages de protections en mer (jetées portuaires, brise-lames, épis…). Ils pourraient être accentués par le changement climatique.

Des solutions existent et leurs mises en œuvre passent par :
– une volonté d’adaptation,
– l’analyse du contexte et des enjeux du site,
– le recueil des retours d’expériences,
– le travail en réseau (collaborations techniques entre services de l’Etat, gestionnaires, experts et maîtres d’ouvrage),
– un cadre réglementaire adapté.

♦ Le Parc Marin Naturel Marin du Golfe du Lion

Le Parc Naturel Marin du Golfe du Lion a été créé en 2011, s’étend de Cerbère à Leucate et compte plus de 100 kilomètres de côtes rocheuses ou sableuses. Les scientifiques y ont répertorié près de 1.700 espèces dont 1.200 animales. La réserve naturelle marine de Banyuls sur Mer fait partie intégrante de ce territoire préservé qui contribue au développement durable des activités maritimes et à la connaissance du milieu marin. Le Parc Marin est un outil de sensibilisation et d’éducation pour tous, et de gestion de l’espace marin afin de faire coexister au mieux les activités humaines et les écosystèmes maritimes multiples. Retrouver notre reportage « À la découverte du Parc Naturel du Golfe du Lion ».

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Maïté Torres