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Office Public de la Langue Catalane – Les cargols mijotent depuis 2016

Article mis à jour le 14 décembre 2021 à 13:49

Annoncé en 2016, il devait voir le jour en 2017. Or à ce jour, l’Office Public de la Langue Catalane ne semble pas vouloir pointer le bout de son nez. Où sont les blocages ? Selon Carole Delga, présidente de la région Occitanie-Pyrénées-Méditerranée, l’État traînerait des pieds pour confirmer son engagement initial de participation financière (100000€).

Le service communication nous confirmait ce jour que tout était prêt pour l’installation de l’Office. Seul manquait la création du Groupement d’Intérêt Public (GIP) qui rassemble les financeurs à savoir l’État, la région, la ville de Perpignan et le département. Ce GIP doit être signé par le préfet de Région. Contactée ce jour, la Préfecture de région, n’a pas répondu à nos sollicitations.

♦ Office Public de la Langue Catalane (OPLC)

L’OPLC pourrait bénéficier d’un budget annuel d’environ 800000€. À titre de comparaison, l’Office Public de la Langue Occitane, lancé en novembre 2015, bénéficie d’un budget annuel de 2,2 millions d’euros. Quand celui pour la langue basque compte sur un budget de 4 millions par an. Le siège de l’office est prévu au campus principal de l’université, dans les anciens bureaux de la fondation de l’université qui a déménagé dans le campus Mailly depuis la rentrée 2018.

Le rôle de l’office est de soutenir les associations qui travaillent dans le champ de la langue. Mais aussi de définir des stratégies, d’inciter le monde politique, économique et social à rendre plus présente la langue catalane dans l’espace public. Selon les acteurs de la langue catalane, le catalan a besoin d’un coup d’accélérateur.

♦ Carole Delga relance le Premier ministre

Dans un courrier adressé au Premier ministre, en décembre 2018, la présidente de Région Carole Delga, presse l’État de confirmer sa participation au budget de l’Office Public de la Langue Catalane (OPLC).

En 2016, la Région Occitanie avait lancé, aux côtés des acteurs locaux, une grande concertation sur le devenir de la langue et de la culture catalane. A l’issue de plusieurs mois d’échange avec les associations locales, les représentants territoriaux, les services de l’État et l’université de Perpignan, la volonté de créer de l’Office Public de la Langue Catalan était réelle.

« Entre septembre 2017 et février 2018, l’ensemble des partenaires locaux ont pris les délibérations nécessaires à la création du Groupement d’Intérêt Public. La convention constitutive de l’OPLC a ainsi été signée par l’ensemble des parties dans le courant du mois de mars 2018, puis transmise aux services de l’État en région » souligne Carole Delga dans son courrier.

En mai 2018, la présidente de Région décide de saisir les ministres de l’Éducation nationale et de la Culture afin que la participation financière de l’État dans le budget de l’OPLC lui soit confirmée.

Devant le silence de l’État, Carole Delga persiste : « Depuis plusieurs années, l’État est présent dans diverses structures ayant pour vocation la préservation et la diffusion d’une langue régionale (l’Office Public de la Langue Basque pour 860000€, de l’Office Public de la Langue Bretonne pour 152000€ et de l’Office Public de la Langue Occitanie pour 83000€). Dans notre Région, la culture catalane revêt une importance toute particulière, comme dans l’histoire de notre pays. L’attente est forte dans ce territoire d’une reconnaissance de l’Etat de la culture catalane. C’est pourquoi, ce travail de création de l’Office Public de la Langue Catalane a été mené ».

Et conclut : « Je m’adresse à vous pour que vous puissiez confirmer la participation de l’État au budget de fonctionnement de l’OPLC pour un montant de 100000€, à parité avec le Département des Pyrénées-Orientales, la Région Occitanie / Pyrénées-Méditerranée ». Courrier resté à ce jour sans réponse de la part des services d’Edouard Philippe.

♦ L’ancien député Jacques Cresta nous confiait « c’est toujours aussi difficile de faire avancer les choses quand il s’agit de langues régionales »

Interrogé en marge des vœux 2019 de Carole Delga, Jacques Cresta, co-signataire de la loi en faveur de la promotion des langues régionales votée en janvier 2017 par l’Assemblée nationale, nous confiait.

« Nous avons eu toutes les difficultés à faire passer cette loi, j’ai même été un frondeur sur ce coup-là ». Insistant à l’évocation du « sur place » concernant l’Office public de la langue catalane, « c’est toujours aussi difficile d’avancer les choses quand il s’agit de langues régionales. C’est quasiment offensant ! »

Pour rappel, l’ancien député socialiste de la 1ère  circonscription des Pyrénées-Orientales avait réussi à faire voter la loi permettant entre autres :

  • La reconnaissance de l’enseignement des langues régionales comme matière facultative, de la maternelle à la fin du secondaire.
  • Mais aussi, la généralisation de la signalétique plurilingue dans les services publics – à la demande de la région – y compris dans la communication institutionnelle.
  • La loi octroie également des compétences au Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA), en matière de promotion des langues et cultures régionales dans les médias.

♦ Une loi « langues régionales » contestée

Cette loi permet des avancées malgré l’adoption depuis 1992 de la charte européenne des langues régionales ou minoritaires. Ce texte a été signé par la France en 1999. Toutefois certains politiques ou chercheurs s’y opposent depuis.
Jean-Luc Laurent, député socialiste et président du Mouvement du Républicain et Citoyen (fondé par Jean-Pierre Chevènement) déclarait à ce propos : « Valoriser les identités régionales et recréer des groupes linguistiques autochtones est bien une mauvaise idée au moment où il faut réaffirmer le modèle républicain dont la grandeur et la difficulté reposent justement sur sa capacité à enjamber les identités particulières ». Source blog du HuffPost.

En 2014, sous le mandat de François Hollande, l’Assemblée nationale a adopté un amendement constitutionnel permettant la ratification de ce traité. Un amendement rejeté en 2015 par le Sénat majoritairement de droite.

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