Article mis à jour le 17 mai 2021 à 05:57
L’insécurité dans les transports en commun est-elle uniquement une problématique afférente à Paris et sa proche banlieue ? Le drame de Bayonne et la mort de Philippe Monguillot témoigne du contraire. Âgé de 59 ans, ce conducteur de bus a été roué de coups par un jeune homme pendant son service en juillet 2020. Il succombera à ses blessures à la tête après avoir passé 5 jours dans le coma.
Administrativement, les Pyrénées-Orientales sont apparemment un havre de paix. Des habitants exemplaires ; jamais un mot plus haut que l’autre. Ni à l’encontre des chauffeurs scolaires, ni de ceux de Sankéo, ni même entre usagers des transports en commun. Pas un vol, pas une violence sexuelle dans les trains entre Cerbère et Salses-le-Château.
En atteste l’absence de réponse à nos mails ou appels. En responsabilité de la délégation des transports en commun, le grand paquebot de verre opacifié – pour ne pas dire opaque – de la Communauté Urbaine Perpignanaise reste sourd à nos questions ; comme à son habitude. Du côté des autres acteurs concernés par le sujet ? Entre message automatique, vacances et autres congés maladie, personne pour oser le moindre chiffre dans les Pyrénées-Orientales.
Comme le dit l’adage de saison, « Il vaut mieux avoir affaire à Dieu qu’à ses saints ». Nous avons donc interrogé le Service Statistique Ministériel de la Sécurité Intérieure (SSMSI). Le sentiment d’insécurité dans les transports en commun est-il une réalité chiffrée ? Quel est le profil des victimes ? Et celui des agresseurs ?
♦ Quelles disparités entre l’Île-de-France et le reste du territoire national ?
Il convient de rappeler en préambule que les profils des victimes ne peuvent pas être systématiquement vérifiés ; notamment leur âge ou leur nationalité. Certaines données doivent donc être interprétées avec précaution.
Une étude du 17 décembre 2020 du Service Statistique Ministériel de la Sécurité Intérieure a démontré que parmi l’ensemble des vols environ un cinquième se sont déroulés dans les transports en commun.
Entre 2018 et 2019, les vols avec violence sont restés relativement stables. En revanche, sur la même période, les vols sans violence ont connu une hausse de 16%. En France, les vols à la tire représentent la moitié des vols sans violence.
En 2019, 59 % des vols violents ont eu lieu dans les réseaux de surface en France, hors région Île de France. Ce chiffre n’est plus que de 16 % en Île-de-France.
♦ Femmes et hommes inégaux face à ces actes commis dans les transports en commun.
Parmi les victimes de vols sans violence, 56% sont des femmes ; mais elles sont 95% pour les violences sexuelles. Les femmes représentent 55% des victimes de vols et de violences dans les transports en commun. Mais il existe des différences selon la zone géographique : elles sont 59% en Île-de-France mais 47% sur le reste du territoire. Les hommes sont plus concernés par les coups et blessures volontaires (63%) ; aussi bien en région parisienne que dans le reste de la France.
Sur l’ensemble du territoire, 39% des victimes de vols ou de violences ont moins de 30 ans. Toutefois, ce taux diffère selon le type de délinquance. Les coups et blessures volontaires touchent pour 30% les 18-29 ans, et pour 33% les 30-44 ans. En revanche, en ce qui concerne les violences sexuelles, 50% des victimes ont entre 18 et 29 ans.
♦ Vol, violence sexuelle, … une disparité des agressions selon votre nationalité
Les personnes de nationalité étrangère subissent davantage de violences et de vols dans les transports en commun en Île-de-France (35%) que sur le reste du territoire (17%). Deux raisons peuvent expliquer cela : 14% de la population francilienne est de nationalité étrangère (contre 7% en France entière) ; et de nombreux touristes visitent cette région.
Parmi les victimes étrangères dans les transports en commun en Île-de-France, 10% sont de nationalité asiatique et 10% sont originaires de l’Union européenne. En revanche, 87% des victimes de violences sexuelles sont de nationalité française en Île-de-France ; 95% sur l’ensemble du territoire.
♦ La parole des femmes victimes de violences sexuelles se libère
En 2019, 2.100 victimes de violences sexuelles ont été enregistrées par les services de police et de gendarmerie dans les transports en commun ; ce qui ne représente que 4% de l’ensemble des violences sexuelles enregistrées en France. Le nombre d’enregistrement de victimes de violences sexuelles a augmenté de 13% dans les transports en commun – et de 12% dans tous les lieux confondus – en seulement un an. Ce chiffre ne signifie pas que les violences augmentent ; mais plutôt que la parole commence à se libérer depuis l’affaire Weinstein et le mouvement #MeToo. Les campagnes d’information semblent également aider les victimes à déposer plainte.
En 2015, un sondage mené auprès de 600 femmes en Île-de-France a démontré que 100% d’entre elles avaient déjà subi, au moins une fois, une agression sexuelle dans les transports en commun.
Exhibition, insultes, gestes vulgaires, sifflements ; les agressions sont diverses… Pourtant, rares sont les femmes qui osent dénoncer ces actes auprès des services de gendarmerie. Car, pour être au cœur de la réalité, il ne suffit pas de tenir compte du nombre des actes de délinquance enregistrés. Il faut également considérer les statistiques de victimation ; c’est-à-dire le fait de subir un acte de violence. Aujourd’hui, la délinquance enregistrée semble restreinte aux seules infractions connues.
♦ Le profil de l’agresseur ? Majoritairement, un homme de moins de 30 ans
En 2019, comme pour les deux années précédentes, 75% des mis en cause pour des faits de violences ou des vols dans les transports en commun étaient âgés de moins 30 ans ; et 43% avaient moins de 18 ans. Pourtant, seuls 49% des mis en cause avaient moins de 30 ans, et 18% étaient mineurs. La forte représentation des personnes identifiées comme mineures s’explique par l’existence de bandes organisées ; des réseaux bien organisés qui exploitent les mineurs.
- 63% des mis en cause dans les transports en commun sont des hommes mineurs ; et 66% des hommes de moins de 30 ans.
- Dans presque toutes les classes d’âge, les hommes représentent plus de 85% des mis en cause ; hormis pour la catégorie des moins de 13 ans où la proportion de femmes est de 54%.
♦ L’importance des bandes organisées étrangères
La nationalité du mis en cause ne peut pas constamment être vérifiée ; mais il apparaît que 37% des mis en cause dans les transports en commun sont identifiés comme de nationalité étrangère. En Île-de-France, cette proportion est bien plus importante puisqu’elle est de 75%. Ils sont plus souvent impliqués dans des vols sans violence avec un taux de 93% en Île-de-France, 64% en France, exceptée cette région. La forte représentation des mis en cause identifiés comme étrangers dans les transports en commun s’explique par la présence des bandes organisées.
Par conséquent, la part de mineurs étrangers mis en cause n’est pas négligeable. Les hommes de nationalité étrangère de moins de 18 ans représentent 46% de l’ensemble des hommes de nationalité étrangère mis en cause. Ce taux atteint 64% pour les femmes mineures de nationalité étrangère.
Aussi bien en 2018 qu’en 2019, le nombre de victimes de vols et de violences dans les transports en commun est plus important à Paris et dans la région parisienne. Une raison peut expliquer cela : cette région concentre 18% de la population nationale avec un fort passage, en plus des très nombreux visiteurs ; et possède également le plus large réseau de transport en commun en France. Le seul département de Paris a enregistré une hausse de 29% du nombre de violences entre 2018 et 2019 avec 76.170 victimes ; soit 34,8 victimes pour 1.000 habitants.
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