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Hôpital de Perpignan : Qui sont ces femmes qui redonnent le sourire aux enfants ?

Hôpital de Perpignan : Qui sont ces femmes qui redonnent le sourire aux enfants ?

Article mis à jour le 23 avril 2024 à 08:53

Leur mission ? Redonner le sourire aux enfants hospitalisés. Dans les Pyrénées-Orientales, l’association des Blouses Roses fêtera ses 20 ans en 2025. Focus sur l’engagement de cette majorité de femmes qui intervient au service pédiatrique de l’hôpital de Perpignan.

Pascale, Isabelle, Gigi, Marie ou Bernadette, sont des incontournables du milieu hospitalier. Aujourd’hui, les Blouses Roses comptent 60 bénévoles à Perpignan. Si en France, les femmes représentent près de 59% des bénévoles, tout secteur associatif confondu, aux Blouses Roses, elles sont 97%. « La majorité sont des femmes qui donnent énormément de leur personne en faveur de l’autre, petit ou grand », témoigne Michel Villacampa, président local de l’association. Les Blouses interviennent à l’hôpital du lundi au vendredi. En 2023, près de 2 581 enfants ont pu être accompagnés par ces bénévoles.

« Le but, c’est surtout de passer un moment avec les enfants » 

Des tout-petits aux ados, les Blouses Roses ont pour mission « d’égayer l’hôpital ». « Il y a des enfants en chimio, d’autres qui passent des IRM ou des tests pour le diabète… », énumère Bernadette, l’un des piliers de l’association. « Nous allons les voir, on leur donne un jeu ou une activité, mais le but, c’est surtout de passer un moment avec eux. » Lorsqu’un enfant est hospitalisé, c’est tout le noyau familial qui est impacté. Entre une Souris verte chantée en cœur pour Tim*, et une partie de Uno avec Antoine*, Pascale et Isabelle sont tout terrain.

Quelquefois, ce sont les parents qui ont besoin d’aide. « Très souvent, les parents sont perdus. Certains restent auprès de leur enfant 24 heures sur 24 et ne sortent pas. On leur propose de s’absenter quelques minutes pour souffler », raconte Bernadette. Comme ce soir de mars où la maman et la grand-mère de Tim descendent dans le hall, rassurées par la présence des bénévoles. Parfois, les infirmières glissent le mot aux Blouses Roses, « une fois, c’était un papa qui pleurait, il venait d’apprendre la mauvaise nouvelle… », se remémore la bénévole qui a épaulé le père de famille pendant ce moment douloureux.

Se confronter à la maladie peut être compliqué émotionnellement pour les Blouses Roses. La « blouse » devient alors une armure, qui permet aux bénévoles de rester dans leur rôle. Bernadette a suivi une petite fille au démarrage de sa chimio, à l’hôpital de jour. « Je l’ai connu avec ses beaux cheveux et quelque temps après, je l’ai vu sans. Chaque fois que je la voyais, j’étais heureuse. »

« Quand je vois ce petit sourire, je me dis que je n’ai pas perdu mon temps »

En pédiatrie, les équipes bénévoles sont souvent confrontées à l’inconnu, les Blouses Roses doivent donc intervenir deux par deux. « On ne sait jamais à l’avance qui sera hospitalisé ou s’il y aura un cas particulier. Nous faisons le tour des chambres, c’est notre quotidien. Nous privilégions les enfants seuls et qui sont demandeurs », souligne Bernadette. Les bénévoles établissent un lien de confiance avec les patients. « Nous avons pas mal d’ados en ce moment. Nous créons un lien quand on les voit revenir, malheureusement… On a envie de savoir pourquoi ils sont là et pourtant on se l’interdit. Mais quelque part, ça nous travaille quand même », confie-t-elle.

Si intervenir auprès des enfants malades peut s’avérer compliqué, Bernadette ne pourrait pas s’en passer. « Un enfant, il veut jouer, il ne parle pas de sa maladie. Quand je le vois sourire, je me dis que je n’ai pas perdu mon temps. On dit qu’il ne faut pas s’attacher, mais quand on a un cœur, c’est compliqué.»

Bernadette est l’ancienne trésorière de l’association. Elle avoue avoir intégré les Blouses Roses un peu par hasard. « Je fréquentais le milieu hospitalier car j’avais une amie qui avait sa fille paralysée. J’ai vu ce que faisaient les infirmières qui s’occupaient des enfants qui avaient une pathologie difficile. J’ai pris un enfant dans mes bras et j’ai eu un déclic, je me suis promis de m’occuper d’eux quand je serai à la retraite. »

Devenir Blouse Rose : un investissement conséquent

Depuis 14 ans, Pascale est bénévole au sein de l’association des Blouses Roses. Elle découvre cet univers à la sortie du film Oscar et la dame rose sur grand écran. « Je suis allée le voir au cinéma et dans la salle, j’ai rencontré toute une bande de Blouses Roses en tenue. Il y avait une ambiance d’enfer ! », sourit Pascale. « Le film présente la mission de la blouse au niveau national. Ça m’a fait écho », explique la bénévole.

Pendant plus de huit semaines, les nouvelles recrues suivent un parcours découverte en EPHAD et au service pédiatrique de l’hôpital. Pascale s’est occupée de ses grands-parents jusqu’à très tard. « Ils avaient plus de 97 ans, tous les deux. Je me suis dit que si j’allais dans les maisons de retraite, j’allais voir les mêmes personnes chaque semaine. J’avais peur de trop m’attacher. C’est très compliqué quand les personnes âgées partent… Je me suis donc orientée vers les enfants, car c’était plus la vie et l’avenir pour moi. »

Des moments privilégiés à l’hôpital de Perpignan

Faire partie des Blouses Roses demande un investissement conséquent. « Les enfants sont très en demande, ils savent que l’on va venir. Devenir bénévole, c’est s’engager au moins une fois par semaine. » Pascale intervient le mardi soir en pédiatrie. Un moment qu’elle qualifie de « privilégié » et auquel elle tient énormément.

Ce mardi 12 mars, les Blouses Roses intervenaient au service pédiatrique de l’hôpital de Perpignan. Après avoir fait un rapide débriefing de leur semaine, Marie, Isabelle, Gisèle et Pascale endossent leurs blouses comme un uniforme. « On attache nos cheveux, on retire nos bijoux, le protocole d’hygiène est très strict », explique Pascale. En groupe et tout en sourire, les bénévoles procèdent au nettoyage minutieux de leurs mains et avant-bras.

Petit panier rose à leur bras, Gisèle et Isabelle choisissent les jeux en fonction des enfants présents ce soir-là. Ainsi équipées, elles déambulent dans les couloirs de la pédiatrie recouverts de dessins aux couleurs vives. « Nous faisons le tour des chambres pour demander à chaque enfant ce qu’il veut et ce qu’il ne veut pas. » Si certains inscrits sur la liste sont déjà sortis de l’hôpital, d’autres attendent avec impatience ce moment suspendu avec les Blouses Roses. Durant cet instant de complicité, les yeux des enfants pétillent et les sourires des bénévoles se font plus larges. Les parents sont également très en demande, certains en profitent pour s’éclipser le temps d’un café.

« Certaines bénévoles sont ressorties bouleversées de leur intervention »

Parfois, les membres de l’association sont confrontés à des situations plus difficiles. Pour les aider à faire face, le comité met en place des formations obligatoires aux bénévoles. « Nous choisissons des ateliers qui peuvent nous intéresser. Dernièrement, nous avons proposé une formation sur la résilience suite à des cas extrêmes à l’hôpital. Certaines bénévoles sont ressorties bouleversées de leur intervention. Il a fallu que l’on mette en place des groupes de parole pour évacuer ce stress avec une psychologue », affirme Michel Villacampa.

Faire connaître l’association et récolter des dons

Les Blouses Roses sont aussi présentes les week-ends sur des animations, pour faire connaître l’association et récolter des dons de jouets. Le comité de Perpignan est complètement autonome dans sa gestion, sa trésorerie et son recrutement. « Nous avons plusieurs donateurs comme les deux magasins Carrefour, qui nous permettent de collecter du matériel auprès de leurs clients », explique Bernadette. Les Blouses Roses tiennent également une buvette dans la grande surface.

« C’est l’enseigne qui nous fournit toute la marchandise nécessaire. L’intégralité de la recette nous est ensuite reversée. » L’association Les Blouses Roses organisent aussi, en relation avec l’hôpital, des spectacles dédiés aux enfants « Nous invitons tous les enfants qui ont été hospitalisés et leurs proches. On convie également les infirmières et leur famille, c’est une forme de remerciements », poursuit Bernadette.

« L’amour que nous donnent les enfants, ça n’a pas de prix »

Après chaque intervention, les bénévoles des Blouses Roses débriefent. En 14 ans d’expérience, Pascale a connu trois cas très compliqués. « Mais c’est le plus souvent des moments de joie », assure-t-elle. « Je pense qu’être bénévole aux Blouses Roses cela m’a appris à écouter les autres, tant au niveau professionnel, qu’au niveau personnel. Il y a un lien très fort au sein du comité, cela me saute encore à la figure,14 ans après mon arrivée. Ce n’est pas exacerbé, c’est une belle empathie, très forte, cela m’apporte beaucoup. L’amour que nous donnent les enfants, cela n’a pas de prix. »

*Les prénoms ont été modifiés.

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Célia Lespinasse