Article mis à jour le 24 octobre 2025 à 20:25
L’aéroport de Perpignan Rivesaltes Méditerranée a récemment communiqué sur une baisse importante de ses émissions de Co2. Pour Alternatiba 66, ces annonces sont « trompeuses ». Alors que le mouvement pour le climat souhaite la réduction du trafic aérien, il peine à se faire entendre.
« On masque la réalité. » Il y a quelques semaines, l’aéroport de Perpignan a annoncé avoir réduit ses émissions de gaz à effet de serre de 73% en 5 ans. Alternatiba 66 dénonce une « communication trompeuse ». Claude Bascompte est membre du collectif local du mouvement citoyen pour le climat. Pour lui, il s’agit bien de Greenwashing.
Un label reconnaît l’engagement de l’aéroport
La SPLAR (société publique locale Aéroport régional), qui gère l’aéroport et dont la région Occitanie est l’actionnaire majoritaire, a déclaré être passée de 135 tonnes de CO₂ émises en 2019 à 35 tonnes en 2024. Une baisse permise au niveau de l’infrastructure par l’installation de panneaux photovoltaïques, le passage à des carburants végétaux pour les véhicules internes, ou encore l’usage d’une « électricité 100% verte », c’est-à-dire produite à partir d’énergies renouvelables.
Ces efforts lui ont permis l’obtention de l’ACA3 « Airport Carbon Accréditation », label délivré par le Conseil international des aéroports européens qui récompense un engagement climatique. L’aéroport de Perpignan-Rivesaltes a donc récemment atteint le troisième niveau de certification sur sept. « Ces dispositions sont réelles, mais ne prennent pas en compte le trafic aérien. C’est erroné », explique Claude Bascompte.
« Réduire les émissions du site, c’est bien, mais très marginal par rapport à la totalité des émissions liées à l’exploitation de l’aéroport. »
« Il faut réduire le trafic aérien »
Chaque semaine, environ 35 vols décollent de Perpignan selon les données du site Flightradar. Parmi eux, une quinzaine part pour Paris-Orly, destination principale. Ces allers simples à eux seuls consomment plus de 2 tonnes de CO₂ par semaine selon les estimations de l’Ademe. 117 tonnes à l’année, pour la ligne Perpignan-Paris seulement, sans compter les vols retour. « Si l’on veut réduire les émissions de gaz à effet de serre, il faut réduire le trafic aérien », conclut Claude Bascompte.

Une position qu’Alternatiba 66 peine à faire entendre. Le mouvement fait partie de la CCE-AP (commission consultative de l’environnement de l’aéroport Perpignan) où le dialogue est difficile. « L’aéroport doit suivre des indicateurs environnementaux. Ils sont fixés dans le cadre d’un contrat de délégation. Et on ne peut même pas en parler, on n’a jamais pu en parler », regrette Claude Bascompte.
Des outils de mesures de la pollution insuffisants, voire absents
Interrogé, le directeur de l’aéroport de Perpignan a déclaré que le débat sur la réduction du trafic aérien n’était pas de son ressort. « C’est une question complètement politique »
Pour Alternatiba 66, l’aéroport oriente ses mesures d’impact. Le mouvement rappelle que c’est un organisme d’aéroport qui délivre le label ACA3. En outre, selon Claude Bascompte, le SPAR ne met pas en place les outils nécessaires. « Dans ses indicateurs de suivi environnementaux, la mesure des émissions de gaz à effet de serre et de la pollution sonore est absente. »
Plus de destinations, des vols plus fréquents : l’aéroport de Perpignan mise sur l’accroissement du trafic
Le mouvement demande leur prise en compte dans les relevés de l’aéroport ainsi qu’une enquête publique indépendante sur la pollution sonore. Des points qu’il aimerait voir abordés au sein de la commission consultative de l’environnement. Le mouvement a déposé une demande en ce sens auprès du préfet en janvier. S’il a répondu que ces requêtes seraient examinées, la commission n’a toujours pas eu lieu.
« Si on ne réduit pas, on laisse dériver les gaz à effet de serre ? » Claude Bascompte dénonce un aéroport qui accroît son trafic, ouvre de nouvelles lignes. Dernier exemple en date, les vols entre Perpignan et Lille circulent toute l’année contre uniquement l’été auparavant. D’après le militant, « le trafic aérien doit être limité à certaines destinations et à des types de trafic déterminés, pas ouvert à toutes les possibilités et à la croissance ». Il estime que la trajectoire de l’aéroport est incompatible avec les objectifs climatiques de la France. Le pays s’est en effet engagé à atteindre la neutralité carbone d’ici 2050.
Objectif 2026 ? Plus d’enquêtes … Faites un don pour permettre à une presse libre d’exister, et d’enquêter sur les dossiers sensibles des Pyrénées-Orientales !
Rassurez-vous, la rédaction de Made In Perpignan ne change pas subitement de cap. Nous continuerons toujours de défendre une information de proximité en accès libre. Désormais, notre équipe souhaite vous proposer plus d’investigation, un genre journalistique le plus souvent absent dans les médias locaux.
Parce qu’enquêter sur les réalités sociales, économiques et environnementales des Pyrénées-Orientales a un coût, soutenez-nous !
- Baisse des émissions de Co2 à l’aéroport de Perpignan ? Une « communication trompeuse » pour Alternatiba 66 - 24 octobre 2025
- Perpignan au rythme de la création sonore avec la nouvelle édition du festival Aujourd’hui Musiques - 23 octobre 2025
- Lutte contre la pauvreté : La séparation, point de bascule pour les femmes des Pyrénées-Orientales - 17 octobre 2025
