Article mis à jour le 10 novembre 2023 à 11:25
C’est avec deux ans de retard que l’office de la langue catalane sera lancé. Doté d’un budget d’environ 500.000 euros, il a vocation à accompagner les défenseurs de la langue catalane et pourrait être symboliquement installé pour la Saint-Jean, le 23 juin. Pour Carole Delga et Hermeline Malherbe, respectivement présidentes de la région et du département, c’est bien « le gouvernement qui a ralenti » le projet. Pour Carole Delga, il s’agit aussi de compenser le nom de la région Occitanie-Pyrénées-Mediterranée, toujours contesté aujourd’hui par une partie des Catalans.
♦ Un office, pour quoi faire ?
Cet office a vocation à coordonner l’ensemble des acteurs, publics ou privés qui interviennent sur la langue ou la culture catalane. Mais aussi à définir des stratégies, d’inciter le monde politique, économique et social à rendre plus présente la langue catalane dans l’espace public.
Concrètement, il s’agit de proposer un programme culturel cohérent et complet, théâtre, culture orale et musicale, expositions photographiques, de soutenir la production d’œuvres culturelles en catalan… Mais aussi d’agir dans le cadre de l’apprentissage pour favoriser les vocations des enseignants du catalan. L’enjeu est aussi de valoriser la langue auprès des plus jeunes, en mettant en place par exemple des ateliers de découverte au sein des établissements scolaires du département.
Pour Hermeline Malherbe, l’objectif est aussi « d’ouvrir la langue à tous et non de rester dans l’entre-soi de quelques uns qui savent déjà parler catalan ». Pour la présidente du département qui, par ailleurs milite pour une transformation de la dénomination du département de Pyrénées-Orientales vers Pays Catalan, « tout l’intérêt aussi est de pouvoir, contrairement à la Bretagne, développer l’économie en tissant des liens avec la Catalogne sud ».
Carole Delga de rajouter : « Cela est très important, car nous sommes très attachés aux langues régionales, autant l’Occitan que le Catalan. Car dans cette région, nous sommes tous latins puis les deux cultures, l’occitane et la catalane, se sont développées »
♦ Pour la présidente socialiste de la région : « Le gouvernement centralisateur et le jacobinisme » favorisent « une négation des langues et cultures régionales »
Le lancement de cet office n’a pas été un long fleuve tranquille si l’on en croit la présidente de la région qui déjà en décembre 2018 dénonçait le deux poids deux mesures dans un courrier au Premier ministre Edouard Philippe. Un courrier dans lequel elle rappelait l’absence de réponse malgré plusieurs relances. Elle s’étonnait de ce silence quand l’État était déjà présent dans la préservation des langues régionales. Citant par exemple les 860.000€ de l’office de la langue basque ou les 152.000€ de la langue bretonne.
Carole Delga, interrogée sur les raisons de ce retard, confiait : « Je pense que ce gouvernement n’a pas une très grande écoute pour les langues et cultures régionales. On est dans un gouvernement très recentralisateur et le jacobinisme est une négation des langues et cultures régionales. Il faut parler vrai. Il a fallu peser de tout notre poids et ils ont compris que nous ne lâcherions pas ». Et de conclure, « Il faut aussi dire que le changement de gouvernement, n’a pas favorisé ». Pour rappel, c’est sous la précédente mandature de François Hollande que l’accord de participation avait été acté.
Aujourd’hui, l’État a enfin pris position confirmant son soutien financier de 100.000 euros à cette structure. Une somme calculée par les services de la région et proportionnelle au nombre de locuteurs potentiels et au nombre d’habitants du territoire. L’État sera représenté par le Préfet de Région, dans cette structure que la Présidente du département qualifie de « légère ». En effet, dans un premier temps, l’office comptera 3 salariés et sera basé sur le campus du moulin-à-vent de l’université de Perpignan.
♦ Carole Delga annonce « la fin des langues régionales en France » si la réforme des lycées passe en l’état
À l’occasion de l’annonce du lancement de l’Office public de la langue catalane, Carole Delga en a profité pour rappeler avec vigueur son opposition à la réforme du lycée et tout particulièrement à son volet sur l’apprentissage des langues régionales.
« Dans cette réforme, les langues et cultures régionales sont en concurrence avec les langues 2 et 3. Nos jeunes ont à choisir entre espagnol, anglais, allemand, ou catalan, occitan ou breton. Et c’est un vrai problème, car le traitement fait aux langues de l’antiquité n’est pas le même ! Le latin et le grec sont une option à part, et ne sont pas en concurrence avec la langue 2 ou 3. Nous sommes plusieurs présidents de région à être sur la même ligne ».
Carole Delga de conclure : « Quand je dis la République des territoires, ce n’est pas dans une volonté d’indépendance, mais bien dans la volonté de renforcer la République une et indivisible. Une dimension qui permet de développer, dans le cadre de la République française, une culture de l’ouverture et pas du repli sur soi ».
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