Article mis à jour le 14 janvier 2023 à 08:07
La crise sanitaire liée au Coronavirus impacte également les animaux de compagnie. Nourrissage des « chats libres », comas éthyliques de chiens nettoyés à la solution hydroalcoolique après une promenade ; ou encore soins vétérinaires limités aux urgences ; nous avons interrogé Jérôme Rideau, vétérinaire à la clinique du Clos Banet.
♦ Certains vétérinaires rapportent des comas éthyliques ou des brûlures à la javel sur des chiens ?
Les pattes des chiens n’ont pas plus de risque de propager la maladie que nos chaussures ; ou que le contact avec la monnaie. Et même si nous n’avons eu aucun cas de coma dans notre clinique, il faut rappeler que le risque est bien plus grand que de discuter devant les supermarchés ; surtout si on ne respecte pas la distance minimale entre les personnes.
À la clinique, nous avons pris un certain nombre de précautions. Nous faisons les vaccins qui ne peuvent être reportés à l’extérieur. Idem au niveau du personnel que nous avons réduit. Nous avons mis en place un Plexiglas pour limiter les contacts lors de la vente des médicaments ; et les clients patientent à l’extérieur pour ne pas rentrer dans la salle d’attente.
♦ Qu’en est-il pour le nourrissage des chats au statut de chat libre pendant le confinement Covid-19 ?
Sur le nourrissage, pour moi, c’est vital pour les animaux ; et pour moi c’est tout à fait autorisé ! Bien sûr, il ne faut pas partir à 2 personnes qui ne vivent pas sous le même toit pour aller nourrir les animaux. Il vaut mieux qu’il n’y ait qu’une seule personne qui y aille, quitte à faire des roulements. Et il faut éviter bien évidemment le contact entre deux nourrisseurs.
Je crois que cette interdiction est du mauvais sens ! Parce que les chats sont sous la responsabilité de quelqu’un. Ces animaux ont un statut de chat libre, dont les propriétaires sont les associations. Et tout comme un propriétaire de cheval ne peut pas se permettre de délaisser son animal, l’association ne peut pas le faire non plus.
De plus, ce serait une malsanité. Est-ce qu’on attend que les chats se rendent malades, qu’ils développent d’autres maladies ? Pour la santé publique, ces animaux qui vivent dans leur lieu de nourrissage doivent rester en bonne santé. On sait que des animaux malades peuvent transmettre des maladies ; donc ne les rendons pas malades, et la souffrance animale n’a pas non plus lieu d’être.
Un éleveur, qui a sa ferme à 3 kilomètres de chez lui, va quand même amener le foin à ses vaches. De la même façon, l’association doit pouvoir nourrir ses chats sans risquer une amende. Pour moi, il n’y a aucun doute sur le sujet.
♦ Les défenseurs des animaux demandent une dérogation sur le nourrissage des chats libres
En effet, depuis le début du confinement, les paroles divergent sur cette dérogation ; celle qui permettrait aux nourrisseurs de chats libres de poursuivre cette activité. Les pouvoirs publics ne répondent pas clairement à la question de savoir si le chat libre peut être considéré comme un cheval ou des poules. Son nourrissage justifiant le déplacement.
Localement, lors du Facebook live du 27 mars, le commandant de gendarmerie Poumeau de Lafforest répondait à la question d’une nourrisseuse pour une association. Il déclarait : « vous ferez une attestation en déclarant que vous vous promenez à moins d’un kilomètre de votre domicile ; et vous pourrez nourrir les chats à cette occasion. Car il n’y a pas de dérogation pour nourrir les chats des rues ».
Face au flou des réponses, les associations montent donc au créneau, fortes d’une pétition signée par plus de 70.000 personnes.
« Malgré les demandes répétées faites au Ministère de l’Agriculture, personne ne sait exactement ce qu’il est d’usage de faire. Aussi, il est regrettable de constater que des personnes puissent écoper d’une amende de 135 € parce qu’elles sortent nourrir les chats libres de leur commune ; alors même qu’elles respectent les précautions sanitaires. Elles sont seules et suffisamment à distance d’autres individus pour ne pas contaminer ou être contaminées par le COVID-19. Une répression d’ailleurs aléatoire selon les agents et les communes, puisque d’autres peuvent très bien nourrir les chats sans écoper d’amende. Ce manque de réponse est problématique, car ces animaux doivent être nourris et ne peuvent compter que sur ces associations. C’est également une urgence sanitaire de ne pas laisser ces chats errants se reproduire et mourir de faim dans nos rues. »
♦ Qu’en est-il pour les soins animaliers urgents ou non urgents en période de Covid-19 ?
Les stérilisations sont des opérations de convenance, on ne les fait plus en ce moment. Nous ne castrons plus les mâles, ni les femelles non-gestantes, on peut largement attendre 2 semaines pour passer le pic de l’épidémie. Par contre, si une association nous demande de stériliser une chatte pleine qui va mettre bientôt ses petits au monde, on va le faire. Il faut éviter qu’il y ait trop de chats errants et sauvages dans la nature.
Cela est une question de santé publique. Il n’y a aucun intérêt à rajouter dans la rue des petits chats qui seront sauvages et qui risquent d’être malades.
Nous traitons aussi les abcès, les plaies, les infections, ou les tumeurs qui grossissent trop. Nous faisons également le suivi des vaccinations qui ne peuvent être reportées. Car si un chien attrape une leishmaniose parce que le suivi vaccinal n’est pas correct et qu’il meurt, il y aura de toute façon un contact avec le propriétaire qui va nous amener le corps de l’animal. Il vaut peut-être mieux qu’il y ait le contact pour faire les vaccins avec toutes les précautions que nous prenons bien sûr.
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