Article mis à jour le 3 juillet 2024 à 08:10
Le parc Ecozonia de Cases de Pène a publié ce 25 janvier à 22h30 un communiqué à propos de la fuite de 4 des 6 loups arrivés la veille depuis leur zoo d’origine. La direction du parc informe : « Malgré nos efforts et pour des raisons de sécurité, nous avons été dans l’obligation d’abattre deux d’entre eux » après avoir « tenté de les capturer vivants, au moyen de fusils hypodermiques ».
Les services de la préfecture avaient autorisé les services « à neutraliser, de jour comme de nuit, avec les moyens qu’ils jugent nécessaires, les six loups du parc Ecozonia afin de maintenir la sécurité publique ».
La Prefecture considérait que « malgré le fait que les animaux soient issus d’un élevage de faune captive », ils conservaient « leur instinct sauvage de prédateur » et qu’ils étaient « agressifs et non-maitrisables.
À quelques jours de la date d’ouverture d’Ecozonia, tous les corps de métiers s’activent. Il faut finaliser l’aménagement des 5 éco-logis implantés dans le parc ; mais aussi préparer l’habitat des pensionnaires qui restent à venir. Quand les loups et les ours ne devraient plus tarder ; les tigres et panthères de l’Amour (du nom du fleuve russe), les putois de Sibérie ou les dholes sont déjà installés. Ces espèces semblent bien s’acclimater aux températures hivernales des Pyrénées-Orientales.
En avant-première, nous avons visité la semaine dernière Ecozonia ; le nouveau parc dédié aux prédateurs qui ouvrira bientôt ses portes à Cases de Pène. Alors que l’ouverture du parc aux visiteurs pourrait être retardée pour des raisons de Covid, les éco-logis – qui permettent de dormir au milieu des prédateurs – devraient eux ouvrir dès le 13 février.
♦ La conservation pour mission première
Les équipes le martèlent : leur première mission consiste a participer à la conservation des espèces en danger d’extinction selon l’UICN*. Cette ONG est surtout connue pour attribuer aux espèces un statut de conservation qui permet d’éditer la liste rouge des espèces menacées. Par ailleurs, les moyens attribués à la protection des espèces sont proportionnels au risque potentiel de disparition de l’espèce.
Marie Lebourg, responsable conservation du parc, nous précise : « La panthère de l’Amour est considérée comme la sous-espèce la plus menacée au monde. On estime leur nombre à moins d’une centaine dans leur milieu naturel. On en compte plus vivant en captivité que dans leur milieu naturel. Nous nous sommes donc inscrits dans un projet de réintroduction en Russie. Les équipes en Sibérie travaillent avec divers parcs européens pour permettre la réintroduction de la Panthère de l’Amour dans un milieu sauvage ».
Mais selon la spécialiste, ce procédé ne pourra se faire que dans plusieurs générations. Car il faut tenir compte du caractère de l’animal à réintroduire ; et surtout sa capacité à se détacher des avantages que lui apporte l’humain, notamment la nourriture. L’individu qui sera relâché devra chasser seul ; ce qu’il ne fait pas quand il vit en captivité.
Les 2 panthères de l’Amour, Ylga et Youmi – 2 jeunes sœurs nées en 2019 au zoo de Copenhague – sont arrivées dans leur espace dédié au parc Ecozonia fin novembre. Ces deux jeunes femelles ne sont pas encore en âge de se reproduire. Quand elles auront atteint la maturité sexuelle, le coordinateur de l’espèce pourra contacter le responsable d’Ecozonia ; décision sera alors prise en concertation de faire voyager Ylga ou Youmi vers un autre parc en vue de se reproduire.
♦ Trois tigres de l’Amour sont arrivés à Ecozonia
Parmi les animaux les plus impressionnants du parc, nous avons eu l’occasion de découvrir les 3 tigres de l’Amour fraîchement installés dans leur nouvel habitat. Nés en avril 2019 à Hanovre, Yuri, Yaro et Ywan ont rejoint le parc fin 2020. Âgés de presque deux ans, ces trois frères ont été rejetés par leur mère.
Nous avons pu admirer 2 des 3 tigres ; le 3ème – plus timide – a préféré rester hors de notre vue. Comme le précise Marie Lebourg, les enclos sont prévus pour que les animaux puissent se mettre à l’écart des regards s’ils le souhaitent.
Malgré leur jeune âge, Yuri, Yaro et Ywan pèsent déjà 150kg ; ils sont encore en pleine croissance et engloutissent chacun pas moins de 7 à 8 kg de viande par jour. À l’âge adulte, ils devraient atteindre de 250 à 300kg. Tout comme les jeunes panthères, ces tigres pourraient être sélectionnés par le coordonnateur de leur espèce pour rejoindre une femelle et se reproduire afin de participer à la protection de l’espèce.
♦ Dormir parmi les prédateurs, une première dans les Pyrénées-Orientales
Outre la simple visite du parc durant quelques heures, le concept d’Ecozonia propose de passer la nuit sur place dans un des 5 éco-logis. Un espace de 97 mètres carrés qui compte, un large salon-cuisine-salle-à-manger, deux chambres pour 6 couchages, une terrasse et même une douche vitrée avec vue sur l’enclos des animaux.
Quid du comportement des animaux face à l’humain ? Selon Marie Lebourg, les animaux ont la curiosité de s’approcher des vitres ; et notamment quand il fait nuit. Ils sont intrigués par la lumière, par le mouvement qu’il y a à l’intérieur de l’habitation. Afin de respecter le besoin de tranquillité des animaux, les enclos bénéficient de plusieurs zones communicantes ; dont une au couvert végétal important qui permet à l’animal de s’écarter du regard des occupants de l’eco-logis.
La spécialiste insiste : « c’est l’animal qui décide s’il souhaite être vu ou s’approcher des vitres pour voir ce qu’il se passe à l’intérieur. Nous faisons en sorte que les animaux soient confortablement installés et qu’ils aient envie de venir ; mais on ne va pas forcer l’animal ».
Un concept qui semble très attrayant compte tenu du nombre de réservations déjà effectuées. Malgré un prix de 219€, les éco-logis avec vue sur les animaux semblent trouver leur public. Les responsables du parc ont reçu quelques critiques sur le prix des nuitées (229€ pour 2 adultes), mais les équipes assument. La nuitée pour 2 personnes prévoit un dîner gastronomique et le petit-déjeuner continental. La responsable de communication de rajouter « nous avons fait en sorte de pouvoir satisfaire tous les publics. Ainsi l’entrée au parc est vendue à un prix très accessible 12€ ».
♦ Ecozonia soutenu par le Fonds Tourisme Occitanie
Le responsable du parc, Cyril Vaccaro, a fait ses armes durant 10 ans à la réserve Africaine de Sigean. Ce spécialiste a investi pas moins de 9 M€ pour lancer Ecozonia et créé 12 emplois à temps plein. Parmi les soutiens, le parc a bénéficié d’un prêt octroyé par le Fonds Tourisme Occitanie de 1,4M€. La directrice du fonds d’investissement Julie Khaski déclarait :
« Le parc répond en tout point aux engagements du Fonds Tourisme Occitanie : la proposition d’une nouvelle expérience touristique avec des écolodges haut de gamme au cœur du parc, offrant une parenthèse nature au plus proche d’une faune menacée et une approche écologique et responsable du parc animalier traditionnel. Le parc participe en effet aux programmes d’élevage et de conservation de l’EAZA (European Association of Zoo and Aquaria), véritable « Label » garantissant les meilleurs standards européens en matière de bien-être animal, conservation, pédagogie et recherche. »
♦ Les animaux de la zone sibérienne Ecozonia
- Panthère de l’Amour
- Tigre de l’Amour
- Pygargue à queue blanche et Steller
- Putois de Sibérie
- Lynx d’Europe
- Loup gris
- Ours Brun
- Glouton
- Faucon Crécerelle et Pellerin
- Chouette Lapone
- Hibou Grand Duc
- Martre à Gorge Jaune
- Dhole
- Chat léopard de Sibérie
Mais aussi le Chien Viverrin. Ce dernier contrairement à d’autres espèces comme le tigre ou la panthère n’est pas en voie d’extinction. Au contraire, il est considéré comme nuisible dans son espace de vie, la Russie. Dans les années 30, la fabrication de vêtements en fourrure de chien viverrin explose et son intérêt économique aussi. De nombreuses fermes d’élevage voient le jour dans l’ex-URSS. Or, quelques années plus tard, la demande chute et plusieurs relâchés des animaux ont lieu.
À la suite de ces nombreuses introductions, le chien viverrin s’est rapidement répandu dans plusieurs pays européens jusqu’en France où il est aujourd’hui considéré comme « espèce exotique envahissante » ; cette espèce constituant une menace pour la faune locale. L’espèce aurait ainsi doublé son aire de répartition mondiale en 50 ans. Ecozonia offre à certains de ces individus un espace de vie sécurisé alors que les refuges en Russie sont complets.
♦ Des espèces sibériennes qui s’adaptent au climat méditerranéen
Parmi les questions qui peuvent également se poser : l’adaptation de ces animaux habitués au climat rude et continental de la Russie. Si, en Sibérie, il fait de -20 à +30, le thermomètre peut grimper bien au-delà des 30 degrés dans les Pyrénées-Orientales. Selon Marie Lebourg, « les mammifères ou les oiseaux adaptent leur fourrure ou leur plumage. De plus, la zone est située sous un couvert ombragé et nous avons sur la zone beaucoup de vent qui fait baisser la température ».
Pour Marie Lebourg, « pour ces espèces ce qu’il faut absolument éviter, c’est l’humidité. Mais pour la chaleur, il n’y a pas de soucis ; ils s’adaptent bien. Il pourrait faire plus chaud que ça ne les gênerait pas. En fait, ils vont juste adapter leur rythme d’activité, et notamment les tigres. Plus il va faire chaud, et moins ils vont être actifs, ils vont se mettre à l’ombre et moins se déplacer dans leur environnement ».
*UICN : Union internationale pour la conservation de la nature
// Autour de la biodiversité :
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