Article mis à jour le 6 mai 2021 à 20:29
Les élections régionales et départementales sont un casse-tête pour les maires. En effet, ce double scrutin contraint le doublement du nombre de bureaux de vote. Premier adjoint de Perpignan, Charles Pons indique que le nombre de bureaux de vote passe de 75 à 152. Pour organiser les élections du 20 et 27 juin, il faut donc prévoir 4 personnes par bureau ; soit 608 pour les 152 bureaux perpignanais.
Certaines communes ont prévu d’offrir des places de cinéma pour attirer ceux qui auparavant le faisaient bénévolement, quand la priorité vaccinale pourrait en convaincre d’autres. À Perpignan, les responsables des bureaux de vote percevront entre 200 et 300€ bruts pour la journée. Le vote de cette délibération fut l’occasion pour l’élu d’opposition Bruno Nougayrède de mener une passe d’arme.
♦ Il faudra adresser CV et lettre de motivation à la mairie
Charles Pons louait « le travail de Romain » [peut-être celui du député Grau] réalisé par les services de la ville pour trouver des personnes disponibles ce jour-là. Il se disait contraint de devoir passer par la rémunération des personnes pour tenir les bureaux de vote. Concrètement, les personnes de la société civile (hors élus et fonctionnaires) pourront être président ou secrétaire du bureau pour 300€ brut par tour de scrutin ; 200€ pour le vice-président.
« Nous allons ouvrir des contrats de vacation, et toute personne pourra envoyer à la mairie une petite lettre de motivation et un cv à la mairie », indiquait le premier adjoint.
L’élu d’opposition Bruno Nougayrède s’est lancé dans une longue tirade qualifiant la décision de « foireuse et accablante ». « Pour moi, il y a la politique avec un P majuscule ; celle pour laquelle on s’engage à servir le bien commun de la cité ». Pour Bruno Nougayrède, une des composantes de la citoyenneté, de celui qui vit dans la cité est l’esprit civique. « L’esprit civique donne des droits, beaucoup de droit, mais il impose aussi des devoirs. Entre autres celui de participer au fonctionnement de cette cité sans autre visée que l’intérêt général ».
♦ « Si nous votons cela, nous créons une armée de mercenaires »
Bruno Nougayrède de décider de rappeler les propos de Louis Aliot sur les réseaux sociaux. « Par de nombreux tweets, vous mettez le délitement de la société au cœur de votre réflexion. La politique avec un grand P vise à lutter contre les délitements sans céder aux découragements du moment ». Parmi les délitements, l’élu d’opposition cite « cette violence qui gangrène notre société » ; ou encore « l’individualisme et le repli sur soi, du fait que personne ne s’engage pour respecter le devoir qui est le sien en tant que citoyen ».
Face à cela, Bruno Nougayrède en appelle à « une vision politique avec un grand P ». Une politique qu’il oppose à la « toute petite politique, avec un p minuscule ». Pour Bruno Nougayrède, cette politique est « celle qui croit que tout va se régler avec un portable greffé dans la main et une indignation sur les réseaux sociaux.«
« Cette petite politique, transforme les hommes et les femmes politiques en sorte de cabris. Qui sautent d’un parti à l’autre, d’une liste électorale à une autre, d’une liste de candidat à une autre, parfois même entre les deux tours d’une élection. Entre nous pour satisfaire une médiocre ambition personnelle, au mépris de beaucoup convictions et au mépris de tout honneur ».
♦ « Donnez l’exemple, en tenant vous-même un bureau de vote »
L’élu affiche sa sidération face à « ces chefs de file qui mettent en avant ceux qui ont trahi au détriment des véritables militants ». Selon Bruno Nougayrède, les militants sont aussi transformés par cette petite politique. « Ils deviennent des espèces d’anonymes qui commentent à tort et à travers sur les réseaux sociaux. […] Ces militants évidement ne s’engagent plus à tenir des bureaux de vote ! ».
« Jusqu’ou va-t-on aller ? Demain, pour régler les problèmes de l’établissement français du don du sang, on va payer les donneurs ! Combien payez-vous les 30.000 majeurs non inscrits sur les listes ? Et puis, plus personne ne vote. On va aussi payer les gens pour aller voter ? C’est absurde. C’est abaisser la politique que de rentrer dans cette politique-là. […] Ne votons pas cette délibération ! […]
« J’ai 3 suggestions à vous faire. Donnez l’exemple, en tenant vous-même un bureau de vote. Communiquez pour que les gens s’inscrivent sur les listes. Et pourquoi ne pas rencontrer les différents partis pour trouver des solutions ? Si nous votons cela, nous créons une armée de mercenaires qui ne tiendra pas sur la durée. »
♦ Charles Pons : « Mais taisez-vous ! »
Louis Aliot de répondre, « tout ce que vous avez dit est vrai. Et vous savez pourquoi ? Parce que la gauche et la droite se sont succédées pendant 40 ans avec les résultats qu’on connaît. Et tout cela, on le doit à des gens comme vous ! Tout ce qu’on voit dans la rue, l’immigration massive, l’insécurité, la décadence générale, c’est parce qu’il y a des gens comme vous. Vous avez peut-être les idées bien claires et des valeurs ; mais vous avez toujours servi le camp de ceux qui ne les ont jamais appliquées ! ».
Bruno Nougayrède de rétorquer que la gauche et la droite ont toujours réussi à organiser les élections. En 2008, déjà à Perpignan, il y avait déjà eu un double scrutin. Charles Pons de s’emporter avec un « Taisez-vous ! ». « Tout ça, c’est magnifique, c’est de la philosophie. Mais je vous en supplie organisez-les, montrez-nous votre talent. Sortez-moi 608 personnes gratuites, je vous en supplie ».
// À lire également :
- Alain Ferrand en garde à vue | Comme “une odeur de soufre” au Barcarès
- Logo de Perpignan | Top 15 des parodies et détournements
- Perpignan | Polémique autour d’un blaze bien naze
- Les portes du musée d’Perpi, ce soir, vont se refermer
- Dossier | La mairie de Perpignan s’est-elle transformée en bunker ?
- Revue de presse du 24 novembre : Ils ont parlé de Perpignan et des Pyrénées-Orientales - 24 novembre 2024
- Violences intrafamiliales : le tribunal de Perpignan déploie 15 téléphones grave danger - 23 novembre 2024
- À Perpignan, l’appel à ces familles gitanes qui fuient les bancs de l’école - 22 novembre 2024