Article mis à jour le 7 décembre 2020 à 21:27
Avec 9 immigrés pour 100 habitants, l’Occitanie est la sixième région en termes d’accueil des immigrés en France. 72% d’entre eux ont moins de 65 ans et seraient donc en âge de travailler. Et pourtant, le parcours des immigrés pour trouver un emploi est souvent semé d’embûches. Retour sur ces difficultés rencontrées par les actifs immigrés dans la région.
♦ Les immigrés sont principalement originaires d’Europe (46%)
En Occitanie, la part des immigrés résidant dans la région a légèrement augmenté depuis 10 ans ; passant de 8,1% à 8,9% de la population totale. Cette hausse correspond à environ 8.500 nouveaux arrivants par an. Les immigrés sont principalement originaires d’Europe (46%) ; et notamment d’Espagne ou du Portugal. Ceux nés en Afrique sont un peu moins nombreux (41%) ; et le plus souvent originaires du Maroc ou de l’Algérie.
En 2018, le principal motif de délivrance d’un premier titre de séjour, aussi bien dans la région que dans le reste de la métropole, était le rapprochement familial ; quasiment à égalité avec la poursuite d’études.
Les migrants arrivés dans les années 1960-1970 trouvaient facilement du travail. Ils répondaient aux besoins de la France ; une main-d’œuvre peu qualifiée et peu coûteuse dans le secteur industriel.
Aujourd’hui, plus de 72% des personnes immigrées ont entre 15 et 64 ans ; alors que cette tranche d’âge ne rassemble que 60% des personnes non-immigrées. Cependant, les enfants immigrés âgés de 0 à 16 ans sont beaucoup moins nombreux que les enfants non-immigrés de la même tranche d’âge. Les immigrés sont donc plus souvent en âge d’être actifs ; mais sont moins souvent en emploi que le reste de la population (74% contre 86%).
♦ Accéder à un emploi pour un immigré est plus difficile durant les cinq premières années suivant son arrivée en France
3 actifs immigrés sur 10 ne sont pas diplômés ; contre seulement 1 actif sur 10 pour les non-immigrés. Avoir une qualification est essentiell pour obtenir un emploi. Cette différence au niveau des diplômes explique en partie cet écart de taux d’actifs en emploi. Pourtant, à niveau de diplôme comparable, les immigrés occupent moins souvent un emploi que les non-immigrés. Ces différences d’accès à l’emploi peuvent s’expliquer par les caractéristiques économiques du lieu de vie ; ou même l’existence d’un réseau social et familial qui aide à trouver du travail plus souvent présent chez les personnes non-immigrées.
Une modélisation du fait d’être en emploi a montré les difficultés rencontrées par les immigrés pour accéder au marché du travail. Accéder à un emploi pour un immigré est plus difficile durant les cinq premières années suivant son arrivée en France. Cela est notamment dû à la difficulté d’obtenir un titre de séjour long ; ainsi qu’à l’absence d’un réseau suffisant pour trouver un emploi.
De plus, ceux qui n’ont pas la nationalité française sont dans l’impossibilité d’accéder aux emplois publics, ce qui réduit davantage leur chance d’avoir un emploi. Plus le temps de présence sur le territoire augmente, plus l’accès à l’emploi devient facile. Mais, même après vingt années passées sur le territoire, des différences subsistent par rapport aux personnes nées en France.
♦ 74% des actifs immigrés d’Occitanie travaillent
Résider dans un quartier marqué par une ségrégation entre populations immigrées représente également un frein pour accéder à un emploi. Les actifs, qu’ils soient immigrés ou non, habitants dans un quartier où plus d’1 habitant sur 4 est immigré, ont deux fois moins de chances d’être en emploi que les autres. C’est le cas pour certains quartiers de Montpellier, Perpignan ou Toulouse. L’absence d’emploi amène des situations de pauvreté ; et donc souvent un regroupement dans certains quartiers dotés de logements sociaux ou locatifs. Plusieurs études ont montré que des candidats à un emploi étaient discriminés en raison de leur adresse de résidence.
Les immigrés nés en Afrique et les Français d’outre-mer rencontrent plus de difficultés que les actifs nés en France métropolitaine pour trouver un emploi (86% et 87% contre 92%). Cela semble conforter ce qui a été mis en lumière par l’enquête Trajectoires et origines de l’Ined : les premiers motifs de discrimination à l’embauche sont liés à l’origine et à la couleur de peau.
Mais si le parcours pour accéder à l’emploi est souvent plus compliqué pour les immigrés que pour le reste de la population, il ne faut pas oublier que 74% des actifs immigrés travaillent. Un emploi souvent moins qualifié que celui d’une personne née en France malgré des diplômes équivalents.
♦ Près d’1 immigré sur 3 occupe un emploi non-qualifié contre 1 non-immigré sur 5
De façon générale, plus le diplôme obtenu est élevé, plus les emplois non-qualifiés sont rares. Cependant, des écarts subsistent entre immigrés et non-immigrés. Par exemple, les immigrés titulaires d’un BTS ont deux fois plus souvent un emploi non-qualifié que le reste des actifs. L’écart est encore plus important pour les diplômés d’une licence ou d’un master. Les actifs immigrés sont trois fois plus nombreux à occuper un emploi non-qualifié que les autres actifs.
Ces emplois relèvent de secteurs bien spécifiques, intensifs et peu valorisés. Les femmes immigrées travaillent principalement dans les secteurs du nettoyage (5,5 fois plus que les femmes non-immigrées), de l’hôtellerie et de la restauration. Quant aux hommes immigrés, ils sont plus souvent présents dans le secteur de la construction (3,4 fois plus que les hommes non-immigrés pour les travaux spécialisés comme la maçonnerie ou la charpente). Par rapport au reste de la population, 2,3 fois plus d’hommes et de femmes immigrées sont employés pour assurer les cultures permanentes et notamment récolter les fruits.
Cela ne s’arrête pas là puisque les salariés immigrés occupent plus souvent des emplois précaires. Plus de 26% d’entre eux ont un emploi limité dans le temps (CDD ou intérim) ; contre 16% des salariés non-immigrés. Les emplois à temps partiel sont également plus fréquents pour les salariés immigrés (1,3 fois plus souvent pour les femmes et 1,5 pour les hommes que les salariés non-immigrés).
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