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Agrivoltaïsme dans les Pyrénées-Orientales, entre inaugurations et tensions

SUNAGRI AGRIVOLTAISME SERRES

Article mis à jour le 23 mars 2024 à 23:22

En cette fin du mois de février, tout le raout agricole et institutionnel des Pyrénées-Orientales était réuni autour des artichauts sous la serre de Pierre Batlle. Une structure dite «chapelle» des Jardins du Roussillon qui est désormais coiffée de panneaux photovoltaïques, placés à six mètres de hauteur.

Si grâce à l’énergie du soleil, cette installation est censée produire de l’électricité pour 160 logements, et réduire de 20% les besoins en eau des artichauts, l’agrivoltaïsme reste encore contesté. Et notamment dans les Aspres où une réunion entre Sun Agri, ceux qui contestent le projet et le maire de Fourques est prévue ce samedi 9 mars.

Après les poires à Llupia, Pierre Batlle installe des panneaux sur ses artichauts

Pierre Battle n’est pas peu fier de rappeler que la ferme familiale fête ses 100 ans. Maraîchers et arboriculteurs Pierre et son frère Julien sont la 4e génération d’agriculteurs à la tête des Jardins du Roussillon. Selon Pierre, les artichauts sous serre et à l’ombre des panneaux voltaïques vont avoir un besoin en eau réduit d’un quart. Une estimation que l’exploitant a constatée en comparant ses plantes ombragées et celles qui poussent en plein champ.

Artichauts, poires, mais pas seulement, l’agriculteur semble particulièrement satisfait du partenariat avec Sun Agri. «Bientôt, on va aussi faire de la figue sous serre.» Quant à l’économie d’eau, Pierre l’a déjà constatée sur ses poiriers. «Sur la poire, on a estimé à 25% l’économie d’eau. Et là, on va réduire les besoins d’autant.»

Pour l’agriculteur, il s’agit aussi de «créer un microclimat, lutter contre le réchauffement climatique et faire des économies en eau.» Pour les Batlle, il est important d’optimiser l’espace et de cumuler production agricole et énergie sur une même parcelle. «On veut aller vers de la décarbonation, nous voulons montrer à nos clients et aux consommateurs, que l’on peut produire mieux et de manière plus efficiente», insiste Pierre Batlle.

« L’obsession » de Sun Agri met l’agriculture « au-dessus de tout« 

Antoine Nogier, président de Sun R était présent, ce 22 février, pour inaugurer la première serre agrivoltaïque dynamique. Paraphrasant le premier ministre qui répondait à la colère des agriculteurs, Antoine Nogier confirme que l’agriculture doit être au-dessus de tout. Pour le patron d’entreprise, ses projets doivent avant tout être au service de l’agriculture et non de la production d’énergie.

«On parle de souveraineté alimentaire, de crise climatique et agricole et notre souhait est de montrer qu’il n’y a pas de fatalité. Montrer que l’on peut, même en cas de climat semi-aride, parvenir à améliorer la production agricole.» 

Chiffres à l’appui, le groupe Sun Agri met en avant la protection des cultures et la hausse des rendements. Sur la plaquette de communication diffusée, les études menées sur la vigne, montrent, selon les cépages, un rendement augmenté de 10 à 40%, idem sur la cerise, la tomate ou le concombre. Pour le président de Sun Agri, il s’agit de démontrer que l’agrivoltaïsme doit être une «synergie» entre production agricole et énergie, et non un «compromis».

L’agrivoltaïsme reste contesté

Hasard du calendrier, alors que Sun Agri inaugure avec l’ensemble des partenaires un dispositif d’ombrières à Thuir, Fourques poursuit sa mobilisation contre le projet de panneaux solaires dans sa commune. Questionné sur le sujet, un responsable de Sun Agri avance la défense du paysage pour expliquer cette opposition. «Peut-être est-ce le nombre d’installation qui gêne les gens du territoire. Pour certains, il y a un impact paysager.» Et le responsable de concéder, «une structure qui fait 4,5 mètres de haut, comparé à des vignes, il est vrai que cela peut gêner.» Lire ou relire l’enquête du journal l’Empaillé, intitulée «Tout le monde déteste Sun’ Agri»

De son côté, Jean-Louis Cazaubon, vice-président de la région Occitanie en charge de l’agriculture, avance l’idée que le débat est entre le photovoltaïque et l’agrivoltaisme. «Il y a des gens qui ne veulent pas voir le paysage dénaturé par des panneaux, après il faut comprendre qu’il y a un véritable enjeu avec les besoins d’électricité décarbonée et renouvelable.»

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