Article mis à jour le 27 mai 2024 à 17:34
Le 16 mai 2024, veille de journée internationale contre l’homophobie, la transphobie et la biphobie, le Service statistique ministériel de la sécurité intérieure publiait le bilan annuel sur les infractions anti-LGBT+. Ces chiffres ont révélé une inquiétante augmentation des actes anti-LGBT+ en France pour l’année 2023. Qui est concerné ? Quelle est la nature de ces infractions ?
Le 17 mai, les associations se sont fortement mobilisées pour « une journée toujours d’actualité avec la recrudescence des violences et le recul des droits humains ». Mais aussi face à la haine en ligne avec toujours plus de commentaires LGBT-phobes déplore l’association LGBT+.
Une hausse constante des actes anti-LGBT
En 2023, les infractions à caractère anti-LGBT+ ont connu une hausse de 19% par rapport à l’année précédente, s’inscrivant dans une tendance à la hausse moins marquée qu’en 2021 (+28%), mais plus significative qu’en 2022 (+13%). Les contraventions pour de tels actes ont également vu une augmentation de 4%, rompant avec la baisse observée en 2022. « Depuis 2016, nous assistons à une augmentation moyenne de 10% par an des contraventions liées à des actes anti-LGBT+« , explique le rapport du Service statistique.
Qui sont les victimes et qui sont les auteurs d’acte anti-LGBT+ ?
Les hommes continuent de représenter la majorité des victimes, avec une proportion notable de jeunes de moins de 30 ans. Concernant les auteurs, les données de 2023 montrent une augmentation du nombre de jeunes mis en cause, notamment entre 15 et 19 ans. « Ces jeunes représentent 19% des auteurs, alors qu’ils ne constituent que 18% de la population. Cela souligne une problématique de comportements et de perception au sein de cette tranche d’âge, » conclut le rapport.
Les mis en cause pour crimes ou délits anti-LGBT+ sont à 82% des hommes, le plus souvent pour des violences physiques non sexuelles. Les femmes mises en cause, le sont à 51% pour des faits de diffamations alors que ce type d’infractions représente 36% des faits commis par des mis en cause de sexe masculin.
En somme, l’augmentation des actes anti-LGBT+ en 2023 reflète des dynamiques sociales complexes et des efforts accrus des autorités pour encourager le signalement et la poursuite de ces infractions. Cependant, les défis demeurent considérables dans la lutte contre l’homophobie et la transphobie, nécessitant une mobilisation continue de toutes les parties concernées.
Une augmentation en chiffres, mais pas en faits ?
Après une hausse de 3% en 2022, les infractions anti-LGBT+ enregistrées par les services de police et de gendarmerie ont augmenté de 13% en 2023. 4 560 infractions ont été enregistrées, 2 870 crimes ou délits anti-LGBT et 1 690 contraventions.
Cette montée pourrait être attribuée à une libération de la parole et à des mesures récentes pour améliorer le traitement des victimes. En mai 2023, des directives renforcées du ministère de l’Intérieur ont été mises en place pour lutter plus efficacement contre les LGBTphobies.
« La formation accrue des agents et la meilleure qualification juridique des actes subis ont pu encourager davantage de victimes à porter plainte, » précise un responsable du ministère.
Une majorité de diffamations et d’injures
Les diffamations et injures ont constitué 34% des crimes et délits anti-LGBT+ en 2023. « Les menaces et les atteintes physiques non sexuelles représentent respectivement 19% et 8% des cas, les atteintes aux biens 6%, tandis que le harcèlement et les discriminations complètent le tableau, » rapporte le service statistique. Sur le plan des contraventions, les injures demeurent prédominantes, représentant 94% des infractions enregistrées.
Quelle géographie pour les actes anti-LGBT+ ?
La concentration des infractions est nettement plus élevée dans les grandes agglomérations et particulièrement à Paris. « 54% des actes anti-LGBT+ sont commis dans l’agglomération parisienne et les grandes villes, où la densité de population et la visibilité de ces communautés sont plus grandes, » note l’étude. En comparaison, les zones rurales affichent un taux nettement inférieur, avec 3,6 infractions pour 100 000 habitants.
Des actes commis dans l’espace public et en ligne
En France, les espaces publics constituent le théâtre principal des crimes ou délits à caractère anti-LGBT+, représentant 28% des cas enregistrés. Ces actes se déroulent également dans un cadre résidentiel pour 19% des incidents recensés. Les établissements scolaires ne sont pas épargnés, avec 8% des infractions signalées. Par ailleurs, il est à noter que 15% des infractions ne précisent pas le lieu de commission.
Le numérique, quant à lui, est également un vecteur de ces infractions, impliqué dans 9% des cas. Parmi ces délits numériques, la grande majorité (92%) cible directement les personnes. Les atteintes aux biens, bien que moins fréquentes, représentent 5% des incidents, tandis que les troubles à l’ordre public constituent 3% des infractions. Ces données soulignent l’importance d’une vigilance accrue tant dans les espaces physiques que virtuels pour combattre l’homophobie et la transphobie.
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