Article mis à jour le 28 août 2022 à 17:54
Combien d’entreprises sont considérées comme sensibles dans les Pyrénées-Orientales ? De la trésorerie des entreprises catalanes, au moral des chefs d’entreprise en passant par le surendettement des ménages modestes, la Banque de France dresse un bilan « post-crise » alors que s’amorce la reprise.
♦ Pyrénées-Orientales, 14% des entreprises fragilisées par la crise sanitaire
Sur les 190.000 bilans d’entreprises des Pyrénées-Orientales, étudiés par la Banque de France, 14% d’entreprises sont qualifiées de sensibles. C’est-à-dire qu’il y a une hausse de l’endettement ; et en même temps une baisse de la trésorerie. Aurore Markiewicz (Directrice Départementale Pyrénées Orientales de la Banque de France) précise que ce taux augmente considérablement dans le secteur des hôtels, cafés, restaurants ; avec 25% des entreprises sensibilisées par la crise. 19% sur les entreprises du secteur récréatif ou de l’enseignement.
Les comptes 2020 examinés présentent une hausse de l’endettement pour 61% des entreprises. Parallèlement, 73% des entreprises catalanes affichent une hausse de leur trésorerie ; hausse en partie liée aux prêts garantis par l’État souscrits durant la première phase de la pandémie. Quant au moral des chefs d’entreprises locaux, il s’affiche plutôt favorable avec 81% d’entre-deux qui déclarent des « perspectives d’activité 2021 favorable ».
♦ Un état de santé disparate des entreprises françaises
Le niveau d’activité des entreprises est revenu dans la plupart des secteurs à son niveau d’avant crise sanitaire. La plupart des entreprises ont appris à s’accommoder des contraintes sanitaires. Dès la fin 2021, la France devrait donc retrouver son niveau de PIB d’avant crise.
Mais certains secteurs peinent encore à redémarrer. Si le bâtiment et l’agroalimentaire ont retrouvé leur niveau d’avant mars 2020, l’aéronautique, la restauration et l’hébergement sont encore en deçà ; autour de 70 ou 80% par rapport au niveau de référence 100.
♦ Baisse du surendettement des ménages modestes des Pyrénées-Orientales
Concernant les dossiers de surendettement, on s’attendait à un rebond du nombre de ménages en situation difficile par rapport à 2019. Alors que globalement, le nombre de dossier a baissé de 15% au niveau national et 12% dans les Pyrénées-Orientales.
« Nos guichets sont toujours restés ouverts, on craignait des files d’attente à la sortie des confinements, mais non, ça a été plutôt calme. »
Parmi les raisons de cette baisse du surendettement, Aurore Markiewicz évoque une moindre consommation durant les confinements. Mais aussi et surtout les minima sociaux qui ont continué à être versés.
Pour rappel, en 2019, la moyenne nationale des dossiers déposés aux secrétariats des commissions de surendettement s’élevait à 268 pour 100.000 habitants. Quand les Pyrénées-Orientales avaient un taux de dossiers supérieur de 18% (317 dossiers pour 100.000 habitants).
« En deux ans, les ménages des Pyrénées-Orientales ont économisé 1,2 milliard. »
La directrice départementale de la Banque de France indique qu’à l’image de la situation nationale, les ménages des Pyrénées-Orientales ont augmenté leur épargne. Fin août 2021, les dépôts bancaires des particuliers représentent 66% des 13 Milliards d’euros déposés dans les banques du département.
♦ Les perspectives de reprise économiques et les freins à la reprise
Elle est beaucoup plus forte et plus rapide qu’attendu. La Banque de France estime la prévision de croissance pour 2021 à 6,3 %. Au mois de juin, la prévision de croissance s’affichait à 5, voire 5,1%.
Mais, Aurore Markiewicz évoque 2 bémols aux perspectives de croissance ; le manque de matière première et de main-d’œuvre qualifiée.
« Prenons l’exemple de l’automobile qui est très impacté par la pénurie de semi-conducteurs. Mais il y a aussi des difficultés d’approvisionnement des matériaux comme le bois ou les métaux. Au mois de mai, 44% des entreprises déclaraient constater des difficultés. Aujourd’hui, elles sont 60% dans le bâtiment et 50% dans l’industrie à être impactées par les difficultés d’approvisionnement ».
Pour ce qui est de la main-d’œuvre, 50% des entreprises françaises évoquent des difficultés de recrutement. Parmi les secteurs les plus impactés, l’hôtellerie-restauration ou le bâtiment ; y compris à l’échelon des Pyrénées-Orientales. Un paradoxe quand le dernier bilan de Pôle emploi affiche 36.600 demandeurs d’emploi dans les Pyrénées-Orientales au 2ème trimestre 2021. Un taux de chômeurs bien supérieur à la moyenne nationale.
Pour Aurore Markiewicz , il y a problème structurel de formation. « Les pouvoirs publics ont un challenge à relever. Celui de mettre les qualifications en rapport avec la demande des entreprises. Et ce n’est pas un problème de rémunération. Car, j’ai l’exemple d’une entreprise qui cherche un conducteur de matériel dans les vignes. La rémunération est de 3.000€ par mois ; et bien, il n’y a pas de candidats ».
« Les entreprises nous disent qu’elles constatent une hausse du chiffre d’affaires ; mais cela ne signifie pour autant une hausse des embauches ». En effet, selon Aurore Markiewicz , « les entreprises sont assez résilientes, mais quand elles ne parviennent pas à recruter, elles finissent par faire autrement ». Soit, elles refusent des chantiers, soit elles mécanisent leur production.
♦ La France par rapport à la zone Euro ?
Le choc de la pandémie a engendré un choc économique inédit en temps de paix. Le PIB de la zone euro a chuté de 6,7 % en 2020, avec un plongeon de 11,6 % sur le seul deuxième trimestre 2020. Selon les prévisions de l’Eurosystème de juin 2021, la zone euro retrouverait son niveau de PIB du quatrième trimestre 2019 lors du premier trimestre 2022.
En 2020, la baisse du PIB a été plus forte en France (-8,0%) que dans la zone euro ; mais moins prononcée qu’au Royaume-Uni (-9,8%). Après un choc plus fort aux deux premiers trimestres de l’année 2020, lors du premier confinement, notre pays a fortement rebondi à l’été. La France est à fin mars, avec l’Allemagne, le grand pays de la zone euro qui a le moins perdu depuis le début de la crise.
♦ Afin de répondre au besoin de confiance, la Banque de France se met « à l’écoute »
Dans sa lettre au pouvoir politique, le directeur de la Banque de France insiste sur la nécessité de « Renforcer la confiance du public ». Ce qui « requiert un dialogue régulier et une démarche pédagogique volontaire afin d’aider nos concitoyens à mieux comprendre les mécanismes de transmission de la politique monétaire.
Réciproquement, ces rencontres avec les Français enrichissent considérablement notre expertise des enjeux concrets remontés du terrain. De ce point de vue, ces échanges représentent un exercice stratégique de partage bien au-delà d’opérations de communication ponctuelles ».
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