Article mis à jour le 26 août 2022 à 18:22
À l’occasion de la journée nationale du don d’organes, Christine R, Nathalie, Christine J et Sylvie, infirmières coordinatrices de prélèvements d’organes et de tissus à l’hôpital de Perpignan ont proposé de nous rencontrer. Point sur la situation du don d’organes et de tissus, continuité des dons durant le Covid-19, l’équipe médicale a rappelé que 19 donneurs perpignanais ont permis de réaliser 60 greffes d’organes en 2019 ; sans oublier les 180 greffes de tissus (cornée, peau…). Au plan national, 25.000 personnes sont en attente de recevoir un organe et seules 6.000 greffes sont réalisées par an.
♦ « Tous donneurs d’organes et de tissus »
Principe du « consentement présumé » : en France, la loi indique que nous sommes tous donneurs d’organes et de tissus ; sauf si nous avons exprimé de notre vivant notre refus de donner (soit en informant ses proches, soit en s’inscrivant sur le registre national des refus).
« Les modalités d’expression du refus se sont renforcées depuis 2017 », nous précise Christine R, infirmière coordinatrice depuis 5 ans. « Si vous êtes opposés au don, vous pouvez vous inscrire sur un registre national du refus. Il est aussi possible de le dire à une personne de confiance ou encore de l’écrire » ; Christine de rappeler la possibilité de s’opposer au prélèvement d’un organe en particulier (le cœur, la cornée…) depuis cette date, tout en restant donneur pour les autres organes ou tissus.
♦ « Il y a 10 ans, les gens connaissaient le principe du don d’organe, mais ne savaient pas comment cela fonctionnait »
Pour Nathalie, coordinatrice depuis plus de 10 ans, grâce à la médiatisation, les interventions en milieu scolaire, le sujet est désormais abordé en famille. « Un bon moyen pour connaître les volontés du défunt. Les familles savent dire quand il y a un refus, que c’était le défunt qui s’y opposait. L’information et la sensibilisation ont permis que le sujet soit plus connu. »
♦ À l’hôpital de Perpignan, un arbre symbolise le don de vie
Réalisé par des étudiants en ferronnerie du Lycée Charles Blanc de Perpignan, cet arbre en fer forgé symbolise la continuité entre les donneurs et les receveurs.
Accolé sur les vitres du lieu de mémoire, un message accueille cet arbre de vie ; précisant que sa conception a duré 4 ans. L’arbre, qui mesure près de 3 mètres de haut et pèse une demi tonne, permet à chaque visiteur de l’hôpital d’admirer ce symbole en hommage à tous les donneurs.
« En Espagne ou au Portugal, le donneur est élevé au rang de héros. À l’hôpital, nous avons ce bel arbre de vie pour symboliser le lien tissé entre donneur et receveur. Mais en Espagne, j’ai vu des monuments érigés en hommage aux donneurs dans les rues ». Nathalie regrette un peu que ce ne soit pas le cas en France. « Je trouve que c’est une belle chose qu’il faudrait plus mettre en avant ».
♦ Le difficile moment de la décision du don
En France, 30% des donneurs potentiels ou leurs proches s’opposent au prélèvement. Pour Sylvie, infirmière en réanimation et coordinatrice depuis 13 ans, c’est un moment très difficile pour les familles.
« Il ne faut pas culpabiliser ceux qui s’opposent au don. Il ne faut pas juger, nous sommes dans le respect de la volonté des personnes. C’est un moment très douloureux pour les familles ; et ce n’est pas notre rôle que de les enfoncer, ou de les accabler. Notre rôle, si le défunt ne s’est pas exprimé sur le sujet est d’évoquer avec les proches, la vie de la personne, ce qu’elle aurait voulu ». Christine J de nous confier, que « de plus en plus, ce sont les familles qui abordent le don d’elles-mêmes ».
Selon sylvie, « souvent après que la décision soit prise, les familles nous disent merci. Ça peut les aider à faire le deuil. C’est un moment où les familles se remémorent leur proche, ses actions envers autrui ; et même s’il n’avait pas abordé le sujet, ils savent que c’est ce qu’il aurait voulu ». Sylvie de nous confier, avoir reçu une lettre de la famille d’un donneur, ancien professeur. Le courrier indiquait : « il a passé toute sa vie à transmettre ; et là il continue, ça a du sens ».
♦ Baisse des dons liés à l’âge des donneurs et des nouveaux donneurs potentiels
Pour expliquer le peu de greffes en France, Christine avance l’âge des donneurs de plus en plus élevé. Ce facteur limite la possibilité de certains dons (cœur, poumons…) et explique le petit nombre de mort encéphalique. En effet, sur les plus de 600.000 décès annuels en France, seuls 1% l’est de mort encéphalique.
Mais précise l’infirmière, il y a d’autres formes de dons ; le don de son vivant, de reins par exemple. Ou encore depuis peu, il est possible de décider, en même temps que l’on décide de mettre fin à son traitement de manière encadrée, de faire le choix du don d’organes de son vivant. Cette procédure est strictement suivie par une équipe médicale pluridisciplinaire et sera bientôt possible à Perpignan.
♦ Les dons d’organes à l’hôpital de Perpignan malgré le Covid-19
Durant la période de crise sanitaire, l’hôpital de Perpignan a pu maintenir son activité de prélèvement d’organes. L’équipe s’est scindée ; 2 infirmières sont allées prêter main-forte dans le service réanimation du Covid-19, quand 2 autres ont poursuivi la coordination du don d’organes.
« Nous avons pris en charge des donneurs ; des ruptures d’anévrismes, des accidents cérébraux. Nous avons pu faire perdurer notre mission. Nous avons pu faire 3 prélèvements, et grâce à la chaîne de solidarité, tant logistique que médicale, 3 patients ont pu être greffés ». Sylvie tient à rappeler que malgré la fermeture de l’aéroport, les équipes aéroportuaires ont mis tout en œuvre pour accueillir les équipes médicales chargées de recueillir les organes prélevés.
Car, il s’agit d’une course contre la montre ! L’équipe de coordination nous rappelle que, dès que le diagnostic définitif est posé, les organes se dégradent très vite. Il faut agir en moins de 48 heures pour que la greffe soit un succès.
♦ 180 greffes de cornée pratiquées à l’hôpital de Perpignan chaque année
Seules les greffes de tissus sont pratiquées Perpignan ; pour les greffes d’organes, seuls sont habilités les CHU (Centre Hospitalier Universitaire). Nathalie rappelle que Perpignan a une belle activité de don de tissus, cornée, épiderme, vaisseaux, os… « On n’en parle pas assez parce qu’on pense que c’est secondaire ; mais, dans certains cas, les tissus sauvent la vue, voire la vie ! Pour moi, ce ne sont pas des greffes secondaires, c’est notre quotidien ».
D’autant que les donneurs potentiels sont plus nombreux. En effet, le don de tissus est possible hors cas de mort encéphalique. Pour la cornée par exemple, le don est possible jusqu’à 90 ans. Selon Nathalie, « il est vrai que, dans ces générations, s’est rarement posée la question du don ; et les proches ne pensent pas pouvoir entrer dans cette démarche. Au final, ils y sont plutôt favorables ».
♦ Un ruban vert pour le don d’organes et de tissus
Le ruban vert symbolise le don d’organes et de tissus. Adopté le 22 juin 2019 par les associations en faveur du don d’organes en France, avec le soutien de l’Agence de la biomédecine, ce ruban marque l’engagement de ceux qui le portent envers cette cause. Il est aussi un signe de gratitude envers tous les donneurs d’organes et de tissus, et d’espoir pour les patients en attente de greffe.
♦ Vidéo réalisée par l’agence de biomedecine : « Don d’organes et de tissus, un lien qui nous unit tous »
Crédit photo – Stéphane Ferrer Yulianti
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