Article mis à jour le 28 août 2022 à 18:08
Rebelotte. Après trois condamnations en 1999 et 2001 – pour abus de biens sociaux, prises illégales d’intérêts et fraude fiscale – le maire du Barcarès, Alain Ferrand, est de nouveau dans les filets de la justice.
♦ Cinq personnes, dont le maire Alain Ferrand, placées en garde à vue
Ce mardi 4 mai, sa mairie a été perquisitionnée par la brigade financière de la DTPJ de Montpellier ; sous l’autorité d’un magistrat instructeur de la juridiction interrégionale spécialisée (JIRS) de Marseille.
« Cinq personnes ont été placées en garde à vue », détaille le JIRS dans un communiqué ; « parmi lesquelles le maire et le premier adjoint en charge de l’urbanisme, des chefs d’extorsion en bande organisée, concussion et destruction de preuves, faits commis de 2015 à 2021″.
L’enquête ouverte porte sur « des soupçons d’irrégularités dans la création et la mise en place de taxes ou droits, imposés par le maire, sans base légale, à des commerçants et gérants de campings ainsi que sur les conditions dans lesquelles ces sommes prétendument dues ont été exigées. Les investigations ont par ailleurs mis en évidence la soustraction ou la destruction de documents, en vue de faire obstacle à la manifestation de la vérité ».
♦ Cinq personnes, dont le maire Alain Ferrand, placées en garde à vue
France 3 Occitanie avance que « plusieurs commerçants auraient déposé plainte, notamment pour harcèlement de la part de la municipalité« . Une information qui mettrait en lumière la pression exercée par le maire Alain Ferrand. Car le fond de l’enquête est un potentiel financement, via une taxe illégale, des animations municipales par les commerçants et autres professionnels du tourisme de la ville balnéaire. Autre point à noter : la destruction de documents.
Des nouvelles qui confirment un peu plus la réputation de « Balkany du Roussillon » d’Alain Ferrand et de son ex-compagne, Joëlle Ferrand. Une image notamment relayée lors d’une enquête publiée en 2016 par le quotidien Le Monde.
Le couple jouant les chaises musicales à la mairie du Barcarès depuis les années 1990. Pour rappel : Alain Ferrand s’est fait réélire maire dès le premier tour en mars 2020, avec plus de 65% ; quand sa femme l’a précédé avec 29%. Cette même année 2020, il a aussi raflé la casquette de premier vice-président de Perpignan Méditerranée Métropole.
♦ « Le Barcarès sent le soufre »
Leïla*, trentenaire, habite Le Barcarès depuis de nombreuses années. Elle n’apprend la nouvelle qu’hier dans l’après-midi avant de réagir à chaud. « Le Barcarès sent le soufre : on devrait en faire une station thermale et non balnéaire. Il y a tellement de choses sulfureuses ici ! On entend, depuis toujours, des choses pas possibles ici qui corroborent les bruits de couloir ».
Rachid* se dit « pas du tout surpris« . Ce soixantenaire est barcarésien depuis des décennies. C’est lors d’une discussion entre amis qu’il est mis au courant, par hasard, de la perquisition de la mairie et de la garde à vue d’Alain Ferrand.
Il poursuit avec une pointe d’ironie : « Il est connu pour ses magouilles. Tout le Barcarès le sait. Pourtant il est toujours blanchi et il ne risque rien. Je pense qu’il sortira demain ; il est très fort. Il est d’ailleurs d’un contact très agréable. C’est un excellent communiquant. Il y a toujours des barbecues et des grands banquets offerts par la mairie. Les colis de Noël sont hallucinants : de quoi manger de très bonne qualité pendant une semaine. Il envoie des employés municipaux remettre des mots d’anniversaire aux habitants ».
Interrogé s’il souffre (c’est le cas de le dire) de l’image de la ville que renvoie son maire, Rachid répond du tac au tac : « C’est comme dans toutes les villes. C’est comme partout ». Leïla, du même avis que son concitoyen, conclut : « Il y a vingt ans mon père me répétait que notre département était la Sicile de la France. C’est encore plus vrai aujourd’hui ».
*Noms d’emprunt à la demande des interviewés.
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