Article mis à jour le 20 octobre 2021 à 20:39
J’ai 18 ans et je suis en terminale au Lycée Maillol de Perpignan. Je me souviens au collège quand je traversais la cour, VOUS me regardiez avec un air de dégoût avec vos voix basses à n’en plus finir. Parlons de la cantine, TU te rappelles quand il y avait les frites, TU me disais « Eh Ambre ne mange pas tout tu es déjà assez grosse comme ça » ! TU te souviens aussi aux anniversaires ? J’étais celle qu’on invitait en dernière, que l’on prenait en dernière dans les équipes, j’étais toujours la dernière….
Quand j’y repense, cela me fait sourire. Mais à cette époque, j’étais une personne sur laquelle on pouvait se défouler, avoir du pouvoir sur elle, « un petit mouton ».
Hormis l’école, ce sont les regards insistants sur mon poids, sur mon corps qui ont été les plus douloureux. Ceux dans les boutiques de vêtements. Quand la vendeuse vient vous voir et que vous lui demandez une taille 42-44. Elle vous regarde, elle lève les yeux et dit : « Désolée nous n’en avons pas ». C’est là que j’ai envie de crier haut et fort « Une taille 44, c’est pas si compliqué non ?!«
♦ Des pointes de la danse aux crampons de rugby
Si je vous dis que je suis passée de 10 ans de danse classique, avec toute la panoplie tutu, collant, pointe et justaucorps, au rugby ? Ce sport m’a permis de mettre en avant mes défauts physiques, je pouvais être moi-même. Alors oui, là aussi, il y avait encore des regards, des messes basses ; mais cela m’a rendu plus forte !
Ma famille a toujours su me remonter le moral, me faire sourire et m’a permis de m’affirmer dans cette société où lorsque tu es différent tout change. Alors oui j’ai des bourrelets, des cuisses qui se touchent, un visage rond. Mais je respire, je pleure, je rigole, je suis en colère et je suis heureuse. Bref, je ressens les émotions comme tout le monde !
Alors je voudrais dire à la petite Ambre – celle qui était victime de discrimination par rapport à son physique – Je voudrais lui dire…
« De ne jamais abandonner, de toujours croire en elle, et de lever la tête. Tous les moments que tu vas passer seront inoubliables ! ».
♦ “Colonnes d’expression”, un projet de Made In Perpignan
Pour accompagner les jeunes dans leurs envies de se raconter et de témoigner des discriminations racistes, antisémites mais aussi anti-LGBT. Jeunes ruraux, urbains, étudiants, lycéens, travailleurs, chômeurs, riches, pauvres, engagés ou non… Ils ont tous quelque chose à raconter !
Régulièrement en 2021, nous publierons leurs témoignages (textes, images, stories) qui seront réalisés en atelier avec l’aide de nos journalistes. De quoi offrir un panorama original et vivant du quotidien de la jeunesse en France confrontée à ces discriminations. Ce projet a reçu le soutien de la DILCRAH pour 2021.
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