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Initiative | Et si on coulait des épaves de bus au large de nos côtes roussillonnaises ?

Courtesy of the Department of Fisheries and Aquatic Resources.

Article mis à jour le 28 mai 2024 à 12:06

Cette nouvelle rubrique Ici comme ailleurs met en lumière des initiatives du monde entier ; avec cette particularité qu’elles font écho à des problématiques présentes sur notre territoire.

Pour ce nouvel article, direction le Sri Lanka où le gouvernement a récemment coulé des bus et des bateaux désaffectés sur des sites sélectionnés au large des côtes du pays pour servir de sites de reproduction aux poissons ; une histoire relatée par Malaka Rodrigo pour Mongabay.

Galle au Sri Lanka – Les autobus sont le mode de transport public le plus courant au Sri Lanka. Mais après des milliers de voyages et des millions de trajets effectués au cours de leur durée de vie, les bus sont mis hors service et envoyés à la casse ; un lieu où ils se dégradent et se corrodent sous l’effet des éléments.

Aujourd’hui, le gouvernement sri-lankais leur donne une seconde vie en les coulant dans l’océan pour qu’ils servent de sites de reproduction des poissons

Le département sri-lankais de la pêche et des ressources aquatiques (DFAR) a jusqu’à présent coulé des dizaines de bus sur trois sites ; et ce en collaboration avec d’autres agences gouvernementales. Il a installé les 20 premiers bus au large de Trinquemalay, sur la côte nord-est de l’île, en novembre de l’année dernière. Les bus ont été transportés sur un navire de la marine jusqu’à un emplacement situé à environ 5 kilomètres au large. La DFAR a choisi Galle, dans le sud du Sri Lanka, comme deuxième site. Elle y a déversé 25 bus ; puis 24 autres bus dans le troisième site, à Jaffna, dans le nord de l’île.

« Les résultats sont encourageants car les bus que nous avons déversés sur le premier site ont déjà attiré beaucoup de poissons », selon Susantha Kahawatta, directeur général du DFAR. Le Sri Lanka a un plateau continental étroit ; donc à part quelques récifs coralliens, il y a très peu de sites autour de l’île qui facilitent la reproduction des poissons. « Mais sachant que ces structures telles que des navires coulés deviennent des récifs coralliens artificiels au fil du temps, et donc des sites de reproduction des poissons, nous avons voulu essayer de fournir davantage de ces endroits autour du Sri Lanka » explique le directeur.

Les pêcheurs de la plage de Trinquemalay, Province de l’Est au Sri Lanka. © Pierre André Leclercq

De nouveaux sites de reproduction pour les poissons

La structure d’un habitacle de bus semble idéale pour que les poissons se développent ; tant à l’intérieur qu’autour. Selon Susantha Kahawatta, après un certain temps sur le fond marin, l’épave commence à accumuler des algues, des bernacles et des mollusques. Le DFAR s’attend à ce que des coraux à croissance rapide commencent bientôt à pousser sur ces structures. Le département a obtenu les bus pour un prix symbolique auprès du Sri Lanka Transport Board (SLTB) ; laquelle stocke des centaines de bus déclassés dans ses dépôts. « Si nous devions construire une structure de ce calibre, cela nous coûterait plus cher », ajoute Susantha Kahawatta.

Outre les bus, le DFAR a également coulé un certain nombre de bateaux de pêche déclassés ; et le département tente également d’obtenir des structures plus substantielles telles que des wagons de train pour le projet. Sur terre, ces structures en ruine sont une horreur et occupent un espace qui pourrait être utilisé à d’autres fins. Elles recueillent également l’eau de pluie et deviennent des sites de reproduction des moustiques, contribuant ainsi à la propagation de maladies comme le paludisme et la dengue. Leur enfouissement présente donc des avantages autres qu’écologiques, selon le directeur.

Des sites minutieusement sélectionnés

L’Agence nationale pour la recherche et le développement des ressources aquatiques (NARA) a sélectionné méthodiquement les sites pour ce projet ; recherchant des zones ayant une profondeur d’eau de 10 à 15 mètres. Elle a également tenu compte de la configuration des vagues dans la zone concernée, dixit Prasada Punyadeva, responsable de la division des technologies de pêche de la NARA. Précisant qu’il est important de choisir la bonne profondeur ; « car les sites doivent bénéficier d’un ensoleillement suffisant pour favoriser la croissance de la vie marine. »

Selon Terney Pradeep Kumara, directeur général de l’Autorité de protection de l’environnement marin (MEPA), son agence a préalablement vérifié que les bus et autres structures ne contenaient pas de polluants avant d’être coulés.

Egalement biologiste marin et ancien directeur du département des sciences et technologies marines de l’université de Ruhuna, M. Kumara d’ajouter qu’ils surveilleront les sites régulièrement et systématiquement pour évaluer le succès du programme.

Fort District – Galle au Sri Lanka © Adam Jones Kelowna Canada.

L’écologiste marin Arjan Rajasuriya salue l’intention du programme

Mais ce dernier a également déclaré qu’il serait préférable d’utiliser des structures métalliques spécialement construites pour la vie en mer, comme des navires ou des barges, car elles dureraient plus longtemps. L’écologiste marin de rappeler que des bus avaient déjà été jetés dans l’océan pour la reproduction des poissons. Ces bus avaient été endommagés lors des émeutes communales de 1983 ; et la NARA les avait coulés au large de Bambalapitiya à Colombo, sur la côte ouest de l’île. Lorsque Arjan Rajasuriya a plongé sur le site l’année suivante, seul le châssis des bus dépassait encore du sable. Pour finir, Arjan Rajasuriya met en garde le gouvernement quant à l’utilisation éventuelle de coques de bateaux en fibre de verre. Ces dernières pourraient ensuite se décomposer en microplastiques.

Des épaves qui s’accumulent au fond de l’eau

Le Sri Lanka se trouve sur une importante route commerciale maritime dans l’océan Indien et a accumulé au fil du temps de nombreuses épaves de navires de taille moyenne et grande dans ses eaux. Parmi celles-ci figure le premier porte-avions construit au monde, le HMS Hermes, qui a été coulé par des avions de guerre japonais en 1942. En 2018, la marine sri-lankaise a remonté l’épave d’un autre navire britannique, le SS Sagaing.

Également coulé par les Japonais en 1942, il la été déplacé de Trinquemalay vers un nouveau site depuis régulièrement surveillé par la marine pour voir comment les coraux et les autres formes de vie marine s’y sont développés. Selon Rasika Muthucumarana, de l’Unité d’archéologie maritime (MAU) du Fonds culturel central (CCF), une surveillance similaire devrait être appliquée pour vérifier l’évolution des bus coulés.

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Des galeries d’art sous-marines à la surpêche

Dans le cadre d’une autre initiative, la marine sri-lankaise a mis en place des « galeries d’art » sous-marines sur un certain nombre de sites à Trinquemalay, Galle et Nilwella, dans le sud du pays. Ces sites consistent principalement en des statues de ciment représentant différents personnages historiques ; statues également considérées comme des musées sous-marins par la marine. Elle espère que ces sites deviendront des attractions touristiques ; tout en favorisant la reproduction des poissons et la biodiversité marine.

Les océans du Sri Lanka ne manquent pas d’habitats naturels pour la reproduction des poissons. Mais nombre de ces habitats ont été perdus à cause de pratiques de pêche destructrices ; comme la pêche à l’explosif. Selon l’écologiste marin Arjan Rajasuriya, il est primordial de protéger ces habitats et de mettre également fin aux méthodes de pêche illégales et nuisibles. « Il est important de s’attaquer à la question de la surpêche à long terme pour favoriser la reconstitution des stocks de poissons au Sri Lanka ».

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“Cette histoire fait partie du programme SoJo Exchange du réseau Solutions Journalism Network, une organisation à but non lucratif qui se consacre à des reportages rigoureux sur les réponses aux problèmes sociaux”.

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