Article mis à jour le 4 juin 2021 à 16:10
140 pages qui nous font voyager de l’Atlantique à Dublin en passant par la Méditerranée : le premier livre du perpignanais Damien Ribeiro, Les évanescents aux éditions du Rouergue. C’est un roman à la première personne. C’est l’aventure de Mickaël ; de ses années d’ado à celles de jeune trentenaire. L’auteur nous propose de l’accompagner dans la découverte de ses premières passions. Une quête identitaire, en soi.
Il y a les amis d’enfance, d’abord ; le graff, ensuite, avec la soif de territoire et l’envie de laisser sa marque ; puis viennent les filles ; enfin, il y a les interrogations de la vie, et dans la foulée, les choix inéluctables. Présentation : Les évanescents de Damien Ribeiro.
« Il s’appelle Dos Reis, patronyme exotique, goût d’huile ou de ciment, c’est selon. Ses parents ne parlaient pas français vingt ans auparavant mais ils viennent d’intégrer la classe moyenne et peuvent s’installer dans un lotissement où l’immobilier est accessible à des gens comme eux » ; peut-on lire en quatrième de couverture ».
Le personnage principal Mickaël Dos Reis est fils de portugais. « Il est le premier à suivre un cursus en français« , explique Damien Ribeiro. « Il va trouver dans la camaraderie qu’il va développer à l’occasion du graffiti, une façon de réaliser des aspirations artistiques, mais aussi une envie d’exprimer son regard sur le monde« .
Dans ses jeunes années passées sur la côte basque, Mickaël embrasse sa passion, et la vie qui en découle. Comme pour tout jeune de cet âge-là, c’est sa mode, et son monde. Son quotidien. Sa philosophie. Jusqu’à une prise de conscience. Un twist du personnage qui vient, avec plaisir, redynamiser les pages de Les évanescents.
♦ « À l’adolescence ça va se compliquer », explique l’auteur de Perpignan
Car Mickaël prend du recul, il se projette dans la prétendue bonne morale de la société. Et si, dans ces années 90 et début 2000, fallait-il craindre l’image que dégage le graffiti ? « Par crainte de ce que ça représente pour lui, de rester dans cette marge qu’est le graffiti, il va essayer de se normaliser« .
Mickaël lutte à sa façon. Il sacrifie et renonce. Alors s’en vient une introspection du personnage. Dieu n’est jamais loin. NTM et IAM non plus. Ainsi que les effluves de bombe de peinture. Tout comme le poids des origines. Mais advienne que pourra : le jeune Dos Reis avance au fil des âges et des rivages. Mickaël mise sur lui-même. Comme doivent le faire chaque jeune gens ; tout en réalisant que rien n’est tout noir ou tout blanc.
Un documentaire fictif à la première personne ; traitant notamment de la relation avec ses lieux de vie et ses passages : Bayonne, Canne, Narbonne, Dublin, Trás-os-Montes e Alto Douro, etc.
« On suit sa trajectoire. Alors qu’au début on a un personnage très net, défini et coloré ; plus ça va, et plus il a des contours flous, et moins on arrive a clairement le cerner ; se confie l’auteur. On est de plus en plus dans ses pensées. De moins en moins dans les faits. C’est ça l’évanescence. Il va non seulement nous échapper, mais il va lui-même faire disparaître ses aspirations ».
Même constat avec les amis d’enfance du protagoniste, qu’on continue de fréquenter dans les différents chapitres. Mais Damien Ribeiro le rappelle : « Mickaël est le premier des évanescents« .
♦ « Les Evanescents » une autobiographie ?
Après lecture de la biographie de l’auteur, on se demande à quel degré a-t-il puisé dans son expérience personnelle : « Damien Ribeiro est né à Bayonne où, à la fin des années 90, il s’est impliqué dans le mouvement hip-hop ; notamment dans le rap et le graffiti. Au début des années 2000 (…) il suit des études de droit ». Un premier roman au gros potentiel pour le jeune auteur perpignanais Damien Ribeiro. Les évanescents nous rappelle objectivement la cassure entre les fantasmes de vie d’un.e ado et certaines réalités de la vie en société.
On vous laisse apprécier ici les premières lignes de Les évanescents :
« Un livre de Mauriac à la couverture de cuir rouge, craquelée. Vincent Vicques, Paul Fontanié, Mathieu Laffontan, Jean-Benjamin Sorbier, Damienne Claverie, Simon Cattoire, Henri Laroche, Bénédicte Lafargue. Leurs noms semblaient s’échapper de l’ennui des pages cornées par l’humidité de ce roman que chacun possédait en édition précieusement reliée, sagement rangé dans la bibliothèque familiale, pour l’éternité. À leur âge – une dizaine d’années – les codes de la bourgeoisie bordelaise n’étaient pas encore une préoccupation ; ils ne disposaient pas du recul nécessaire pour prendre conscience d’eux-mêmes ni des signaux sociaux implicites rattachés à leurs noms« .
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