Quel portrait dresser de la jeunesse française d’aujourd’hui ? La génération Z est-elle en rupture avec les précédentes ? Olivier Galland et Marc Lazar ont mené l’enquête auprès de 8.000 jeunes de 18 à 24 ans pour connaître leurs difficultés au quotidien, les effets de la crise du Covid-19 ainsi que leurs orientations sociétales et politiques.
♦ Une génération heureuse mais marquée par la crise sanitaire
Comme évoqué dans un précédent article, pour de très nombreux Français, même les plus âgés, les difficultés sociales rencontrées par les jeunes aujourd’hui sont plus importantes que pour les générations précédentes. Pourtant, d’après une récente enquête de l’Institut Montaigne, et malgré les conséquences de la crise sanitaire (impact psychologique négatif important chez les élèves et les étudiants), les jeunes se disent globalement heureux.
La jeunesse française exprime davantage que les générations précédentes la volonté de choisir un travail par passion et non pour des raisons pécuniaires. Cependant, ce désir est plus présent chez les jeunes issus de familles à haut capital culturel. Par ailleurs, les jeunes semblent moins attachés à leur ancrage local que leurs aînés. Ils sont nombreux à exprimer un désir de mobilité géographique. 21% d’entre eux souhaitent même résider à l’étranger.
Infographies © Institut Montaigne 2022
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♦ L’importance du rôle de la femme
De nos jours, les femmes veulent jouer un rôle important dans l’évolution de la société. Plus que celles des générations précédentes, les jeunes femmes participent grandement à l’évolution des attitudes sociopolitiques ; en particulier sur les questions de genre ou d’écologie. Au sein de la jeunesse française, les femmes montrent un goût plus prononcé pour la protestation que les hommes, tout en respectant le cadre démocratique. Les attitudes et les comportement entre les deux sexes divergent de façon notable.
Les jeunes femmes se sentent aussi plus concernées par les questions sociétales que leurs homologues masculins. Pourtant, elles sont moins nombreuses à s’engager au sein des associations et sur le plan politique. Sans doute car ces formes d’engagement ne leur conviennent pas suffisamment.
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♦ 4 profils de jeunesse se dégagent de l’étude Institut Montaigne
La jeunesse française est loin d’être homogène. Elle se compose de 4 profils de jeunes :
– 39% de démocrates protestataires : des jeunes intéressés par les questions sociétales qui restent attachés au modèle démocratique ;
– 22% de révoltés : des jeunes qui voudraient un changement radical et qui se disent prêts à justifier la violence politique pour y parvenir ;
– 26% de désengagés : des jeunes qui éprouvent un désintérêt total pour les questions politiques et sociétales ;
– 13% d’intégrés transgressifs : des jeunes séduits par une culture transgressive et qui se montrent tolérants face aux comportements violents et déviants.
♦ Un engagement social et politique différent selon le capital culturel et la religion
L’inégalité culturelle par rapport à l’engagement et à la participation à la vie sociale et politique est manifeste selon l’Institut Montagne. Les jeunes à fort capital culturel hérité s’engagent dans la vie sociale et politique sous diverses formes tandis que les jeunes ayant un faible capital culturel auront plutôt tendance à s’éloigner de la vie politique voire à s’en désengager totalement.
L’origine nationale et la religion différencient la jeunesse française. Selon cette étude, les jeunes d’origine étrangère, et encore plus ceux de confession musulmane sont très largement convaincus que la France est raciste par nature. Ce sentiment peut avoir pour conséquence de nourrir leur envie de justifier la violence politique. Ces jeunes sont aussi plus nombreux à vivre dans les départements où le taux de délinquance est significativement plus élevé. Un facteur susceptible de favoriser leur appartenance à une culture transgressive.
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