Article mis à jour le 5 décembre 2022 à 09:02
Les 20 et 27 juin, les 353.437 électeurs des Pyrénées-Orientales sont appelés à élire leurs conseillers départementaux et régionaux. Il s’agit d’un double scrutin ; c’est-à-dire qu’il faudra se prononcer 2 fois dans la même journée. Une première fois pour élire une des 9 listes pour l’élection Régionale. Et une seconde fois pour choisir – parmi les 96 binômes candidats (sur 17 cantons) – lesquels sont les plus à même de conduire la politique du Conseil départemental.
Dans ce direct, nous avons analysé quelques cantons où les enjeux sont à suivre avec grand intérêt. Même si sur les 17 cantons tout semble possible. L’entre-deux-tours de ce scrutin départemental peut s’avérer fort complexe à décrypter ; tant les alliances tacites par désistement de certains candidats pourraient dessiner une nouvelle entente entre la droite classique et l’extrême droite. Les 480 bureaux de vote du département seront ouverts de 8h à 18h.
Nos précédents articles :
– Connaître les 96 binômes des Pyrénées-Orientales
– Pour savoir à quoi servent les conseillers régionaux et départementaux, les modes de scrutins et les candidats.
– Retrouvez l’ensemble des programmes des 9 listes candidates aux élections régionales d’Occitanie sur le site du Ministère de l’intérieur.
♦ Les cantons perpignanais vont-ils bénéficier de la dynamique Aliot ?
Selon l’analyse de David Giband, Nicolas Lebourg, et Dominique Sistach, tous trois chercheurs, « les ressorts de l’élection d’Aliot en 2020 sont d’abord à chercher dans la conjonction de trois facteurs : une stratégie électorale payante de notabilisation d’un candidat « sans étiquette », investissant autant le centre droit que la droite de l’ordre ; l’indifférenciation du paysage politique local miné par un mercato politique permanent ; le poids du clientélisme ».
Ces facteurs seront-ils au rendez-vous des 6 cantons qui comptent une partie des élections sur les listes ? Rien n’est moins sûr. À commencer par la notablisation et la notoriété des candidats à la flamme RN.
Parmi les 6 binômes alignés sur ces cantons, aucun n’est aussi connu du grand public que ne l’était Louis Aliot. Certains comme Alain Cavalière et Katia Lucas Geoffroy (canton 7, Perpignan 2) ou encore Jacques Bartoli (canton 9 – Perpignan 4) bénéficient d’une certaine aura en tant que membre de la société civile. Le premier ayant été président du tribunal de commerce ; la seconde enseignante à l’université ; le 3e président d’une association d’entreprises. On peut également noter la présence de l’ancien directeur des douanes, Jean-Marie Dionet sur le canton 10 (Perpignan 5). Selon l’article du code électoral L195 alinéa 17, il serait inéligible. En cause son départ de la direction des douanes depuis moins d’une année à la date du scrutin.
Il n’en demeure pas moins que la marque FN/RN attire. En 2015, les binômes avaient tous franchi la barre du 1er tour sur les 6 cantons. Ils s’inclinaient en duel tantôt face à la droite (canton 6, 7 et 9) ou la gauche (canton 8, 10 et 11). La droite l’emportait aisément (de + de 1400 voix) sur le canton 7 (Perpignan-Bompas). Quand la victoire du binôme du canton 10 (Perpignan – Canohés) était très serrée (241 voix d’avance).
♦ Canton 1, les Aspres – Traditionnellement à gauche, Hermeline Malherbe espère une large victoire
L’homme fort du canton est le maire de Thuir, René Olive ; jusque-là conseiller départemental. Il a choisi de ne pas se représenter laissant la porte ouverte à un renouvellement politique. C’est donc son premier adjoint et la présidente sortante qui se présentent en binôme.
En 2015, au second tour, les électeurs du canton avaient le choix entre 3 binômes. Celui de René Olive, le binôme de droite et celui de l’extrême droite. Le binôme de gauche devançait le FN de 6 points et la droite de 8.
♦ Canton 4, la Salanque – Une maman-canard n’y retrouverait pas ses petits
Sur le canton, la mode est au sans étiquette. En effet, 2 des 5 binômes ont fait le choix volontaire ou malgré eux de n’être investi par aucun parti. La maire de Saint-Hippolyte conseillère départementale sortante Madeleine Garcia-Vidal (à gauche) est en binôme avec le maire de Claira, Marc Petit (encarté Les Républicains). Ce duo contre-intuitif a fait le choix de ne s’embarrasser d’aucune étiquette. Le second duo qui perturbe la lisibilité politique n’est autre que celui formé par le maire du Barcarès, membre historique des Républicains – mais qui ne serait plus membre du parti – et la première adjointe du maire de Claira ; celui-ci se présentant avec la maire de Saint-Hippolyte.
Vous suivez toujours ?
Ce n’est pas fini, le maire de Claira a pris ombrage de la candidature de Nathalie Denis, son adjointe et lui a retiré ses délégations. Mais le paroxysme est atteint quand le candidat Alain Ferrand est mis en garde à vue pour “extorsion en bande organisée, concussion et destruction de preuves ». Le maire du Barcarès, réélu sans difficulté en 2020 n’en est pas à ses premiers démêlés avec la justice. En 1999, il fut condamné pour abus de bien sociaux ; en 2001 pour fraude fiscale ; et en 2006 pour faux et usage de faux. Depuis sa sortie de prison, il est mis en examen et a l’interdiction de se rendre dans le département. Il votera donc par procuration.
Pour rappel, en 2017, ce sont les électeurs de ce canton qui ont élu Louis Aliot. Lors du second tour de l’élection départementale de 2015, les électeurs avaient le choix entre 3 binômes. La gauche l’emporte sur le Front National et la droite avec une courte avance. Ce sont 159 petites voix qui séparent le binôme gagnant du binôme RN. L’écart est plus significatif avec le 3e (799 voix). Avec la nouvelle configuration, bien malin qui pourrait faire un pronostic sur ce canton dont les résultats seront scrutés à la loupe.
♦ Canton 15 – Le transfuge de droite vers l’extrême droite verra-t-il sa stratégie couronnée de succès ?
Gilles Foxonet, maire de Baixas – qui a pointé avec la droite toute sa carrière – a pour ce scrutin choisi de franchir le pas du RN. En tout cas, il ne pourra pas compter sur sa propre voix. En effet, il vote sur la commune de Baixas qui ne compte pas parmi les 38 villes du canton. Face à lui, le binôme sortant est composé de Charles Chivilo, maire de Maury, et Lola Beuze. En 2015, c’est une triangulaire qui avait vu la victoire du binôme de gauche. Le gagnant emportait le canton avec un tout point d’avance sur le binôme de droite (224 voix). Le Front national avait plus de 1000 voix de retard.
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