Le premier semestre de l’année 2023 a été marqué par de nombreuses manifestations et grèves pour dénoncer la réforme des retraites souhaitée par Emmanuel Macron et son gouvernement. Cécile Amar et Stéphane Benhamou ont souhaité retracer les différents évènements de ce conflit social tout en donnant la parole aux acteurs principaux. À voir en replay sur la plateforme France•tv.
Réforme des retraites, les dessous d’une crise – Le Synopsis
Pendant les six premiers mois de 2023, le projet de réforme des retraites a été au coeur de l’actualité française et d’une crise politique et sociale hors norme. Les principaux protagonistes de cette bataille des retraites, les leaders du mouvement social, Laurent Berger, Philippe Martinez et Sophie Binet, la Première ministre Elisabeth Borne et son ministre du Travail, Olivier Dussopt, ainsi que les deux principaux opposants, Marine Le Pen et Jean-Luc Mélenchon, se confient longuement. Ils révèlent les coulisses de ces six mois de tension, dévoilent leurs stratégies et racontent comment ils ont vécu ce moment si particulier.
Français contre gouvernement
Le 10 janvier 2023, Emmanuel Macron et Elisabeth Borne décident de passer en force la réforme des retraites. L’âge de départ passe de 62 à 64 ans. La réponse des syndicats est sans précédent, une grève touche la France le 19 janvier. Pour la première fois depuis 1995, le front syndical est uni. Olivier Dussopt, ministre du Travail, a un argument : Emmanuel Macron avait pris cet engagement lorsqu’il était candidat à sa réélection.
Le ministre du Travail n’a qu’un seul crédo : l’équilibre des comptes. Mais les Français n’ont pas envie de travailler deux années de plus. Cette réforme, qualifiée par le gouvernement comme « bénéfique pour les femmes » est en réalité tout le contraire. Une étude montre que les femmes seront particulièrement pénalisées.
Le 7 mars 2023, un appel est lancé pour mettre la France à l’arrêt et bloquer le pays en réponse à Emmanuel Macron. Laurent Berger indique qu’il s’agit d’une « manifestation du rejet » et d’un « dysfonctionnement démocratique ». Dans ce documentaire, Elisabeth Borne confie « je ne veux pas minimiser la contestation mais le niveau des grèves n’a pas été si important qu’annoncé ».
Tensions en politique et politiques en tension
Les échanges à l’Assemblée nationale sont virulents et ce, dès le début des débats. Le député Matthias Tavel qualifie « d’assassin » Olivier Dussopt tandis que Thomas Portes publie sur son compte Twitter une photo de lui avec un pied posé sur un ballon de football à l’effigie du ministre du Travail.
Les députés ont le choix entre deux stratégies : aller jusqu’au vote de l’article 7 ou bien tout faire pour ne pas le voter. La NUPES choisit de déposer plus de 20.000 amendements pour retarder les débats.
Pour obtenir la majorité absolue et que la réforme soit adoptée, 287 voix sont nécessaires (et non 289 car 4 sièges étaient non pourvus). Tous les yeux sont tournés vers les députés LR car ils feront pencher la balance d’un côté ou de l’autre. Et tous ne sont pas prêts à voter en faveur de la mesure présentée par Elisabeth Borne. Aurélien Pradié affirme ne pas soutenir la réforme et voter contre si aucune modification sur les carrières longues n’est effectuée. Il confie « j’ai une réticence depuis le début ».
Le 15 mars 2023, à 24h du vote, Emmanuel Macron convoque une réunion de crise avec Elisabeth Borne et quelques ministres pour faire et refaire le point sur les votes. Le lendemain, le Président de la République menace de dissoudre l’Assemblée nationale. Il hésite entre procéder au vote ou utiliser le 49-3 mais finit par donner son feu vert à la Première ministre qui utilisera, une nouvelle fois en peu de temps, l’article 49-3. « J’assume d’être un fusible » lâche-t-elle.
Face à cet échec de l’opposition, 3 motions de censure sont déposées. Une pourrait être adoptée, celle du groupe LIOT. Cette fois encore, il faut 287 voix, il en manquera 9.
Une union inédite
Lors de la deuxième manifestation, le 31 janvier 2023, Laurent Berger, président de la CFDT et Philippe Martinez, secrétaire général de la CGT, s’affichent ensemble et unis. Cette unité entre les deux hommes agace la majorité. Le samedi 11 février, la manifestation se déroule dans une ambiance festive et conviviale. Cette mobilisation met une pression maximale sur l’Assemblée nationale.
Le 7 mars, les 8 organisations syndicales écrivent une lettre au Président de la République. Emmanuel Macron fait savoir aux syndicats qu’il ne les recevra pas.
Durant ce conflit social, un homme s’est détaché : Laurent Berger. Pour l’une des premières fois, il a montré son soutien aux salariés et non au gouvernement. Marine Le Pen avoue « il nous a plutôt agréablement surpris par sa fermeté sur la réforme des retraites » et poursuit « il a agi comme syndicaliste, il défend l’intérêt des salariés ». Preuve en est, la CFDT a gagné 40.000 nouveaux adhérents en seulement 4 mois.
Le 1er mai est considéré comme historique car, une nouvelle fois, les syndicats sont unis. Cela n’était pas arrivé depuis 2009. Pour Sophie Binet, « 2023 restera comme une grande date de mobilisation sociale dans le pays ».
La violence gagne du terrain
Le 23 mars 2023 marque un tournant dans le conflit social car un rajeunissement des manifestants est constaté. Mais ce n’est pas tout, la situation se tend très rapidement. La police est à cran après plusieurs manifestations sauvages durant les nuits précédentes et elle est confrontée à des blackblocks.
Pour Philippe Martinez, cette violence dessert la mobilisation. L’ex secrétaire général de la CGT déclare « quand les seuls résumés des journées de mobilisation c’est le nombre de vitrines cassées ou de véhicules brûlés, évidemment que les revendications passent à côté ».
Laurent Berger est également de cet avis. Pour lui, « le recours à la violence n’a pas sa place, ce n’est pas la démocratie, la violence n’est tolérable ni d’un côté, ni de l’autre ».
Lorsque Sophie Binet est élue le vendredi 31 mars pour remplacer Philippe Martinez, Elisabeth Borne lui envoie un message pour la féliciter. Puis la nouvelle secrétaire générale de la CGT reçoit un nouveau message de la part du Cabinet de la Première ministre pour un entretien le dimanche à 18h. Sophie Binet refuse.
Le 5 avril, Elisabeth Borne convoque les syndicats pour une réunion et tenter de trouver une solution. En sortant de la réunion, Laurent Berger affirme « c’est une crise sociale qui se transforme en crise démocratique ».
Après la promulgation de la loi dans la nuit du 14 au 15 avril, l’allocution d’Emmanuel Macron le 17 avril se fait attendre avec impatience. Les syndicats espèrent pouvoir sortir de la crise. Mais ils sont déçus, cette allocution est « du vide » pour Laurent Berger. Pour autant, la mobilisation ne faiblit pas, chaque ministre en déplacement se fait accueillir en musique, avec des casseroles de cuisine. La loi est entrée en vigueur le 1er septembre 2023.
Pourquoi la rédaction vous le conseille ?
Ce documentaire est intéressant car il montre les enchaînements de cette crise avec tous les moments clés durant ces mois de mobilisation. La parole est donnée à chacun, quel que soit son statut.
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