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Interview de Jean-Marc Pujol – De Perpignan la Catalane à Perpignan la Métropole

Article mis à jour le 26 août 2022 à 17:55

Rentrée « interviews » pour Made in Perpignan. Les acteurs majeurs de cette rentrée 2018 nous ont reçus pour livrer analyses, confidences, projets ou ressentis. Après Laurent Gauze, Fabrice Lorente, et Hermeline Malherbe, Jean-Marc Pujol, Maire de Perpignan et Président de Perpignan Méditerranée Métropole nous a ouvert les portes de son bureau. Au programme de cet entretien : la Métropole, la Mairie et le positionnement politique de Jean-Marc Pujol que nous avons aborderons dans un article dédié.

♦ La Métropole après l’Agglo… Pourquoi ? Pour quels effets ?

C’est en janvier 2016, que feu Perpignan Méditerranée Communauté d’Agglomération (PMCA) est devenue Perpignan Méditerranée Métropole. Pour Jean-Marc Pujol, un des aspects de la transformation en Métropole était « l’assurance de conserver les financements » dans une « une situation financière très dégradée ». En effet, la transformation d’agglomération en Métropole a permis de conserver la Dotation Globale de Fonctionnement (DGF) au même niveau. Sans cette évolution, l’enveloppe de l’Etat aurait été diminuée de manière plus forte. Malgré cela, la dotation au fonctionnement a baissé : 35,91 M€ en 2017 contre 36,48 M€ en 2016 et 38,58 en 2015. Dans le même temps, l’impôt passait lui de 96,7 M€ en 2015 à 109,61M€ en 2017. Une hausse que Jean-Marc Pujol justifie : « par la situation financière de l’agglo qui était désastreuse ». Une hausse « malgré tous les efforts faits avec les services ». Le Président de PMM d’ajouter « malgré cela, nous nous trouvons en dessous du taux moyen des taxes foncières des Métropoles de France ». 

Quant au volet taxe d’habitation, sa suppression progressive voulue par Emmanuel Macron n’inquiète pas Jean-Marc Pujol. « Les conséquences de la suppression de la taxe d’habitation sur Perpignan seront faibles, compte tenu de la difficulté économique d’une partie de la population. Environ 56% ne paye pas cet impôt local. Rappelant également qu’il n’avait pas touché au taux municipal d’imposition sur le foncier bâti depuis 8 ans.

Le second volet du passage en Métropole pour son président est sa « vision de territoire. Nous sommes sur un territoire trop petit et nous devons être capables, tout de suite, d’élargir le territoire ». Dans un département de 460 000 personnes, avec une collectivité qui pèse environ 300 000 habitants, le président de PMM prône « une collectivité unique, pour un élargissement au delà des 36 communes déjà dans PMM ». Un élargissement qui permettrait d’avoir un « territoire puissant et qui pèse » dans les négociations avec la Région par exemple. Une collectivité à l’image de celle du Pays Basque Français qui regroupe 158 communes en une seule et même entité.

Pour ce qui est de l’élargissement, cela suppose un débat lors des élections municipales, et donc en 2020. La structure juridique serait déjà prête pour s’agrandir à de nouvelles communes désireuses de l’intégrer. Des communes qui pourraient bénéficier de l’accompagnement financier de PMM. « Aujourd’hui, il y a des investissements qui sont tellement importants… On peut considérer que des communes littorales ont une situation financière qui leur permet de rester en dehors de PMM. Mais si vous êtes à Banyuls ou Port-Vendres, c’est déjà un problème ». Jean-Marc Pujol prend l’exemple des moyens considérables pour la construction du 3ème quai de Port Vendres. « Demain, je peux aider à faire un port, on y travaille d’ailleurs avec le maire du Barcarès. Sans la puissance financière de PMM, il ne pourrait pas le faire ».

♦ Quid du développement économique ?

Selon le site Vie-Publique.FR, les Métropoles « exercent de plein droit des compétences renforcées, en lieu et place des communes membres ». Des compétences dans les domaines suivants : « développement et aménagement économique, social et culturel ; aménagement de l’espace métropolitain ; politique locale de l’habitat ; politique de la ville ; gestion des services d’intérêt collectif ; protection et mise en valeur de l’environnement et de politique du cadre de vie ».

Questionné sur le développement économique de notre département, lanterne rouge du chômage et de la pauvreté, et malgré tout attirant, Jean-Marc Pujol déclare : « D’abord, il ne faut pas être prétentieux, si quelqu’un avait la leçon infaillible pour le développement économique, qu’il me la donne et je l’appliquerai ! J’entends beaucoup de YAKA, FAUKON, mais je vais être clair, sur ma seule compétence économique, celle des terrains économiques. Nous sommes aujourd’hui sur des ventes de terrains considérables, ce qui créé de l’activité économique. Il n’y a que cela que je peux faire. Sauf que moi, je peux répondre immédiatement à un opérateur. J’ai aujourd’hui des sociétés qui commencent les travaux au pôle nautique ou sur la zone de Torremila. Un président de Métropole peut-être un facilitateur, et un opérateur qui veut me rencontrer, c’est dans les 48 heures que ça se fait ! ». Jean-Marc Pujol d’insister, « nous allons dépasser les 2 M€ de vente de terrains ! ».
Agacé, il déclare :  « Mais personne ne sait que Lamberton* s’est installé. Personne ne sait que le pôle nautique est en train d’exploser. Car chez nous, on préfère la caricature plutôt qu’un véritable investissement. Sauf que moi, j’ai les comptes et ma copie est très claire en matière d’économie ! »

♦ Jean-Marc Pujol, Maire de Perpignan, le centre-ville, Saint-Jacques ?

Comme pour la métropole, Jean-Marc Pujol entend faire de la Mairie une facilitatrice : « Parce que si nous avons une mairie fermée, qui dit toujours non, ou qui arrête tout parce qu’il y a une pétition ou un peu de bruit, alors on ne fait plus rien. Aujourd’hui, le cœur de ville fonctionne ». Concédant néanmoins « une faiblesse sur la rue des Augustins et la rue de la Fusterie ». Une grande majorité de rideaux tirés, voire des commerces abandonnés frappent le chaland dans ces rues qui prolongent la rue Foch.
Pour le Maire, le vrai sujet est celui des propriétaires qui appliquent des loyers exorbitants. Jean-Marc Pujol, confiant : « J’ai pris le taureau par les cornes. J’ai préparé une déclaration d’utilité publique pour racheter des locaux et les remettre à disposition à des loyers modiques ». Il estime également que l’université de droit en centre-ville, qui sera achevée en 2020 « va changer complètement le cœur de ville ». 

Pour le premier magistrat, qui semble de plus en plus déterminé à se relancer dans la bataille des municipales, « l’action de la mairie est une action de facilitation et ensuite de promotion ». Selon Jean-Marc Pujol, le musée Rigaud « identifie un cœur de ville culturel » et l’ouverture de tout le patrimoine perpignanais est également un axe de développement important pour le centre-ville.

Le quartier Saint-Jacques qui fut au cœur du feuilleton de l’été suite au blocage par une partie de la population de la démolition d’un ilôt de maisons, est depuis le 31 juillet l’objet d’attention de tous les politiques. « Sur Saint-Jacques, j’ai une proposition validée par l’ANRU**. Il s’agit de ramener 100M€ d’investissements sur le quartier, dont 40M€ financées par l’Etat, 30M€ par la ville et 30M€ par l’Office des HLM de la métropole. C’est une chance unique qui ne se reproduira pas, et les habitants sont convaincus ». Jean-Marc Pujol, déplore « une manipulation politique au détriment de la population ». Relire notre article sur le sujet.
Pour le maire, « prétendre que l’on peut réhabiliter les bâtiments de Saint-Jacques est un mensonge ! Ce n’est pas moi qui ai fait en sorte que 40% des logements soient vacants […] Les propriétaires n’ont pas les moyens, ce serait mentir que de dire que l’on va demander à la population de Saint-Jacques de réhabiliter ses biens alors 90% d’entre eux ne sont pas imposables. Ce sont des mensonges, il n’y a que l’action publique qui peut répondre, et je suis porteur de l’action publique ». 

♦ Bilan à 18 mois des élections de 2020 ?

Alors qu’ils sont déjà nombreux sur les starting-blocks pour s’asseoir dans le fauteuil de maire, Jean-Marc Pujol ménage ses effets… Se présentera-t-il ? Ne se présentera-t-il pas ? Il nous a apporté un début de réponse que nous développerons dans un second article. Mais il tient à rappeler son bilan « sans vouloir paraître prétentieux ». Un auto-satisfecit fait dire à Jean Marc Pujol :

« J’ai pris des engagements pendant la campagne électorale et aujourd’hui ils sont tous ou finis ou en cours » : Un des engagement les plus importants était de maintenir le palais de justice en centre-ville […] Je m’étais engagé à refaire la totalité de l’avenue Joffre et Torcatis, c’est fait. Je m’étais engagé à augmenter la Police Municipale. Quand je suis arrivé aux affaires, ils étaient 70 et avant la fin du mandat, ils seront 160. Nous sommes dans une ville sûre« . Pas comme la ville de Grenoble, qualifiée de « ville perdue » pour un quotidien national cité par Jean-Marc Pujol. Concédant tout de même quelques points difficiles, et martelant : « il n’y a pas de zones de non-droit, des quartiers ou la police ne rentre plus, et c’est l’une des rares villes de plus de 100 000 habitants dans ce cas ».

*La société Lamberton, spécialisée dans le domaine de la voirie et les canalisations créée en 1979 compte 7 agences et une cinquantaine de salariés, repartis sur le sud de la France. En Mai 2017, la dernière de ses antennes s’est implantée, avec ses 4 employés, sur la zone de Torremila.

**ANRU : Association Nationale de Rénovation Urbaine

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